DIMITRI FROM PARIS

Paris, le 21 août 2002 - Le plus glamour des DJs français, Dimitri from Paris, est de retour avec un double album mixé*, After the Playboy Mansion, la suite de sa collaboration avec le célèbre magazine de charme Playboy. Interview.

Luxe, house et volupté…

Paris, le 21 août 2002 - Le plus glamour des DJs français, Dimitri from Paris, est de retour avec un double album mixé*, After the Playboy Mansion, la suite de sa collaboration avec le célèbre magazine de charme Playboy. Interview.

Qui plus que Dimitri from Paris représente une certaine image de la France à l’étranger ? Peu de producteurs électroniques français ont autant joué sur les clichés hexagonaux : luxe, charme et élégance. Yves Saint-Laurent l’avait d'ailleurs, choisi comme mannequin pour un de ses parfums. Depuis le succès de son premier album Sacrebleu, l’un des actes de naissance de la French Touch, Dimitri s’est fait discret côté production. Son agenda reste cependant l’un des plus chargés parmi les artistes français faisant de lui le DJ le plus prisé de la place de Paris. Après le succès du premier CD mixé A night at the playboy mansion vendu aux quatre coins de la planète à plus de 230.000 exemplaires et qui lui a rapporté un premier Disque d’or en Australie, l’ancien DJ de la radio FM NRJ nous convie à un after : l’After the playboy mansion, toujours peuplé de créatures de rêves se déhanchant sur sa sélection soul, house, jazz et disco. Rencontre parisienne.

Pourquoi deux CDs ?
L’idée était tout simplement de donner une suite au premier qui était une bande-son imaginaire d’une soirée à la Playboy Mansion (ndlr : villa mythique du fondateur de Playboy, Hugues Heffner). J’ai beaucoup pensé au film Boogie Nights pour l’ambiance disco. Je ne voulais pas reprendre le même concept et gagner encore plus d’argent. J’ai donc décidé de faire une suite chronologique. Après la soirée à la Playboy Mansion, il y a l’after. Chacun à sa propre vision de cette fête spéciale et tardive. Il y a l’after dans les clubs, celui chez les amis et enfin celui ou tu te retrouves avec la personne que tu as rencontrée dans la soirée. J’avais envie d’utiliser ce dernier choix pour faire un premier CD plus sexy, plus downtempo. Les gens ne connaissent pas ce genre de musique de moi mais j'en mixe souvent en warm-up, en début de soirée…

Pourtant, quand on invite Dimitri From Paris dans un club, c’est pour qu’il joue vers 3h00 du matin, l’heure de pointe des soirées ?
Justement depuis la sortie de cette compilation, je demande de plus en plus de pouvoir mixer dès le début. J’adore passer de la musique quand il n’y a pas personne en club et installer mon ambiance. Tu vois arriver les gens par grappe, c’est assez excitant. C’était donc mon idée de départ. Après avoir finalisé ma sélection, je me suis dit qu’il manquait quelque chose, qu’il n’était pas assez enjoué par rapport au premier volume. J’ai donc fait la suite de la suite : après avoir passer la nuit avec tes amis ou ta copine, t’as envie d’écouter du son plus pêchu, plus groove, plus clubby. C’est à ce moment là que commence le deuxième CD, An Uplifting Sélection, qu’on peut traduire par "sélection qui réveille". On a donc, au final, avec ces trois disques, une trilogie : la nuit à la Playboy Mansion, l’After et le Day-After. La boucle est bouclée. Il a fallu se battre pour imposer ce double CD mais pour moi, c’était la condition sine qua non pour le sortir. Playboy a été le prétexte pour défendre une musique que tu n’entends pas énormément en club. Et le fait d’avoir un joli lapin sur le disque m’a permis d’ouvrir de nombreuses portes et surtout de diffuser cette musique aux quatre coins de la planète. C'est une musique très éloignée de la techno, faite de chansons, de choses traditionnelles, avec un couplet, un refrain.

Vous imposez-vous un quota de titres français à inclure dans vos sélections ?
Absolument pas. J’avais surtout envie de réunir des productions du monde entier. Voilà pourquoi il y des productions japonaises, suédoises, américaines, anglaises et françaises… Au gré des voyages, on rencontre des producteurs qui te donnent leurs productions. C’est la communauté des DJs qui s’échange des maxis sans passer par le circuit habituel des maisons de disques.

Vous avez été un des premiers producteurs à prouver que l’on pouvait s’imposer à l’étranger sans renier ses origines. Quelle évolution voyez-vous pour l’électronique bleu blanc rouge ?
Je suis ravi de ce qui se passe. Il y a quatre, cinq ans quand on a commencé à parler de French Touch, tous les intervenants de cette scène attendaient le retour de bâton de la presse anglaise qui fait et défait les modes. Ce sont les Anglais qui ont inventé ce terme "French Touch" alors que les médias français nous ignoraient royalement. Et puis une nouvelle génération est arrivée avec Cassius, DJ Cam et surtout les Daft Punk qui ont mis une claque à tout le monde. Ils ont prouvé que notre musique était rentable. Et ça ne s’est jamais arrêté depuis. Aujourd’hui, on fait parti des vieux ! Des jeunes arrivent, les Llorca, Alexkid ou Télépopmusik. Et surtout chacun développe son propre son. L’étiquette French Touch a permis à de nombreux artistes d’exploser alors qu’ils ne font absolument pas la même musique. Cela dit notre musique ne passe toujours pas à la télé française. Si le grand public a toujours du mal avec notre univers, c’est parce qu’il n’y a pas accès. Les phénomènes L5 ou Star Academy bouchent la vue.

Il faut que les producteurs d’électronique français montent au créneau. Nous possédons une certaine culture qu’il faut transmettre. Voilà pourquoi je joue un minimum le jeux des médias : pour défendre la musique que j’aime. le public n’est pas con, si tu lui fait écouter des choses de qualité et que tu lui expliques, il comprend. C’est comme l’apprentissage du goût pour un gamin. Ça se forme, ça s’éduque. Si je n’étais pas allé en Australie pour défendre ma vision de la musique dans les clubs, on n’aurait jamais obtenu un Disque d’or là-bas. Il faut communiquer, expliquer. Je trouve qu’il y a trop d’artistes dans notre milieu qui refusent sous prétexte de se compromettre. C’est dommage.

Ton dernier album Sacrebleu est sorti en 96. Depuis, on attend la suite…
Je suis actuellement en train de finaliser cet album. Il devrait être la suite logique de Sacrebleu. On y trouvera beaucoup de vocaux. Ce ne sera pas un album pour DJ mais à écouter à la maison. J’ai laissé de côté le cliché français de pacotille car beaucoup de personnes n’ont pas compris que c’était de l’humour.

Justement revendiquez-vous toujours cette image luxe, champagne et jet set à la française ?
C’est une image qu’on m’a collée, même si ça me ressemble un peu. Je ne bois pas de champagne ni de vin. Je refuse de jouer dans des clubs sélect car les gens sélect sont des idiots qui croient connaître la musique mais n’y entendent rien. C’est vrai que les gens en m’invitant se paient un peu du luxe à la française. J’aime le luxe. Je préfère dormir dans des draps de soie plutôt que de coton. Et quiconque aura testé les deux ne me contredira pas. Je dirais plutôt que je suis quelqu’un de sophistiqué. Ma musique l’est aussi.

Willy Richert

Respect is burning presents : After the playboy mansion (Labels/Virgin).

* Un album mixé, en musique électro, est un album où les titres sont enchaînés.