De la Techno Parade à la Fête de l'Huma
Techno Parade et Fête de l'Humanité étaient au programme du dernier week-end de l'été. Tandis que des dizaines de milliers de férus de musiques électroniques suivaient les chars de la Parade sur le pavé parisien - 70.000 selon la police, 200.000 selon les organisateurs-, un public plus attiré par le rock et les musiques du monde se rendait à La Courneuve, en banlieue parisienne, pour la dernière grande messe en plein air de l'été. Ambiances.
Paris fête la fin des festivals d'été.
Techno Parade et Fête de l'Humanité étaient au programme du dernier week-end de l'été. Tandis que des dizaines de milliers de férus de musiques électroniques suivaient les chars de la Parade sur le pavé parisien - 70.000 selon la police, 200.000 selon les organisateurs-, un public plus attiré par le rock et les musiques du monde se rendait à La Courneuve, en banlieue parisienne, pour la dernière grande messe en plein air de l'été. Ambiances.
"Laissez-nous danser", tel est le slogan lancé par les organisateurs de la 4ème édition de la Techno Parade qui s'estiment victimes de la répression des pouvoirs publics depuis la publication du décret du 3 mai qui encadre désormais l'organisation des rave parties.
"On peut aimer Monteverdi et la techno" leur a répondu dans un message de tolérance Jean-Jacques Aillagon, le ministre de la Culture venu donner le coup d'envoi officiel de la Parade avec l'un de ses prédécesseurs, Jack Lang et Bertrand Delanoë, le maire de la capitale.
C'est un cortège bon enfant, mais moins imposant que lors des précédentes éditions, qui a suivi les vingt chars formant la caravane et arpenté la dizaine de kilomètres de bitume parisien qui sépare la place Denfert-Rochereau de celle de la Bastille. En ce samedi après-midi ensoleillé, badauds et touristes présents dans le quartier se retrouvent happés par le flux sonore, pénétrant bien souvent involontairement dans un univers peu propice à la conversation, mais dans celui de la fête collective qui rassemble les enfants de la techno.
Chacun des chars représente une chapelle, déversant des milliers de décibels où se mélangent tous les genres de l'électro. House, Jungle, Transe, Trip-hop, Big beat ou Hardcore rythment le trajet des "teufeurs" (NDLR: adeptes des fêtes techno) qui ont ainsi voulu montrer cet après-midi-là que les craintes exprimées par les pouvoirs publics au sujet des rave parties étaient injustifiées.
"Je pense que le succès de la Techno Parade sert aussi les free parties ", a déclaré Brice Mourer, président de Technopol, l'association qui organise l'événement. "Si le gouvernement adopte une politique qui n'est plus seulement répressive, cela va établir un climat de confiance. Il faut espérer que la volonté du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, que j'ai rencontré par trois fois, de ne pas diaboliser ce mouvement soit entendue sur le terrain".
Ce qui ne paraît pas évident à première vue, puisque l'on a pu assister au côté de Brice Mourer, en marge de la soirée Magic Garden, où se produisaient Random Logic, lauréats du Prix RFI Musiques électroniques, à une descente de police en bonne et due forme avec fouilles au corps et palpations dignes de Marines américains face à des terroristes. Le genre de pratiques dont Brice Mourer aura certainement tout le loisir de discuter avec le ministre lors de leur prochaine rencontre prévue le 19 septembre.
Des incidents qui n'auront pas perturbé le 'set' des Random Logic (nous vous reparlerons plus longuement d'eux jeudi) qui s'est déroulé devant plusieurs centaines de personnes, qui ont ainsi pu découvrir en live ces musiciens de la scène électro slovène.
Hasard de la programmation, un autre lauréat du Prix RFI Musique, celui des Musiques du monde en 2000, Tiken Jah Fakoly passait en vedette sur la grande scène de la Fête de l'Humanité quelques heures plus tôt, non loin de là. Ce n'est plus dans les petites salles comme l'an passé que joue désormais Tiken Jah, mais dans les plus gros festivals français. La saison des festivals en France a commencé à Bourges lors du traditionnel Printemps. Il y était. De même lors des Solidays à Paris, puis des Vieilles Charrues à Carhaix et enfin à cette Fête de l'Huma qui clôture la saison des grands festivals de plein air dans l'Hexagone. Une manifestation avant tout politique, mais où un jeune public toujours plus nombreux vient davantage pour la programmation musicale plutôt que pour la traditionnelle fête de rentrée du Parti Communiste français.
Cette année, outre Tiken Jah, Ismael Lô, Sinsemilia, Yann Tiersen et les Têtes Raides, Sinclair, les Motivés ainsi que Yannick Noah étaient à l'affiche. Et l'on pouvait écouter tout ce joli monde monde pour 10 euros, un prix défiant toute concurrence, lorsque l'on sait que la moindre place pour le concert d'un seul de ces artistes s'élève à 25 euros!
Un tarif qui effraie souvent les tourneurs qui ne laissent pas jouer un artiste en début de tournée à la Fête de l'Huma - ils risqueraient sinon de se retrouver plus tard dans des salles clairsemées. Mais une prestation intéressante pour lancer un disque 'live', ce qu'a fort bien compris Yannick Noah, qui vient présenter ici le disque qui mémorise la tournée qu'il vient d'effectuer autour de son album éponyme, l'une des meilleures ventes de l'année.
Techno Parade, Fête de l'Humanité, la saison des festivals d'été s'est achevée, les artistes vont continuer leurs tournées, mais dans des salles, désormais bien au chaud.
Pierre René-Worms