VU D'AILLEURS : NOVEMBRE 2002

Que dit la presse étrangère sur les artistes francophones ? C’est désormais le propos de 'Vue d’ailleurs', la nouvelle revue de presse internationale de RFI Musique. Une fois par mois, les chroniques des meilleurs CD, les concerts marquants, les bons mots. Au sommaire d’octobre : Noir Désir, Lama, Goldman, Cassius, Tiersen, Zebda.

Revue de presse internationale.

Que dit la presse étrangère sur les artistes francophones ? C’est désormais le propos de 'Vue d’ailleurs', la nouvelle revue de presse internationale de RFI Musique. Une fois par mois, les chroniques des meilleurs CD, les concerts marquants, les bons mots. Au sommaire d’octobre : Noir Désir, Lama, Goldman, Cassius, Tiersen, Zebda.

SUR SCENE

Rendue parano par le mauvais accueil de la presse parisienne, l’équipe de Cindy-Cendrillon 2002, la nouvelle comédie musicale de Luc Plamondon, ne se consolera pas en lisant la presse québécoise, habituellement plus tendre avec l’enfant du pays. La générale, fin septembre au Palais des Congrès de Paris, a certes "reçu un accueil chaleureux", note le journal La Presse, mais "on était loin de l’ovation triomphale qui avait salué le final de Notre-Dame de Paris dans les mêmes lieux en 1998. La première partie s’est terminée par des applaudissements polis et les rappels ne se sont pas beaucoup multipliés". Mais c’est la presse suisse qui résume le mieux le sentiment majoritaire : "Cindy-Cendrillon 2002 peut pêcher par l’absence de mélodies entêtantes et par des paroles parfois trop simplistes. Il révèle toutefois de nouvelles voix."

Johnny n’est pas seul à fêter ses soixante ans l’an prochain. Serge Lama aussi. Comme l’ex-idole des jeunes, il souffle ses bougies sur scène. La tournée, qui passera par Bercy à Paris en 2003, a déjà débuté. A Montreux, en Suisse, le correspondant de 24 Heures a trouvé un artiste "en étroite osmose avec son public. L’ex-Superman célébrant les femmes, femmes, femmes, ci-devant ‘Napo’ un peu mégalo, fait son boulot de grand pro deux bonnes heures durant. (…) Dans l’ample flot des succès d’hier et d’avant-hier, parfois puissamment relookés et resservis avec un clin d’œil, les nouvelles chansons scintillent comme des joyaux. (…) Lama a gagné en densité et en profondeur avec ses dernières chansons, au risque de décontenancer les amateurs des P’tites femmes de Pigalle et autres joyeusetés, qu’il n’oublie pas pour autant".

Noir Désir s’est produit pour la première fois en Italie, "à la rencontre de son public italien", annonçait La Stampa, un public tout neuf qui a découvert les Bordelais l’été dernier grâce au single le Vent nous portera, n°1 là-bas et Disque de platine. A Rome, la bande à Cantat a donné "un concert intense de deux heures", selon le correspondant italien de l’agence Reuters : "Noir Désir n’a pas déçu le public, parmi lesquels beaucoup de Français", alternant "puissance sonore et périodes militantes". De l’énergie "du punk à la lourdeur du blues", en passant par "des atmosphères trip hop-acid", ils "semblaient prendre plaisir à jouer", plaçant même un hommage à Léo Ferré (Des armes) et un "curieux laïus sur le chaos mondial, New York et les pompiers, rappelant que leur dernier album est sorti le 11 septembre 2001.» Le combo "pourrait revenir en Italie d’ici décembre.»

