SWEETY DECLINE SES VALEURS

Tes Valeurs, premier opus attendu de Sweety, conforte la tchatcheuse dans le rôle de reine du dancehall hexagonal. La jeune femme qui n’a pas sa langue dans sa poche avait conquis le coeur des aficionados du genre grâce à un duo avec le Jamaïcain Sizzla, avant d’élargir son succès avec On n’sait jamais, un titre enregistré avec Leslie et le groupe ivoirien Magic System.

Premier album

Tes Valeurs, premier opus attendu de Sweety, conforte la tchatcheuse dans le rôle de reine du dancehall hexagonal. La jeune femme qui n’a pas sa langue dans sa poche avait conquis le coeur des aficionados du genre grâce à un duo avec le Jamaïcain Sizzla, avant d’élargir son succès avec On n’sait jamais, un titre enregistré avec Leslie et le groupe ivoirien Magic System.

L’album s’ouvre comme un conte de fées: "Il était une fois en France métropolitaine, il y a deux ans de cela" et se poursuit par un dialogue entre un directeur artistique de maison de disques et la jeune Sweety, les maquettes de son album sous le bras. Mais très vite, trop vite, le conte de fées vire au cauchemar. En effet, sans même vraiment écouter les titres de la DeeJay (au sens jamaïcain du terme, le DeeJay est la personne qui pose ses textes sur des versions instrumentales et non la personne qui mixe ces versions aux platines), Sweety est invitée sans ménagement à prendre la porte. Cette fin de non-recevoir qui ne fut pas la seule manifestement, n’a pas découragé la jeune fille qui ne jurait que par le dancehall, ce genre jamaïcain direct et prolixe. "Je n’ai pas lâché l’affaire" avoue-t-elle et elle a eu raison, car au début de l’année la major WEA commercialisait Tes valeurs, son premier opus.

De Paris à Londres en passant par les Antilles
Intéressons-nous à la personnalité et à l’histoire de cette trentenaire battante. Née en France, mais grandi sous le soleil guadeloupéen jusqu’à l’âge de 6 ans, Sweety revient en métropole où elle pratique la danse folklorique avant d’être attirée par les beats hip-hop et r’n’b. A 18 ans, elle s’exile pour Londres où elle découvre le raggamuffin au contact d’amis de la communauté anglo-jamaïcaine. "Ça a été une grande claque" se souvient-elle. "Le premier sound system auquel j’ai assisté était celui du Stone Love. Cela m’a donné la direction. Ensuite, je n’ai eu de cesse de répéter sur des cassettes à la maison. Mon séjour dans la capitale anglaise m’a permis de comprendre la musique que je fais désormais, de comprendre les codes et l’esprit du dancehall. Chez les Jamaïcains, par exemple le sexe n’est pas tabou, d’où l’inflation de lyrics crus qui parfois choquent ici" explique-t-elle. "C’est à Londres, que je me suis lâché la première fois au micro. Le public a fort bien réagi."

Sweety et Sizzla en combinaison
De retour à Paris après quatre années passées au bord de la Tamise, Sweety investit les sound-systems : "La première fois ici, c’était à Montreuil en 99. Là encore, le public était en folie. J’ai compris que je devais faire ma place. Dès qu’il y avait des micros ouverts, je me précipitai dessus. J’étais la seule fille. Mes collègues masculins étaient galants avec un petit sourire en coin sur leurs visages qui en disait long sur la façon dont ils me percevaient. Il pensait que j’étais “gentille” et que je ne serais jamais une concurrente de taille, une Lady Saw (référence jamaïcaine du genre) capable de leur faire de l’ombre. Peu à peu, leur attitude a évolué car je devenais une véritable adversaire capable de poser sur toutes les versions sans complexe aucun".

Au début du nouveau millénaire, Sweety s’envole pour un court séjour d’une dizaine de jours en Jamaïque, la Mecque du ragga. Par hasard, elle croise le grand Sizzla au Anchor Studio à Kingston. "A l’époque, il n’avait encore jamais fait de duo avec une femme et encore moins une Européenne, donc quand il a accepté de poser avec moi, ça m’a donné confiance et a renforcé ma crédibilité à mon retour en France". Plus de crédibilité, mais aussi plus de ragots, car les mauvaises langues se déchaînent: "Soudain, on me regardait différemment. Certains disaient que cela avait coûté cher ou que l’on ne s’était pas vraiment rencontré, que ce duo (cette combinaison comme on dit dans le dancehall) avait été réalisé par DAT interposé, quand on ne murmurait pas derrière mon dos que j’avais couché pour en arriver là. Mais moi, je savais que non, je savais que j’avais bien travaillé avec lui sur un son du Ruff Cut Jamaïca, avec Doctor Marshall comme ingénieur du son et Sugar comme producteur éxécutif. Peu à peu, je me suis construit une armure à ragots".

Acharnée, Sweety travaille d’arrache-pied, affine son flow, assure sa présence scénique. Remarquée dans l’émission Hit Machine (M6), Sweety attise la curiosité de plusieurs D.A. de maisons de disques: "Tout à coup, le fait d’être une femme devenait un plus, il y avait moins de concurrence. Avant moi, il y avait juste eu Princess Erika, et encore c’était du reggae pas du dancehall. Ils ont donc cherché à me formater, à faire de moi une Patra (autre star jamaïcaine du genre). Mais j’avais trop lutter pour m’imposer pour chanter n’importe quoi" raconte Sweety qui a finit par imposer ses Valeurs au début de l’année, sur la major Warner.

