Panoramas, le festival qui monte
Après les Transmusicales de Rennes, les Vieilles Charrues de Carhaix, le Sonar de Barcelone, c'est vers Morlaix, en Bretagne, qu'il faut désormais regarder pour trouver un festival qui offre de réelles découvertes. Déjà à sa 6ème édition, Panoramas n'usurpe pas son nom. L'équipe organisatrice, réunie au sein de l'association Wart, a choisi de privilégier les nouveaux venus de la scène électro, rock et hip hop. Un seul mot d’ordre : se confronter !
(Vraies) Découvertes musicales à Morlaix.
Après les Transmusicales de Rennes, les Vieilles Charrues de Carhaix, le Sonar de Barcelone, c'est vers Morlaix, en Bretagne, qu'il faut désormais regarder pour trouver un festival qui offre de réelles découvertes. Déjà à sa 6ème édition, Panoramas n'usurpe pas son nom. L'équipe organisatrice, réunie au sein de l'association Wart, a choisi de privilégier les nouveaux venus de la scène électro, rock et hip hop. Un seul mot d’ordre : se confronter !
Rodolphe Burger et Olivier Cadiot avaient ouvert les hostilités mercredi dernier avant de laisser la place, le lendemain au groupe Man. Ce duo nantais a hypnotisé le public avec un jazz électronique instrumental de toute beauté qui doit autant à l’ambiant qu’aux expérimentations de Steve Reich. Rubin Steiner devra lui aussi affronter quelques problèmes techniques avant d’imposer sa classe en mixant des classiques de la dance music, Tom Tom club ou les derniers maxis du label allemand Bpitch control sans oublier ses propres productions avec son nouveau label Travaux Publics. L’idée de ce label, explique le Tourangeau vers 3 heures du matin, est d’ouvrir un chantier musical permanent qui verra les musiciens de la scène électronique française produire des titres sur un thème commun: la musique punk et le piano solo. Bosco, Olaf Hund, Arthur H ou bien sur Rubin Steiner bien sur sont de la partie.
Le festival s'est développé parallèlement au groupe Abstrakt Keal Agram, 100 % morlaisien, créé pour la première édition et qui vient de sortir son deuxième album Cluster ville sur le label Goom. Les AkA, comme on les surnomme dans la région, est sans doute ce qui est arrivé de mieux à la musique électronique depuis plusieurs années : rock, électronica et hip hop. Ce trio breton, loin de l’influence des grandes mégapoles, impose un son unique en France. Avec des artistes tels que TTC et La Caution présents jeudi soir eux aussi, ainsi que M83, une nouvelle génération de musiciens est en train de voir le jour : un pied dans le hip hop, l’autre dans l’électronique. L’heure n’est plus à la discrimination culturelle entre ces deux genres mais à un vrai retour aux sources communes. TTC, seul groupe de hip hop français signé sur un label anglais Big Dada, et La Caution, présent sur l’album d'AkA, nous le rappelleront après leur show détonnant : "Le hip hop a toujours été une musique qui s’est inspirée des autres. Quand tu samples du funk, de la soul, de la musique classique ou du rock sur un titre, tu puises dans tout ce qui tombe sous la main. Alors pourquoi pas l’électronique ? L’électronique qui va lorgner vers le rock et le hip hop, qui flirte avec les beats électroniques, cela n’a plus rien de surprenant pour cette nouvelle génération de musiciens qui avance main dans la main. C’est comme ça que naît une scène!"
La soirée de samedi est à la hauteur de la programmation, même si le Brésilien Amon Tobin déçoit quelque peu avec son DJ set convenu. Le quintette d’Angers, Zenzile, confirme en revanche qu’il est bien le meilleur groupe de dub français en live. Le sound system du Peuple de l’herbe accompagné par JC001, qui a travaillé entre autre avec l'Anglais Nitin Sawney, brouille d’avantage les pistes. Electronique, reggae, dub, jungle, peu importe le style, tout est "métissable".
C’est l’infatigable Crystal Distorsion qui a la lourde charge de conclure ce Panoramas dont le seul bémol pour cette sixième édition, est le public qui n'a que timidement suivi la programmation pointue, certes, mais audacieuse. Le festival risque de rencontrer de sérieuses difficultés financières - les subventions de Panoramas étant ridiculement basses au regard de son grand frère rennais, par exemple. Il serait regrettable que, faute de soutiens suffisants, un festival de cette qualité artistique, animée par une équipe chaleureuse et compétente, ne trouve pas de solutions qui le pérenne définitivement. Les Transmusicales de Rennes sont encore et toujours soutenues par la mairie. Celle de Morlaix aurait raison d'aider Panoramas à poursuivre son travail de défricheur : on appelle cela de la politique culturelle!