Le beau jeu d'Alexis HK
Unique signature "chanson" du label Musiques Hybrides (généralement amoureux d’électro), Alexis HK est l’un des nouveaux talents dont on chuchote souvent le nom sur la place des promesses. Classique et actuel, grinçant et tendre, populaire et raffiné, voici Belle Ville, le premier CD d'un jeune homme paradoxal. En concert demain, 31 janvier, au Café de la Danse, pour le Festival des Jeux.
La perle du Festival des Jeux 2003
Unique signature "chanson" du label Musiques Hybrides (généralement amoureux d’électro), Alexis HK est l’un des nouveaux talents dont on chuchote souvent le nom sur la place des promesses. Classique et actuel, grinçant et tendre, populaire et raffiné, voici Belle Ville, le premier CD d'un jeune homme paradoxal. En concert demain, 31 janvier, au Café de la Danse, pour le Festival des Jeux.
Découvert en 1997 par Olaf Hund, jeune manager du label Musiques Hybrides, Alexis HK alors âgé de 22 ans, a dès lors éclusé les petites et moyennes salles de Paris et province en écoulant en même temps son premier CD démo à 500 exemplaires. Depuis 2000, avec un nouveau groupe de cinq musiciens, il se montre dans des salles de plus en plus fameuses : Glaz'art, Divan du Monde, Nouveau Casino, Sentier des Halles… Et confirme à chaque fois un talent d'écriture au-dessus de la moyenne.
Au printemps 2002, sort son second CD, Belle Ville, dont l'univers commence dès le design du livret : assis à la table d’une ancienne maison de poupée, Alexis et les siens ressemblent aux statues de cire du musée Grévin. Quelque chose de ludique donc, mais également de lisse, d’irréel, d’un peu effrayant. Pourtant ce n’est pas dans la musique qu’il faut chercher l’onirique : traditionnelle et soignée, elle tourne, valse ou s’attendrit selon le cas.
Un accordéon, des flûtes, une contrebasse, de la guitare et de la mandoline, le tout saupoudré de percussions diverses, HK n’est décidément pas seul à habiter cette Belle Ville : "Quand on n’a qu’une guitare et que l’on ne sait pas trop écrire la musique sur une partition, il faut être relayé par des musiciens. J’ai de la chance, ceux qui m’entourent comprennent toujours à demi mot où je veux en venir. Pourtant je suis mort de trac lorsque je leur fais écouter mes premiers jets. Je regarde la tête qu’ils font, je n’arrive pas à enchaîner deux mesures sans me planter, bref c’est une catastrophe…Malgré tout je n’ai pas beaucoup de surprise quant à leurs réactions: avec les chansons, il n’y a pas trop de mystère. Quand tu en tiens une "bonne" comme on dit, tu le sens de suite! Dans mon répertoire il y a les chansons laborieuses et celles qui ont marché toute seule: la chanson de Gaspard par exemple."
Gaspard justement. Gaspard est un nain volant. Sa chanson côtoie celle de Mitch le catcheur, de Jean Lefèvre enfermé dans un placard ou d’un gamin à l’éternelle cagoule qui a des grands-parents pétris d’attentions. Parce que voyez-vous, dans le monde d’Alexis HK tout est possible: le diable se fait licencier par Dieu, les bicyclettes se détruisent à coup de masse, un homme ivre persuade les censeurs à le rejoindre dans l’abus…
Foin de sentiments, de mal être, des éternelles ritournelles d’amour et de rupture. Ici, on narre. "Mon parti pris est de raconter des histoires. Ce sont des contes à la limite du réel et du fantastique, on est toujours dans une frontière mal définie mais qui se veut populaire et accessible. Cela me plaît d’inventer des personnages. Ils ne sont pas forcément crédibles, il y a de la caricature, des images…" Tout est peut-être histoire de pudeur. Ses textes préfèrent essentiellement les 'il' aux 'je', la scène le transforme en un personnage aux cheveux collés et au monde poli, l’humour lui vient toujours au secours dans une pirouette ou un dixième degré.
Pourtant le jeune homme réfute : "C’est surtout que je ne trouve pas que je sois très intéressant. Ma vie de Parisien n’est pas très passionnante. Si c’est pour faire des chansons de tradition un peu bourgeoise qui disent "tiens aujourd’hui j’ai vu machin et on s’est emmerdé ensemble", cela ne m’intéresse pas. Je ne crois pas que tout cela soit de la pudeur. C’est vrai que je me cache derrière tous ces personnages mais, mine de rien, à travers eux, c’est quand même moi que je fais vivre."
La voix d’Alexis, quant à elle, est grave et mature, avec une pointe d’élégance : "C’est une tradition de crooner ! Je rêve d’en être un, je les adore, comme Franck Sinatra par exemple. En fait il y a encore là une espèce de mélange paradoxal entre le dandy et le populaire. Il y a dans le dandy un côté superficiel, frimeur, flambeur, mais c’est un clin d’œil. A part cela je sais que j’ai une voix qui ne correspond pas trop à mon physique… Je suis assez maigre et on part toujours du principe que les gens qui ont une grosse voix sont des gens gros et plus âgés… Alors je tiens tout de suite à dire qu’il faut arrêter avec cette histoire-là! Il y a des gens très maigres avec des grosses voix. Et il y a des gens très maigres qui peuvent vous péter la gueule!" Et comme toujours le rire d’Alexis rattrape pendant quelques secondes le semblant de sérieux et d’ironie qu’il aime à manier.