Jean-Jacques Goldman a enthousiasmé le Forest National de Bruxelles, le 23 octobre dernier. Résumé de la soirée par La Dernière Heure : "Le concert a commencé il y a un quart d’heure. Seul avec sa guitare, Goldman a créé une ambiance festive. Ses musiciens entrent en piste pour une partie plus sentimentale. (…) Pas le temps de se remettre que la tête de la regrettée Carole Fredericks apparaît sur l’écran sous un tonnerre d’applaudissements. Avec Michael Jones, Goldman revient au milieu du public, verse dans la nostalgie, prend son violon, parle de culture et entame le plus beau moment de la soirée. Pendant qu’il se déchaîne sur Et l’on n’y peut rien, la troupe folklorique polonaise de Lublin se livre à un extraordinaire morceau de claquettes. (…) D’évidence, Goldman s’amuse.»

DANS LES BACS

Yann Tiersen, C’était ici (Labels). Yann Tiersen revient avec le premier CD live de sa carrière. "Le résultat est étonnant et constitue son travail le plus ambitieux", s’enflamme Mad TV, la chaîne musicale grecque. Capté lors de concerts à la Cité de la musique de Paris en janvier dernier, C’était ici, qui regroupe plus de deux heures de musique et une trentaine de titres, fait la part belle aux morceaux d’Amélie Poulain, ce qui n’étonnera personne : "Un vrai défi pour Tiersen", chef d’un orchestre de 45 musiciens et accompagné d’invités comme Dominique A, Lisa Germano, les Têtes Raides… "Les concerts de Tiersen constituent des expériences uniques ; cet album en apporte la preuve".

Cassius, Au rêve (Virgin). La presse européenne et américaine salue le Cassius primeur. Trois ans et demi après 1999, ils reviennent avec "une collection raffinée et intelligente de house, soul et hip hop" (Rolling Stone, USA). Le duo a toujours "un faible pour la black music. Le nombre réduit de samples et des beats plus calmes donnent une certaine amplitude aux morceaux" (Intro, Allemagne). Au rêve, le nouvel album de la paire Zdar-Blanc Francard et ses invités (Jocelyn Brown, Ghostface Killah, Leroy Burgess), recèle "des points communs avec l’univers de Daft Punk sur Discovery", tandis que "les paysages électroniques rappellent Air", note Publico, au Portugal ("Un disque schizophrénique"). Quoi qu’il en soit, un probable futur succès commercial…

Doc Gynéco, Solitaire (Virgin). Bruno Beausire, alias Doc Gynéco, semble de plus en plus s’éloigner du rap pour la chanson, "ce que confirment ses quelques incartades au genre, comme dans le sirupeux Quoi qu’ils pensent ou disent où il joue au Murat maladroit, ou dans l’antillais-niais Frotti-frotta", raille Claude Ansermoz dans l’hebdomadaire suisse Dimanche. Bref, Solitaire "n’est, à quelques exceptions près, pas très bon". "Sur le disco Funky Maxime, il dresse un hymne à son potentiel sexuel. Dans Armageddon, un simple constat : ‘Y a pas plus dur que ce qu’il y a dans mon caleçon’. (…) Reste qu’artistiquement, il y a longtemps que Bruno ne fait plus bander personne."

Zebda, Utopie d’occase (Barclay). Investis en politique et dans l’associatif, les Toulousains n’ont pas déserté le terrain musical, même s’il a fallu attendre quatre ans leur retour discographique, salué un peu partout. "Tomber la chemise n’était pas un hit tombé de la dernière pluie ; Utopie d’occase n’est pas l’exploitation d’une recette", juge La Libre Belgique. Le discours colle à une époque troublée qui manque paradoxalement de tribuns. "Dans un monde de cow-boys vulgaires, le septuor fait figure d’Indiens toujours sur la piste de mots justes, des Tomahawks farceurs mais qui font mal sur les fronts nationaux et multinationaux, (…) des espèces de Zorro mâtinés de Sancho, car il y aura toujours des moulins de bêtise à prendre d’assaut."

