Découvrir le prix RFI musiques du monde
Depuis 1981, RFI organise chaque année le Prix RFI Musiques du Monde, qui a permis de découvrir bon nombre des nouveaux talents issus d'Afrique, des îles de l'océan Indien et des Caraïbes. Découvrir, compilation de seize titres, vient de sortir et présente un florilège des anciens lauréats de ce concours.
Une compilation réunit les anciens lauréats
Depuis 1981, RFI organise chaque année le Prix RFI Musiques du Monde, qui a permis de découvrir bon nombre des nouveaux talents issus d'Afrique, des îles de l'océan Indien et des Caraïbes. Découvrir, compilation de seize titres, vient de sortir et présente un florilège des anciens lauréats de ce concours.
Tiken Jah Fakoly, Rokia Traoré, Sally Nyolo, Habib Koité, Amadou et Mariam, Régis Gizavo... Tous ces artistes qui tournent aujourd'hui dans le monde entier ont été, à un moment donné de leur carrière, lauréats de ce Prix, véritable passeport pour débuter une carrière internationale sur le marché du disque et du spectacle. La nouvelle édition de ce Prix est d'ores et déjà ouverte, et si vous, artistes, souhaitez participer à cette nouvelle édition, consultez le réglement et adressez-nous vos cassettes ou CD avant le 15 juin.
Entretien avec Bela Bowe, responsable à RFI de ce concours.
RFI Musique : Pourquoi une telle compilation Découvrir aujourd'hui ?
Bela Bowé : L'idée est de présenter le travail qui a été fait depuis plusieurs années sur le Prix RFI Musiques du Monde, qui a une longue histoire, puisque sa création remonte à 1981. Au départ, il s'agissait d'un prix basé sur un concours radiophonique, avec un titre proposé par artiste et la participation des radios nationales des pays africains. Petit à petit, ce concours s'est professionalisé pour prendre sa forme actuelle. Ce qui n'empêche pas le prix d'évoluer, comme cette année. A travers cette compilation, je trouvais intéressant de présenter au public et à la profession l'une des activités de mécenat de Radio France Internationale. L'idée n'est pas nouvelle, puisque chaque année, on faisait des compilations qui étaient envoyées à l'usage des radios partenaires de RFI dont on se servait pour communiquer. Mais cela restait dans le domaine professionnel. L'intérêt est donc de réaliser un CD pour le grand public qui a regroupé 16 lauréats.
RFI Musique : C'est l'histoire du concours ?
B.B : Oui, puisque l'on retrouve des lauréats qui ont fait leur chemin, comme Amadou et Mariam, qui sont des lauréats de 1982, jusqu'au lauréat de l'année dernière, le Malgache Rajery. Cela retrace donc l'histoire du Prix RFI Musiques du Monde, anciennement Découvertes RFI.
RFI Musique : Ces artistes sont heureux de se retrouver ensemble sur un tel disque ?
B.B : Oui, car c'est une compilation de qualité qui montre le travail qui a été fait. On peut voir que bon nombre de ces artistes font toujours carrière. Nous sommes à la base pour aider au développement d'une carrière, comme "starter", comme on dit dans le milieu. Pour des artistes tels que Tiken Jah Fakoly, Rokia Traoré, Mikidache ou Sally Nyolo, avoir bénéficié de l'aide de RFI a été non négligeable pour le développement de leur carrière. Avant d'être lauréat en 1999, Mikidache avait vendu 250 albums, et son disque n'était plus référencé dans les magasins. Avec le prix et les opérations de partenariat que l'on a monté autour, il en a vendu 6.000, ce qui, en World Music, est très honnête.
RFI Musique : Et tous ces artistes sont toujours dans l'actualité ?
B.B : Oui, Tiken Jah vient de recevoir une Victoire de la musique ; Sally Nyolo a repris ses incessantes tournées à l'étranger ; Rajery assurait la première partie, samedi dernier, d'Ismael Lô au Zénith et participera à de nombreux festivals cet été. Ils continuent tous leur chemin comme Coco Mbassi, qui a sorti un disque récemment ; Régis Gizavo, accordéonniste attitré du groupe corse I Muvrini et chanteur malgache, lauréat en 1990, et qui a enregistré avec l'artiste brésilien Lénine et avec Sting. C'est aussi l'occasion de retrouver Beethova Obas, qui sortira bientôt un album dont on propose un extrait inédit dans cette compiliation, de même que Tiken Jah qui nous propose un titre inédit sur le marché français. Ce que je trouvais intéressant, c'était de montrer les choix opérés par les différents jurys. On trouve des artistes de musique urbaine africaine, d'autres de musiques de l'océan Indien, qui sont beaucoup plus "roots", mais aussi des ambiances acoutisques, d'autres plus électriques, enfin du rap, et de la musique plus traditionnelle. Une jeune fille comme Rokia Traoré a bénéficié du "buzz" du prix RFI Musiques du Monde, qui a lancé sa carrière. La plupart de ces artistes font une carrière internationale. Même si Habib Koité n'a jamais vraiment percé en France, il marche très fort en Belgique, en Allemagne ou aux Etats-Unis, où il a collaboré avec Jackson Browne ou l'Art Ensemble de Chicago. Il me semblait intérressant de montrer toutes ces facettes de la musique world issue des pays d'Afrique.
