HALOU FESTIVAL À TOKYO
Tokyo, le 9 octobre 2002 - Depuis plus de dix ans le Festival Halou est le rendez-vous des musiques nouvelles entre Paris et Tokyo. Lancé en 1991 à l'initiative de la société Conversation, il permet non seulement de faire découvrir au public japonais de nombreux artistes français et francophones mais également à ces mêmes artistes de percer le très fermé marché de l'archipel. Certains artistes comme la Mano Negra, Arthur H, MC Solaar, Les Rita Mitsouko ou Les Nubians ont déjà bénéficié de cette ouverture.
Chanson française au Japon
Tokyo, le 9 octobre 2002 - Depuis plus de dix ans le Festival Halou est le rendez-vous des musiques nouvelles entre Paris et Tokyo. Lancé en 1991 à l'initiative de la société Conversation, il permet non seulement de faire découvrir au public japonais de nombreux artistes français et francophones mais également à ces mêmes artistes de percer le très fermé marché de l'archipel. Certains artistes comme la Mano Negra, Arthur H, MC Solaar, Les Rita Mitsouko ou Les Nubians ont déjà bénéficié de cette ouverture.
Si le but du Festival Halou est de créer de nouveaux marchés et de présenter des musiques émergentes, essayant ainsi de toucher un public jeune, le point fort de son édition 2002 a été d'attirer un public plus vaste : des jeunes filles de 20 à 25 ans pour le concert de Coralie Clément aux cadres de 35-40 ans pour Yann Tiersen en passant aux 60 et plus pour les représentations d'Henri Salvador.
En tête d'affiche et en représentation pour trois concerts (dont un en matinée) au Cocoon Theater du Bunkamura dans le quartier de Shibuya, Henri Salvador a laissé une impression très forte à l'assistance. Voilà un monsieur qui sait communiquer et jouer avec le public très savamment, notamment dès qu'il interprète le premier titre, Corcovado, en français. Il salue, dit bonsoir et remercie les gens d'être venus. Ensuite, il prend la peine d'avoir à ses côtés une traductrice qu'il fait venir sur scène à chacune de ses interventions. Sa présence est surtout justifiée au milieu du spectacle lorsque Salvador se met à raconter que le pays qui l'a le plus étonné au cour de ses voyages, ce sont les Etats-Unis et leurs spots publicitaires à la télévision. "Et la publicité qui m'a le plus marqué, c'est une publicité pour le gin qui passait toute la journée, toutes les trois heures, à partir de 10 heures du matin". L'homme qui fut aussi un homme de télé dans les années 70, se lance alors dans un sketch où il mime le type du spot qui boit un verre de gin et qui en fin de journée est, bien entendu, dans un état proche du coma éthylique. Salvador fait mouche aussi quand il ne chante pas et la salle hurle de rire.
Après avoir interprété seize titres extraits pour la plupart de l'album Chambre avec vue, Henri Salvador nous quitte en nous chantant comme pour boucler la boucle de cette heure et 45 minutes de bonheur Bonsoir amis, au revoir et "sayonara"'.
La valse de Tiersen
Au lendemain de la dernière représentation de Salvador (le 28 septembre) sur la scène du Cocoon Theater, c'était au tour de Yann Tiersen de s'y produire. Le public est plus jeune que la veille et vient applaudir le magicien de la bande originale du film Le fabuleux destin d'Amélie Poulain que tout le monde ici a vu sous le titre abrégé de Amélie. Magicien, Yann Tiersen en est incontestablement un. Ouverture du spectacle sur La valse d'Amélie au xylophone et à l'accordéon, passage au piano pour le deuxième titre, au violon pour le suivant, retour à l'accordéon et au piano ensuite. Mais au bout d'un moment, ce va-et-vient est un peu lassant pour devenir carrément monotone au bout d'une heure. D'autant qu'on pourrait espérer qu'à la fin des morceaux, Tiersen pourrait prendre le micro pour, à son tour, saluer et remercier le public. Mais non. Au cours du concert, il aura lancé en tout et pour tout quatre "arigato" (merci). Non pas qu'il soit un artiste antipathique mais plutôt timide, plus voué au travail en studio qu'à la performance sur scène.
Coralie ravie
Pendant que Salvador et Tiersen se produisaient chacun leur tour à Tokyo, Coralie Clément était sur la scène du Blue Note de Fukuoka (sur l'île du Kyushu, dans le sud du Japon) et de Osaka. Elle n'a rejoint Tokyo que le 2 octobre pour un unique concert dans la capitale, au Quattro, également situé dans le quartier de Shibuya. En arrivant dans ce club et en jetant un oeil sur la population présente, on pouvait se faire une idée avant que le concert commence. Contrairement aux concerts de Salvador et de Tiersen, le public ne comptait pratiquement que des visages japonais et il était essentiellement constitué de jeunes femmes entre 20 et 25 ans. Le genre de public qui se rend aux concerts de Clémentine, la star de la chanson française au Japon.
Coralie Clément a donné un concert de 1H45 de bossa nova et de down-tempo, un style et une voix représentatifs de l'image que les Japonais ont de la musique française, de la chanson. La bonne nouvelle, c'est qu'à la différence de Clémentine qui est un 'produit' japonais, Coralie Clément est entrée sur le marché depuis la France.
On peut trouver dommage que le lieu où se produisait la jeune chanteuse ne convenait pas vraiment au style interprété. Trop sombre, trop "all-standing". Pourquoi ne pas l'avoir faite se produire comme au cours de sa tournée en province, dans les murs du Blue Note, un lieu beaucoup plus adapté ? Mais pour Coralie qui venait au Japon pour la première fois, la musique ne doit pas être cantonnée. Finalement, jouer dans des lieux et des ambiances très différentes, ne lui posa pas de gros problèmes. Elle était en tout cas ravie de sa première tournée sur l'archipel et on peut penser que les promoteurs et le public japonais l'attendent à nouveau de pied ferme.
Cyril Coppini à Tokyo