DANS L'ACTU

"Le rideau tombera en mars prochain à Broadway sur la comédie musicale Les Misérables, après seize ans de représentations qui en font l’un des plus grands succès de la scène théâtrale de New York (...), 6 612 représentations et des recettes dépassant les 390 millions de dollars. (…) Après des années de recettes mirobolantes, Les Misérables, victimes de la crise du tourisme new-yorkais entraînée par les attentats du 11 septembre 2001, a été tout juste rentable l’an dernier. (…) Le spectacle se produit encore à Londres où il a été créé en 1985." (Le Matin, Québec)

"Le Festival de la chanson de Granby aura été original et surprenant, notamment grâce au choix de la Française Orly Chap comme lauréate chez les auteurs-compositeurs-interprètes. La nomination d’une chanteuse d’origine étrangère constitue une première au festival, qui fêtera l’an prochain ses 35 années d’existence. Fait à souligner : la Française a offert aux trois autres finalistes de partager sa bourse de 5.000 $." (Canoë, Québec)

Gilles  Rio

Johnny n’est pas seul à fêter ses soixante ans l’an prochain. Serge Lama aussi. Comme l’ex-idole des jeunes, il souffle ses bougies sur scène. La tournée, qui passera par Bercy à Paris en 2003, a déjà débuté. A Montreux, en Suisse, le correspondant de 24 Heures a trouvé un artiste "en étroite osmose avec son public. L’ex-Superman célébrant les femmes, femmes, femmes, ci-devant ‘Napo’ un peu mégalo, fait son boulot de grand pro deux bonnes heures durant. (…) Dans l’ample flot des succès d’hier et d’avant-hier, parfois puissamment relookés et resservis avec un clin d’œil, les nouvelles chansons scintillent comme des joyaux. (…) Lama a gagné en densité et en profondeur avec ses dernières chansons, au risque de décontenancer les amateurs des P’tites femmes de Pigalle et autres joyeusetés, qu’il n’oublie pas pour autant".

Noir Désir s’est produit pour la première fois en Italie, "à la rencontre de son public italien", annonçait La Stampa, un public tout neuf qui a découvert les Bordelais l’été dernier grâce au single le Vent nous portera, n°1 là-bas et Disque de platine. A Rome, la bande à Cantat a donné "un concert intense de deux heures", selon le correspondant italien de l’agence Reuters : "Noir Désir n’a pas déçu le public, parmi lesquels beaucoup de Français", alternant "puissance sonore et périodes militantes". De l’énergie "du punk à la lourdeur du blues", en passant par "des atmosphères trip hop-acid", ils "semblaient prendre plaisir à jouer", plaçant même un hommage à Léo Ferré (Des armes) et un "curieux laïus sur le chaos mondial, New York et les pompiers, rappelant que leur dernier album est sorti le 11 septembre 2001.» Le combo "pourrait revenir en Italie d’ici décembre.»

Jean-Jacques Goldman a enthousiasmé le Forest National de Bruxelles, le 23 octobre dernier. Résumé de la soirée par La Dernière Heure : "Le concert a commencé il y a un quart d’heure. Seul avec sa guitare, Goldman a créé une ambiance festive. Ses musiciens entrent en piste pour une partie plus sentimentale. (…) Pas le temps de se remettre que la tête de la regrettée Carole Fredericks apparaît sur l’écran sous un tonnerre d’applaudissements. Avec Michael Jones, Goldman revient au milieu du public, verse dans la nostalgie, prend son violon, parle de culture et entame le plus beau moment de la soirée. Pendant qu’il se déchaîne sur Et l’on n’y peut rien, la troupe folklorique polonaise de Lublin se livre à un extraordinaire morceau de claquettes. (…) D’évidence, Goldman s’amuse.»