RFI Musique : L'édition 2003 est un retour aux sources du concours ?
B.B : Nous essayons chaque fois de faire un bilan de ce qui a été fait sur l'année, voir comment optimiser ces actions pour aller plus loin, d'une manière différente. On a décidé, pour cette année, de revenir au travail réalisé du début des années 80 au milieu des années 90, c'est-à-dire de fonctionner avec des artistes qui n'ont pas encore de débouchés sur le marché français ni sur le marché européen. Des artistes qui ont déjà produit sur le marché local un ou deux CD ou quatre cassettes. Nous commencerons par recevoir des candidatures, la date limite étant le 15 juin. Ensuite, le comité d'écoute de RFI se réunira pour les écouter et sélectionner les trois meilleures candidatures. Nous contacterons les artistes, puis nous organiserons une finale dans une capitale africaine, où ces artistes se produiront. A l'issue de leur prestation, le jury décidera du lauréat. Par la suite, l'artiste sélectionné se produira dans une salle parisienne devant des professionnels, avec peut-être un contrat à la clé. Le problème auquel nous sommes confrontés sont les moyens de production locaux. Tout cela sera pris en considération, il ne reste plus qu'à espérer de bonnes candidatures. Dans le jury, nous comptons faire participer des professionnels français, notamment des éditeurs, qui nous suivrons dans la capitale africaine choisie. L'une des bases du métier d'éditeur est de porter le travail d'un artiste à maturation. Il est donc important pour nous qu'ils soient partie prenante de notre action.
RFI Musique : Quels conseils donneriez-vous aux artistes qui souhaiteraient envoyer leur candidature afin de retenir l'attention du jury ?
B.B : Il serait préférable qu'ils nous envoient leur travail sur CD plutôt que sur cassette pour des raisons de qualité sonore. L'an dernier, j'ai reçu la cassette de Pape et Cheick qui venait juste de sortir au Sénégal. La qualité sonore n'était pas très bonne, mais cela ne nous a pas empêché de les remarquer et ils ont signé quelques mois plus tard sur le label de Peter Gabriel, Real World. Pour ce qui est de donner des conseils, c'est délicat… Nous jugeons la qualité des mélodies et des voix, l'instrumentation, l'univers sonore de l'artiste.
Et puis l'on cherche quelque chose qui puisse avoir un potentiel international. Nous sommes une radio internationale, nous exposons donc les artistes primés à l'international. D'ailleurs, pour en revenir à cette compilation de nos anciens lauréats, on peut constater que les deux tiers de ces artistes tournent au moins sur trois ou quatre continents. Ce sont donc des artistes qui ont un potentiel à l'international, grâce à un mélange de leurs racines et de musiques actuelles. C'est un peu dans ce sens-là que l'on essaie de travailler. Mais il n'empêche que la musique de Rajery, par exemple, paraît très "roots", alors qu'elle est très moderne. Il a formaté sa musique tout en respectant le fond.
Finalement, nous jugeons des artistes qui interprètent aussi bien du hip-hop que des musiques traditionnelles. Donner des conseils reviendrait à se mettre à la place d'un producteur, ce qui n'est pas vraiment notre propos de départ, même si, par la suite, nos oreilles font un peu ce chemin-là.
Album : Découvrir - Sélection RFI Musiques du Monde (Universal Jazz ref 0688637 2) avec Tiken Jah Fakoly, Rokia Traoré, Amadou et Mariam, Mangu, N'Java...
Alain Pilot présentera deux émissions spéciales de "La bande passante" sur l'antenne de RFI à l'occasion de la sortie de cette compilation avec le Comorien Mikidache, lauréat 1999, le 18 avril et la Camerounaise Sally Nyolo, lauréate 1997, le 25 avril à 14h40 T.U.