Afia Mala

Quatre ans après son dernier opus Désir, la chanteuse togolaise revient avec Plaisir, album entre afro-cubain et variété internationale. Sur les traces de Jennifer Lopez, la "Princesse de Vogan" tente d'entrer dans "la cour des grands".

La diva togolaise.

Quatre ans après son dernier opus Désir, la chanteuse togolaise revient avec Plaisir, album entre afro-cubain et variété internationale. Sur les traces de Jennifer Lopez, la "Princesse de Vogan" tente d'entrer dans "la cour des grands".

RFI Musique : Après Désir, voici Plaisir ! Vous êtes une femme sentimentale ?
Afia MALA :
Sentimentale comme toutes les femmes. La femme vit d'amour. Plaisir est l'un des 14 titres de l'album. J'ai réalisé un disque que j'ai toujours eu envie de faire et que le public me demandait depuis longtemps, à savoir un album complètement latino. Sur mes précédents disques, j'essayais toujours de mettre un morceau afro-cubain. Cette fois-ci, j'ai conçu cet album pour leur faire plaisir, pour leur donner ce qu'ils ont toujours attendu de moi.

De quelle artiste vous êtes-vous inspirée ? Certains vous appellent déjà "Afia Lopez". Il n'y a pourtant pas de chanteuses latino en Afrique.
Non, il n'y a pas d'artistes féminines qui font de la salsa en Afrique, mais il faut savoir que le Togo, le Bénin ont été bercés par la musique afro-cubaine à cause de la colonisation portugaise. Nous avons eu cette vague de musique espagnole et elle nous a vraiment bercés. On est nés dedans, ce qui fait que je suis très bien dans cette musique-là.

Quelle est votre "sauce", votre salsa ?
C'est un album à la fois latino et anglo-saxon. On a essayé, avec Yves Njock, mon directeur artistique, de mixer ces styles avec la musique africaine. On a fait notre "sauce" avec des titres chantés en swahili et un refrain en espagnol. Il y a aussi des chansons en hévé et en français avec des refrains en espagnol. C'est véritablement un mélange de cultures et de langues. J'ai repris Fever de Peggy Lee avec un "salsa groove" et un soupçon de funk.

Quels sont les thèmes abordés dans cet album, des thèmes féminins ?
Comme d'habitude, j'ai essayé de développer des thèmes comme la paix, l'enfance abandonnée et l'évolution de la femme aujourd'hui.

Quelle est la place des chanteuses africaines dans la société ?
Quand j'ai commencé, c'était mal vu qu'une femme chante, on trouvait cela un peu bizarre. On pensait que c'était un métier de prostituée, on nous donnait tous les noms. Mais aujourd'hui, c'est différent. Les parents ont constaté qu'à travers la chanson, on peut faire passer des messages, faire beaucoup de choses.

Vous êtes également une femme d'affaires puisque vous avez été amenée à produire votre album ?
Oui, je produis mes albums, cela me permet de prendre plus de temps et de faire ce que je veux. Je ne suis pas obligée de chanter le morceau d'untel, de me fixer sur un rythme donné ou une façon de chanter. Je fais ainsi ce que je veux, c'est ma liberté, et pour moi c'est ça la musique.

Comme Youssou N'Dour, Angélique Kidjo ou Ismael Lô, vous avez signé dans une major. Ce nouvel album sort chez Milan/Universal Music. Est-ce une consécration pour vous ?
C'est tout nouveau pour moi. C'est comme si je venais de commencer ma carrière, bien que celle-ci ai démarré voici 25 ans. Je me sens toute nouvelle dans ce milieu.

C'est une quête de reconnaissance de votre parcours ?
Oui, je le pense. Parce que si ce disque a été accepté par Milan/Universal, c'est que je peux désormais aller sur la scène internationale.

Cet album n'est-il pas une concession à ce que vous faisiez auparavant, ne lorgne-t-il pas trop vers la variété internationale ?
En quelque sorte, mais j'ai toujours voulu conserver l'originalité qui est la mienne, à savoir un mélange de l'Afrique, de l'Europe et des Etats-Unis.

Vous chantez un titre en duo avec Lokua Kanza. Comment s'est passée votre rencontre ?
 Nous nous connaissons en fait depuis une quinzaine d'années. Je l'ai invité au studio pour écouter ce que je faisais. Il m'a dit " Afia, je suis ému par ta chanson Matisso (la souffrance). Laisse-moi faire quelque chose sur cette chanson". Et ce qu'il a fait est formidable.

Face à ce qui se passe aujourd'hui sur le continent africain, que ressentez-vous ?
Je suis attristée par tout ce qui arrive à notre terre-mère. Je ne comprends pas comment on peut rester là à s'entretuer entre nous. La musique peut aider les gens à travers une chanson à comprendre les choses, à s'unir. On peut faire pleurer les gens à travers une chanson. Nous, les artistes, nous avons en ce moment un rôle très important à jouer pour la paix et l'avenir de ce monde.

Afia Mala Plaisir (Milan/universal Music) 2003