Maurane

La puissante voix belge francophone nous revient avec seize chansons teintées d'optimisme et de rêverie. Quand l'humain danse le sixième album studio de Maurane, est un fabuleux ode d'optimisme, avec plusieurs duos (Lavoine, Fabian, Sanson) et la patte de Goldman pour quatre chansons.

Dansons!

La puissante voix belge francophone nous revient avec seize chansons teintées d'optimisme et de rêverie. Quand l'humain danse le sixième album studio de Maurane, est un fabuleux ode d'optimisme, avec plusieurs duos (Lavoine, Fabian, Sanson) et la patte de Goldman pour quatre chansons.

Dans ce restaurant verdoyant de Bruxelles, Maurane apparaît joyeuse, souriante. Durant ces derniers mois, elle s'est laissée aller à son caprice favori : vagabonder au gré de musiques et d'amitiés diverses. Le jazz avec ses vieux complices Steve Houben et Charles Loos qui ont reformé le groupe HLM (Houben Loos Maurane). Le classique avec l'actrice Marie Gillain et le violoncelle de Marie Hallynck pour "Bach au féminin" en juin. On l'a même vu interpréter, en compagnie de l'Orchestre philharmonique de Liège, le fameux Duo des chats de Berthold. Ou encore se prendre d'une passion de raconter Babar aux enfants.

En pleine forme, quelques kilos en moins, Maurane signe donc avec ce nouvel album, le sixième réalisé en studio sous son nom, un retour à l'optimisme… plutôt rêveur. Enregistré et mixé pour l'essentiel au studio ICP de Bruxelles, Quand l'humain danse pourrait être qualifié comme un album des duos : Un pays mais avec Marc Lavoine, Mais la vie… avec Lara Fabian, Petites minutes cannibales avec Véronique Sanson.

Mais la nouveauté vient d'ailleurs. Une manière de mettre en musique, où les mots viennent s'emboîter dans tous les interstices ludiques comme s’ils avaient été conçus l'un pour l'autre. Un peu blues, un tantinet charme, un rien tube. Aux côtés des fidèles de Maurane - Peter Lorne, Arnould Massart, Jean-Claude Vanier et à la réalisation, Nicolas Fiszman, Jean-Jacques Goldman a ainsi signé quatre titres. D'un Tout faux qui perpétue la tradition du dialogue de sourd amoureux à la petite comptine "au clair de ma plume" paraphrasant un classique de notre patrimoine au service de l'écriture, en passant par l'inspiration plus jazz de Ce que le blues a fait de moi ou Des millions de fois, il étale toute la palette de son savoir-faire donnant aussi à Maurane la possibilité de laisser résonner ce qui reste une des plus belles voix de la francophonie.

Dans tout nouvel album, on cherche la comparaison avec les précédents. Comment situez-vous le petit nouveau ?
Je ne sais pas si celui-ci est meilleur que le précédent ou plus fort. Il est peut-être plus accessible. Le précédent était plus un album d'ambiance. Presque plus proche de la musique de film que de la chanson. Ici, il y a de vraies mélodies qui vont d'un bout à l'autre, qui ressemblent à des chansons. Il est aussi plus gai. Sur le précédent album, j'avais parlé beaucoup de violence. Ici, mis à part Graine d'immortelle et Tout faux et une ou deux autres, ce sont des chansons vachement optimistes.

Comment écrit-on un album comme celui-ci ?
Je ne suis pas automatiquement lente à écrire, j'écris même tout le temps. Mais j'ai du mal à réunir toutes les chansons. Et surtout, je n'ai pas envie de faire tout toute seule. L'inspiration des autres vous ouvre des portes et de belles portes. En même temps, j'ai une réaction assez physique aux chansons. Elles me parlent, elles me chantent. Elles me donnent la chair de poule ou le magret de canard, comme vous voulez. Et puis quelquefois, elles demandent à être apprivoisées. Tout cela prend du temps.

