Marseille accueille les musiques du monde
A l’instar du Midem, qui réunit tous les styles, les musiques du monde ont également leurs grands-messes annuelles pour professionnels à la recherche de nouvelles tendances.
Troisème édition du Strictly Mundial
A l’instar du Midem, qui réunit tous les styles, les musiques du monde ont également leurs grands-messes annuelles pour professionnels à la recherche de nouvelles tendances.
Après le Womex, créé par les Allemands du label Pirhana de Berlin, une seconde manifestation a vu le jour: le Stricly Mundial, lancé par le Forum européen des festivals de musiques du monde (EFWMF).
La 3e édition de ce festival des Musiques du monde se déroule dans la cité phocéenne du 26 février au 1er mars et ne déroge pas à l'air du temps en faisant la part belle aux musiques du bassin méditerranéen.
Après Saragosse en 2000 et Salvador de Bahia en 2001, le Strictly Mundial est organisé cette année par l’équipe du Docks des Suds (Centre méditerranéen des musiques du monde) animé par Bernard Aubert, qui programme depuis une dizaine d’années la Fiesta des Suds marseillaise.
Cette manifestation est un véritable salon professionnel durant la journée, avec 120 stands, 1800 professionnels qui se retrouvent sous un chapiteau de 3000 m2 pour acheter, s’échanger, commercer, écouter, deviser et comparer les musiques de notre monde, dans une approche «strictement mondiale».
La nuit venue, elle se transforme en Fiesta des Suds hivernale, dans ce Dock des Suds situé face au port de Marseille, dont l’atmosphère rappelle celle d’un immense cabaret avec ses trois salles en enfilade. Le public rejoint alors, moyennant 10 euros, les professionnels pour assister à un festival des musiques d’Europe, d’Asie, des Amériques et de la Méditerranée, auquel participent une cinquantaine de groupes et d'artistes. Des valeurs sûres, comme la reine du gnaoua, l'Algérienne Hasna el Becharia, les Provencaux du Massilia Sound System et de Dupain, le Basque Benat Achiary ou les Serbes du Boban Markovic Orkestar, auteurs des musiques des films d’Emir Kusturica, côtoient de petits nouveaux.
Marseille la métisse accueille cette semaine ces musiques qui ont convergé dans la cité phocéenne par le biais de l’émigration. Cette ville cosmopolite est un lieu de bouillonnement des musiques traditionnelles, une mosaïque de peuples, qui abrite plus de 3O communautés culturelles et une cinquantaine d’esthétiques musicales, issues de France ou de traditions migratoires.
Une politique de développement de ces tendances musicales a enfin été prise en compte par la Mairie, et de nombreux projets devraient voir le jour d’ici 2005, dont un véritable festival des musiques du monde qui serait l’équivalent, durant l’été, de la Fiesta des Suds, désormais traditionnel rendez-vous automnal.
A quelques jours de la visite officielle de Jacques Chirac en Algérie, Marseille, ville jumelée avec Alger, fêtera, ce soir, la scène algérienne, à l’occasion de l’Année de l’Algérie en France, avec Cheb Adel, présenté comme le plus sûr espoir de la scène oranaise, Rym Hakiki surnommée la «nouvelle merveille de la chanson andalouse», puis Naab et son électro méditerranéenne qui tenteront de prolonger leur succès algérien.
Les amateurs d'"ethnic jazz" pourront découvrir les improvisations à l'oud de l'Orchestra Frizzante, la chanteuse et flûtiste croate Tamara Obrovac ou le saxophoniste napolitain Daniele Sepe, adepte du free jazz qui mélange chant médiéval, tarantelle et hip-hop...
Yengi Yol, parti en quête des racines centre-asiatiques de la musique tsigane, les improvisations des Tyour Gnaoua d'Essaouira, ou le Kol Oud Tof Trio - trois musiciens israélien, marocain et italien revisitant la musique andalouse et le chant liturgique juif marocain - comptent parmi les curiosités.
L'Afrique noire, qui a fait l’ouverture hier soir, fait figure de parent pauvre, tout juste représentée par les jeunes griots guinéens du groupe de Ba Cissoko et la Sénégalaise Viviane Ndour, petite sœur de Youssou Ndour et remplaçante attitrée de Neneh Cherry lorsque son frère interprète Seven Seconds.
Installé depuis deux ans à Marseille, Ba Cissoko est un artiste en devenir avec son groupe composé de deux koras électrifiées qui jouent un reggae-rock mettant en valeur tout le talent de Sékou Kouyate, surnommé le«Jimmy Hendrix de la kora», qui entraîne cet instrument traditionnel vers des sonorités nouvelles avec ses trois pédales wah-wah. Trash, urbaine, groovy, la musique de Ba Cissoko n’est pas encore gravée sur CD, mais quelques producteurs l’ont déjà repérée hier soir. Comme le disait Ba Cissoko après son concert: «Ce Stricly Mundial est une opportunité de convaincre qu’il faut préparer comme un tremplin.» C’était chose faite au vu de ce qu’il a proposé hier.
Ceux qui aiment les fanfares auront le choix. Outre le Boban Markovic Orkestar, ils pourront écouter Gran'Sud, collectif des meilleurs groupes festifs de la place, les incontournables Ceux Qui Marchent Debout, Auprès De Ma Blonde, ainsi que les Algériens de Marzoug, qui prouvent que la cornemuse se joue ailleurs qu'à Lorient ou en Galice.
Comme aucun festival digne de ce nom ne peut plus se passer d'électro, Big Buddha, l'Espagnol Lord Sassafras, les Indiens de Senses, sont également invités.
Derrière les précurseurs du Massilia Sound System, la scène marseillaise va pouvoir montrer son dynamisme avec Dupain qui, après ses hymnes ouvriers en occitan au son de la vielle à roue, a élargi son horizon musical à tout le bassin méditerranéen avec le reggae-funk déjanté de Kanjar'oc, la salsa anisée de DJ Arlex, le melting-pot musical du Watcha Clan, le ragga de Toko Blaze ou encore Lo Cor de La Plana et ses polyphonies occitanes.
Trois jours et trois nuits où se produiront les futures découvertes des festivals et tournées de l’été prochain.