DANS LES BACS

Yann Tiersen, C’était ici (Labels). Yann Tiersen revient avec le premier CD live de sa carrière. "Le résultat est étonnant et constitue son travail le plus ambitieux", s’enflamme Mad TV, la chaîne musicale grecque. Capté lors de concerts à la Cité de la musique de Paris en janvier dernier, C’était ici, qui regroupe plus de deux heures de musique et une trentaine de titres, fait la part belle aux morceaux d’Amélie Poulain, ce qui n’étonnera personne : "Un vrai défi pour Tiersen", chef d’un orchestre de 45 musiciens et accompagné d’invités comme Dominique A, Lisa Germano, les Têtes Raides… "Les concerts de Tiersen constituent des expériences uniques ; cet album en apporte la preuve".

Cassius, Au rêve (Virgin). La presse européenne et américaine salue le Cassius primeur. Trois ans et demi après 1999, ils reviennent avec "une collection raffinée et intelligente de house, soul et hip hop" (Rolling Stone, USA). Le duo a toujours "un faible pour la black music. Le nombre réduit de samples et des beats plus calmes donnent une certaine amplitude aux morceaux" (Intro, Allemagne). Au rêve, le nouvel album de la paire Zdar-Blanc Francard et ses invités (Jocelyn Brown, Ghostface Killah, Leroy Burgess), recèle "des points communs avec l’univers de Daft Punk sur Discovery", tandis que "les paysages électroniques rappellent Air", note Publico, au Portugal ("Un disque schizophrénique"). Quoi qu’il en soit, un probable futur succès commercial…

Doc Gynéco, Solitaire (Virgin). Bruno Beausire, alias Doc Gynéco, semble de plus en plus s’éloigner du rap pour la chanson, "ce que confirment ses quelques incartades au genre, comme dans le sirupeux Quoi qu’ils pensent ou disent où il joue au Murat maladroit, ou dans l’antillais-niais Frotti-frotta", raille Claude Ansermoz dans l’hebdomadaire suisse Dimanche. Bref, Solitaire "n’est, à quelques exceptions près, pas très bon". "Sur le disco Funky Maxime, il dresse un hymne à son potentiel sexuel. Dans Armageddon, un simple constat : ‘Y a pas plus dur que ce qu’il y a dans mon caleçon’. (…) Reste qu’artistiquement, il y a longtemps que Bruno ne fait plus bander personne."

Zebda, Utopie d’occase (Barclay). Investis en politique et dans l’associatif, les Toulousains n’ont pas déserté le terrain musical, même s’il a fallu attendre quatre ans leur retour discographique, salué un peu partout. "Tomber la chemise n’était pas un hit tombé de la dernière pluie ; Utopie d’occase n’est pas l’exploitation d’une recette", juge La Libre Belgique. Le discours colle à une époque troublée qui manque paradoxalement de tribuns. "Dans un monde de cow-boys vulgaires, le septuor fait figure d’Indiens toujours sur la piste de mots justes, des Tomahawks farceurs mais qui font mal sur les fronts nationaux et multinationaux, (…) des espèces de Zorro mâtinés de Sancho, car il y aura toujours des moulins de bêtise à prendre d’assaut."

DANS L'ACTU

"Le rideau tombera en mars prochain à Broadway sur la comédie musicale Les Misérables, après seize ans de représentations qui en font l’un des plus grands succès de la scène théâtrale de New York (...), 6 612 représentations et des recettes dépassant les 390 millions de dollars. (…) Après des années de recettes mirobolantes, Les Misérables, victimes de la crise du tourisme new-yorkais entraînée par les attentats du 11 septembre 2001, a été tout juste rentable l’an dernier. (…) Le spectacle se produit encore à Londres où il a été créé en 1985." (Le Matin, Québec)

"Le Festival de la chanson de Granby aura été original et surprenant, notamment grâce au choix de la Française Orly Chap comme lauréate chez les auteurs-compositeurs-interprètes. La nomination d’une chanteuse d’origine étrangère constitue une première au festival, qui fêtera l’an prochain ses 35 années d’existence. Fait à souligner : la Française a offert aux trois autres finalistes de partager sa bourse de 5.000 $." (Canoë, Québec)