La house renouvelée

La house music a perdu de sa spontanéité, de son audace et de sa pertinence depuis que les producteurs sont plus obsédés par leurs cachets que par la qualité artistique de leurs albums. Heureusement, de nouveaux artistes pointent le bout de leur nez. Trois exemples de ce renouveau artistique made in France.

Trois disques pour découvrir les futures tendances de la musique électronique française.

La house music a perdu de sa spontanéité, de son audace et de sa pertinence depuis que les producteurs sont plus obsédés par leurs cachets que par la qualité artistique de leurs albums. Heureusement, de nouveaux artistes pointent le bout de leur nez. Trois exemples de ce renouveau artistique made in France.

Pushy ! Free form (Furtif records)

Qui ?
Chris, ancien membre des VRP et activiste de la scène alternative rock française. Depuis cinq ans, il travaille en duo avec Yod, aujourd’hui en solo sur le projet Pushy! Résolument hors des modes, le Parisien s’est tout d’abord penché sur la jungle avec ses premiers maxis avant de se lancer, pour la première fois sur le format album.

Son style ?
Pushy ! ne fait partie d’aucune chapelle. Pourtant on peut classer les travaux du Français sous l’appellation "expérimentale". Expérimentation ne veut pas dire ici "élitisme". Le travail de Pushy! repose sur la recherche sonore, l’explosion des mélodies et la déstructuration des couches sonores. Pushy! fait donc partie de cette nouvelle génération de producteurs qui souhaite s’éloigner des canons de la musique électronique devenus trop rigide à son goût.

Pour quel public ?
Pour tous ceux qui pensent que Bob Sinclar n’est qu’un vil copieur des producteurs noirs américains funk et soul des années 70. Pour tous ceux qui n’ont pas les oreilles encrassées par la dictature des charts. Pour tous ceux qui apprécient les travaux de Squarepusher, d’Aphex twin ou d’Autechre. Pour tous ceux qui prennent le temps - et c’est un luxe - d’entrer dans un univers.

Ivan SmaggheHow to kill the dj (Tigersushi records/Discograph)

Qui ?
Ancien vendeur au sein de la mythique boutique de disque parisienne Rough Trade. Producteur avec Arnaud Robotinni sous le pseudo Black Strobe. Auteur des excellentes compilations Test. Co-fondateur du label Set , DJ et co-organisateur avec Fanny Corral des soirées How to kill the dj au Pulp à Paris une fois par mois. Reconnu comme l’un des acteurs les moins souriants de la scène électronique française mais sans conteste, l’un des plus talentueux. Smagghe ou l’intégrité comme philosophie de vie.

Son style ?
How to kill the dj est une compilation mixée des titres les plus joués lors des soirées du même nom. Electro, Rock ou techno bizarroïde, Smagghe se permet de jouer à peu près n’importe quel style mais pas n’importe quoi. Le Parisien reste sous influence 80’s mais rejette l’étiquette nostalgique. Les trois quarts des artistes réunis ici sont de parfaits inconnus pour le grand public, hormis Soft Cell remixé par Smagghe en personne.

Pour quel public ?
Les danseurs impénitents qui refusent de se trémousser sur les disques de Bob Sinclar. Les amoureux d’ambiances underground et élitistes. Les fans de petits clubs où riches, pauvres, branchés, débranchés, homos, hétéros, beaux et laids se déhanchent jusqu’au petit matin sur des disques que personne ne connaît hormis Ivan Smagghe. Pour un public ouvert d’esprit tout simplement!

JoakimFantômes (Versatile)

Qui ?
Joakim Bouaziz de son vrai nom est l’un des poulains de Gilb’r, fondateur du label Versatile sur lequel sont signés I cube, Château Flight ou encore Phil Asher. Pianiste et concertiste, cet ancien élève du Conservatoire national de Versailles signe là son deuxième album. Il fait partie de la nouvelle génération de producteurs électroniques français plus influencée par le jazz que par la techno de Détroit.

Son style ?
Inimitable. Joakim navigue entre nu-jazz ( jazz électronique ), musique classique, bande originale de film et électronica. Impossible ici de citer toutes les influences de ce jeune surdoué. Pour vous donner une idée lorsqu’il mixe : il est capable d’enchaîner un vieux Bob Marley avec le dernier maxi de Air. Eclectique, donc passionnant.

Pour quel public ?
Définitivement pas ceux qui apprécient les ballades de Bob Sinclar. Pour les amateurs de jazz éclairés et modernes. Pour ceux qui ont un minimum d’humour (cf. le titre L’amour, c’est pas pour les caniches). Pour les fans de Sun Ra et du groupe anglais Cinématic orchestra. Pour tous ceux qui ne supportent pas la musique de clubs mais celle qui s’écoute au coin du feu.