Cet album est aussi celui des amis qui vous ont prêté leur voix, leur texte ?
Il y en avait déjà un paquet dans le précédent album. Mais cette fois, c'est vrai, j'ai mis tout le monde (rires)… Je ne l'ai pas vraiment fait exprès. Cela s'est fait au fur et à mesure des rencontres. Il y a des gens avec qui j'ai travaillé et avec qui je ne travaille plus depuis un moment et qui reviennent. Je me sens bien comme çà. Même si à des moments donnés avec certains, ce fut contre vents et marées, il y a toujours un moment où on se retrouve. Il y a une fidélité dans les deux sens.

Un album «tutti-frutti» donc ?
Oui, on peut le résumer comme çà. C'est un cocktail de toutes les époques, de toutes les musiques, de tous les genres et de tous les gens que j'ai côtoyés depuis tant d'années. Il y a quand même une grande famille d'amis, mais qui étaient là au début, qui étaient là plus tard, qui étaient là au milieu.

Votre titre préféré ?
J'adore Sans demander. Quand j'ai reçu la première maquette de Daniel (Lavoie) et que j'ai su que c'était un texte de Louise Forestier, cela m'a beaucoup touché. Ce sont des personnes que j'aime énormément. Et j'ai vraiment senti aussi qu'ils m'aimaient beaucoup. Cette chanson était vraiment pour moi.

Un pays mais, ce n'est pas un tantinet patriotique ?
Vous trouvez ? Non, ça n'a rien de patriotique. Mais je sais pourquoi vous dites çà. Car les premières notes, ça fait …(et elle chantonne), ça fait penser à Douce France. Pour moi, le pays, ce peut être des sentiments. Ce n'est pas forcément un vrai pays. C'est une image. C'est ce qu'il y a côté de nous, et qu'on ne voit pas, ce peut être l'amour de l'autre. L'évidence est à côté. Il ne suffit pas d'aller loin pour la trouver. Quelquefois vous passez à côté parce que vous ne le voyez pas. Le pays, ça parle plus d'amour que de géographie.

A de nombreuses occasions - les Restos du coeur, l'association Sol en Si, vous avez manifesté votre solidarité avec les autres. Et cependant, on ne peut pas dire que vous êtes une artiste engagée ?
Quand ça touche les enfants, des gens qui à côté de soi ne mangent pas à leur faim, on ne peut pas rester indifférente. Je suis touchée, cela me donne envie de bouger. Avant, je disais toujours que j'étais une chanteuse dégagée, que je ne voulais pas être engagée, que cela ne servait à rien. En fait, quand je vois à quel point la musique fait bouger les choses et fait avancer les choses, je me dis qu'il n'y a plus que çà à faire...y aller.

Certaines actualités ne vous font-elles pas réagir aussi ?
Oui bien sûr, j'ai des révoltes. Comme tout le monde, cette violence… Je peux vous dire que Bush, je l'ai dans le pif… Je ne regarde d'ailleurs plus trop les actualités car je trouve qu'on médiatise beaucoup trop ces guerres, qu'on leur donne finalement une importance. Les gens allument la télé, s'aperçoivent qu'ils ont leur petite guerre en direct. Il y a un côté très malsain. Forcément, j'ai envie d'harmonie, d'humanisme, d'amour.

Ce besoin de sérénité, on le retrouve tout au long de cet album…
Sur le précédent album, j'ai parlé beaucoup de violence, de la planète. Des sujets plus graves, peut-être plus universels. Mais toujours avec mes mots, je suis quelqu'un qui rêve beaucoup. L'utopie fait partie de ma vie. Mais le rêve peut être le premier pas vers la réalité. Tant qu'à faire je continue à rêver et voilà. Essayer de m'accrocher à l'énergie belle qu'on peut mettre dans les choses. Plutôt que l'énergie mauvaise. Voilà. Je crois toujours dans l'humain sinon je me tire une balle… Je pense que l'humain est capable de grandes choses s'il se donne les moyens de bouger dans le bon sens. Quand l'humain danse, tout va.

Si Bush dansait de temps en temps, ce ne serait pas mal alors…
Oh mais Bush il ne dansera jamais. Le pauvre ! C'est un petit soldat. Un petit soldat, ça ne danse pas. Un petit soldat, ça tire dans tous les sens. Un petit soldat, ça veut tout gérer, tout dominer. Bush, il ne dansera jamais...

Maurane Quand l'humain danse Poulidor 2003