Le respect comme ligne de conduite
Réalisé par plusieurs producteurs Dominique Dorothée (JamaDom), Laskez (Mek it Happen), Georges et Kool (Up Com), Maleko (E.M.C. Records/Tout Mizik), Dion Henderson (Up Com), Suger Crucial Zebulon (1st Foundation Musik) et par elle-même, Tes Valeurs est pour Sweety "l’occasion de prouver que la femme dans le dancehall peut être autre chose que des seins et un cul que l’on exhibe dans les clips comme une plante verte sur la table. Je me bats contre cette image faussée de la femme" déclare-t-elle, sans oublier les îles dont elle est originaire: "Les Antilles françaises vont mal. Crack, insécurité, chaînes d’hôtels qui veulent quitter la Martinique et la Guadeloupe, rien ne va plus là-bas. En plus, l’image des fainéants que l’on colle trop souvent aux Antillais n’est pas fait pour arranger l’affaire de ces îles où j’aime me ressourcer. Je veux aussi montrer que les Antillais savent être des battants".

Des battants et des lovers comme le prouve Mon Homme, une chanson d’amour "pour l’homme que j’aime que je respecte, qui se respecte et qui me respecte". Le respect semble donc être une des valeurs premières de la miss à qui l’on peut reprocher parfois certaines facilités d’écriture comme ce "Je déplacerai des montagnes si tu en fais le souhait. J’irai où tu me le demandes mais si c’est avec toi que j’y vais…" (extrait de Mon Homme). Mais au-delà de la forme, le fond du propos de Sweety reste touchant et réaliste. Immanquablement plus rassurants que les diatribes ego-trips de nombres de ses collègues, les textes de Sweety sonnent comme des lignes de conduite dans une époque qui en manque.

On n’sait jamais
Tous ceux qui ont découvert Sweety via On n’sait jamais, le titre qu’elle a enregistré en compagnie de Magic System à l’invitation de Leslie, regretteront juste l’absence du titre sur son album. "Leslie et moi, nous nous entendons bien. Au départ, on devait enregistrer ce titre qui parle de l’Afrique toutes les deux. J’ai suggéré le nom de Magic System, les auteurs du tube Premier Gaou. Leslie a été emballée. On leur a proposé et ils ont demandé à nous rencontrer avant d’accepter. On a été touché par leur geste car jamais auparavant ils n’avaient accepté ce genre de rencontre. Leslie est une Européenne née en Afrique. Les Magic System sont ivoiriens quant à moi, je suis antillaise. A nous trois, nous présentons une vision globale de l’Afrique" ajoute-t-elle avant de reprendre une pensée d’un autre raggamuffin, Daddy Mory en l’occurrence: "Serrons-nous les coudes pour une Afrique plus unis, pour un monde plus unis!".

Squaaly

Le respect comme ligne de conduite
Réalisé par plusieurs producteurs Dominique Dorothée (JamaDom), Laskez (Mek it Happen), Georges et Kool (Up Com), Maleko (E.M.C. Records/Tout Mizik), Dion Henderson (Up Com), Suger Crucial Zebulon (1st Foundation Musik) et par elle-même, Tes Valeurs est pour Sweety "l’occasion de prouver que la femme dans le dancehall peut être autre chose que des seins et un cul que l’on exhibe dans les clips comme une plante verte sur la table. Je me bats contre cette image faussée de la femme" déclare-t-elle, sans oublier les îles dont elle est originaire: "Les Antilles françaises vont mal. Crack, insécurité, chaînes d’hôtels qui veulent quitter la Martinique et la Guadeloupe, rien ne va plus là-bas. En plus, l’image des fainéants que l’on colle trop souvent aux Antillais n’est pas fait pour arranger l’affaire de ces îles où j’aime me ressourcer. Je veux aussi montrer que les Antillais savent être des battants".

Des battants et des lovers comme le prouve Mon Homme, une chanson d’amour "pour l’homme que j’aime que je respecte, qui se respecte et qui me respecte". Le respect semble donc être une des valeurs premières de la miss à qui l’on peut reprocher parfois certaines facilités d’écriture comme ce "Je déplacerai des montagnes si tu en fais le souhait. J’irai où tu me le demandes mais si c’est avec toi que j’y vais…" (extrait de Mon Homme). Mais au-delà de la forme, le fond du propos de Sweety reste touchant et réaliste. Immanquablement plus rassurants que les diatribes ego-trips de nombres de ses collègues, les textes de Sweety sonnent comme des lignes de conduite dans une époque qui en manque.

On n’sait jamais
Tous ceux qui ont découvert Sweety via On n’sait jamais, le titre qu’elle a enregistré en compagnie de Magic System à l’invitation de Leslie, regretteront juste l’absence du titre sur son album. "Leslie et moi, nous nous entendons bien. Au départ, on devait enregistrer ce titre qui parle de l’Afrique toutes les deux. J’ai suggéré le nom de Magic System, les auteurs du tube Premier Gaou. Leslie a été emballée. On leur a proposé et ils ont demandé à nous rencontrer avant d’accepter. On a été touché par leur geste car jamais auparavant ils n’avaient accepté ce genre de rencontre. Leslie est une Européenne née en Afrique. Les Magic System sont ivoiriens quant à moi, je suis antillaise. A nous trois, nous présentons une vision globale de l’Afrique" ajoute-t-elle avant de reprendre une pensée d’un autre raggamuffin, Daddy Mory en l’occurrence: "Serrons-nous les coudes pour une Afrique plus unis, pour un monde plus unis!".