Son Frenchy en Australie

La musique française connaît actuellement un succès sans précédent aux Antipodes. Le dernier album de Dimitri from Paris est déjà Disque d'or et les concerts de Paris Combo et de Rachid Taha affichent complets en Australie. Direction Sydney pour une rencontre avec les artistes, producteurs et directeurs de marketing qui aident la musique française à percer au pays des kangourous.

Coup d'œil sur le réseau de la musique française en Australie.

La musique française connaît actuellement un succès sans précédent aux Antipodes. Le dernier album de Dimitri from Paris est déjà Disque d'or et les concerts de Paris Combo et de Rachid Taha affichent complets en Australie. Direction Sydney pour une rencontre avec les artistes, producteurs et directeurs de marketing qui aident la musique française à percer au pays des kangourous.

"Quand tu vis dans un environnement qui offre le bon équilibre entre la vie de village et celle de la grande ville, que tu as de l'espace, que tu respires un air pur, et que tu peux faire des promenades, ton esprit est plus enclin à la créativité et à l'imagination". C'est ce mélange qui plaît à Jean-François Ponthieux. Ce Français a débarqué en Australie il y a sept ans. Là-bas, il est détendu et peut vraiment s'amuser. Fort d'une expérience dans le marketing, il est aujourd'hui chef de promo et directeur artistique du nouveau label indépendant, Petrol Records. Ces dernières années, Ponthieux a produit plusieurs compilations de dance music dont une d'électro française, baptisée French Revolution.

Ces derniers mois, Jean-François Ponthieux est passé à la world music. Son label a concocté une série de compilations intitulées The Greatest Songs Ever… qui a déjà couvert les répertoires cubains, brésiliens, italiens. Des disques sur l'Espagne et l'Argentine doivent sortir dans peu de temps. Récemment, il a aussi profité des festivités du 14 juillet à Sydney, pour lancer, à grand renfort de publicité, le CD français, France : The Greatest Songs Ever, qui propose un mélange d'artistes contemporains et plus classiques. Pour la première fois, le public australien a découvert aux côtés de Juliette Gréco par exemple, les tubes plus récents de Noir Désir, Les Hurlements d'Léo, de Tryo ou de Louise Attaque.

Juliette Bouquerel qui a collaboré à la naissance de France : The Greatest Songs Ever, croit, elle aussi, en l'énorme potentiel de la musique française sur le marché australien : "Il faut réussir à agrandir notre réseau et faire en sorte que les gens entendent parler des groupes français. Il y a un public en Australie pour ce type de musique. Ça ne fait aucun doute. En fait, il y a une très forte demande de nouveautés en général. Notre prochaine étape sera de faire connaître les artistes reggae et hip hop."

Juliette Bouquerel a quitté la France il y a quatre ans pour s'installer en Australie. Juminz Productions, la société qu'elle a montée à Sydney, organise les tournées d'artistes français en Australie ainsi que des événements locaux. En collaboration avec l'Alliance française, Juliette Bouquerel a invité des artistes comme Rachid Taha, Jacques Higelin et Paris Combo. Elle a pour projet en ce moment de faire venir Les Hurlements d'Leo, DJ BNX, Sally Nyolo, et Noir Désir. Elle ajoute : "Il y a de plus en plus de Français qui travaillent dans l'industrie musicale australienne, comme artistes, producteurs ou responsables marketing". Lors de l'after du 14 juillet cette année, Juliette Bouquerel a organisé une soirée de house française avec des DJs français résidents à Sydney, comme DJ Benefik et DJ Tspoon.

DJ Tspoon, Cédric Sarret de son vrai nom, a immigré en Australie bien plus récemment que Jean-François Ponthieux ou Juliette Bouquerel, mais il ne lui a fallu que douze mois pour commencer à percer. Il a déjà à son actif de nombreuses fêtes comme la Sydney's Harbour Party, le Sydney Festival Opera House Bar, ainsi que des animations dans des clubs très branchés comme celui du Civic Hotel ou le Longrain dans le centre de Sydney. Sarret adore la différence d'état d'esprit qui caractérise l'Australie : "En Australie, les gens sont ouverts, ne sont pas blasés comme en Europe où il y a tellement de choses qui se passent qu'au bout d'un moment, tout vous ennuie. 200 compils par an, par exemple. Comment faire pour tout consommer ? Ici, les gens sont plus… frais."

Heidi Pasqual a créé le label Creative Vibes au milieu des années 90. Et c'est largement grâce à ce label que la house française en Australie a connu un succès croissant. Ces dernières années, Creative Vibes a fait connaître aux Australiens, Llorca et son New Comer, Boulevard de Saint-Germain, The Loa Project de DJ Cam, l'Unreasonnable Behaviour de Laurent Garnier et le Super Discount d'Etienne De Crécy. "Je crois que la force de la musique française contemporaine, confie t'elle, vient en partie du fait que les Français investissent dans leur culture afin de pouvoir l'exporter à l'étranger. Ils obtiennent au bout du compte un produit qui vaut la peine d'être exporté, et que les étrangers prennent la peine d'écouter".

Pour Heidi Pasqual, la dance française et le hip hop ont traversé l'Europe, la Manche et le Pacifique jusqu'en Australie pour plusieurs raisons : l'"investissement" des Français dans leur musique et sa notoriété internationale, la nature sans frontières et universelle de la dance et la tendance qu'a son public de rechercher des musiques toujours nouvelles et différentes.

Michael Kessler à Sydney