Une nuit avec Johnny

Plus une place de libre dans le Parc des Prince pour cette date inaugurale à Paris. Venus des quatre coins de France, ils sont plus de 50.000 à converger vers le stade pour souffler, avec cinq jours d’avance, les soixante ans de Johnny Hallyday, LA star française. Certains ont leur billet depuis un an et demi ! Compte rendu d’une soirée où le spectacle n’était pas que sur scène.

Première soirée parisienne de la Tournée des stades

Plus une place de libre dans le Parc des Prince pour cette date inaugurale à Paris. Venus des quatre coins de France, ils sont plus de 50.000 à converger vers le stade pour souffler, avec cinq jours d’avance, les soixante ans de Johnny Hallyday, LA star française. Certains ont leur billet depuis un an et demi ! Compte rendu d’une soirée où le spectacle n’était pas que sur scène.

20h: Avant d’entrer dans le Parc, petit détour par une des nombreuses boutiques officielles Johnny Hallyday. Une famille fait ses emplettes: un programme lumineux (15 euros), un bandana (10 euros), quatre t-shirts (20 euros pièce), un briquet (3 euros), le tout bien entendu à l’effigie de la vedette. Le compte y est? Non, il manque les jumelles Johnny (10 euros) pour ne rien rater du show.

20h 45: dans le rôle du hors d’oeuvre, Yannick Noah s’en tire honorablement après quarante cinq minutes de tour de chant. Il quitte le plateau sous les applaudissements. L’attente commence. "Johnny, Johnny!", scande le public. Une hola apparaît timidement. Entrée sur la pelouse. Même en forçant poliment, impossible d’arriver à moins de dix mètres de la scène. Les premiers râleurs se font entendre "Ça devait commencer à 21h, il est 21h10". Les entrées de Johnny sont toujours spectaculaires. Va-t-il arriver sur scène en hélicoptère, en rappel, en moto? Les projecteurs tournoient dans le ciel... Ronald, un Américain exilé à Paris, attend, stoïque. "La première fois que j’ai vu Johnny, c’était en 1967 à Grenoble. Là, je reviens par curiosité et je serai encore là pour l’écouter dans 35 ans!"

22h: Johnny descend, tranquillement, en ascenseur. La foule s’enflamme. Lunettes noires, il arbore son costume cuir plastifié dessiné par Jean-Paul Gaultier. Les notes de Que je t’aime retentissent. Le choeur est unanime au premier refrain : la soirée est lancée. Johnny conserve une voix toujours aussi profonde et puissante. Même si un orchestre de cordes accompagne certains morceaux, le ton est très rock. Ce qui ne l’empêche pas de proposer, avec succès, une version revisitée techno et violons de Diego.
Le chanteur sait mettre le public dans sa poche : "J’ai beaucoup de chance car j’ai affaire à un public formidable". Sans être complètement dupe, la foule exulte à chaque phrase. "être avec vous ça me fait vraiment plaisir." Le plaisir est partagé malgré un léger problème de son. Dans le stade, chaque parole revient une demi-seconde plus tard en écho… Les invités se succèdent (Marc Lavoine, De Palmas, Natasha St Pier, etc.). Johnny reste très souvent statique, souriant mais concentré. Il ponctue chaque fin de chanson par des ah yeah ou wouh que l’assemblée reprend en choeur.

22h45: La scène s’obscurcit, images de jeux vidéos sur les écrans géants, l’orchestre au grand complet enchaîne des thèmes très cinéma.

22h55: Johnny est de retour pour Allumer le feu. On ne peut plus accéder à moins de 50 mètres de la scène. Hors du Parc, une famille, chacun sa casquette de Johnny vissée au crâne, attend près des grilles. "On devait avoir des places pour ce soir mais ça n’a pas marché. On reviendra mais on profite pour écouter, sans rien voir." Et elle n'est pas la seule. Aline, calée au milieu de la pelouse, tient depuis une heure son téléphone portable à bout de bras: "Ma mère est hospitalisée, elle ne peut pas venir, comme ça elle participe à la soirée."
Moment d’intimité dans le concert. Johnny s’approche du bord de la scène. Guitare à la main, il dédicace à sa femme, Laetitia, Loving you, une reprise d’Elvis. Applaudissements nourris.

00h15: Johnny conclut avec M’arrêter là. Les lumières se rallument. Pas de rappel. Quelques minutes plus tard, Christian, inscrit au fan club depuis 1971, quitte la boutique Johnny sans le briquet-guitare qu’il voulait. Tant pis. Cette soirée restera un bon souvenir. Arrivé à midi, il est entré à 16h dans le stade et n’a jamais quitté le premier rang. Une provocation pour voir: "Il n’a pas un peu vieilli Johnny, il bouge moins qu’avant sur scène ?", "C’est vrai, mais pour un mec de soixante ans, il a encore une sacrée présence." Sa femme renchérit: "Si Johnny était curé, j’irais à la messe tous les dimanche". Un peu plus loin, Eric a une explication : "Il s’économise, c’est juste le début de sa tournée".

00h 30: Des gros malabars avec des t-shirts rouge barré du mot steward invite de façon de plus en plus énergique les récalcitrants à vider les lieux.

00h 45: Quatre Toulousains, venus spécialement, refont la soirée :
- Il n’a pas beaucoup fait participer le public.
- C’est bien qu’il fasse dans la sobriété.
- Oui mais ses chansons sont moins entraînantes…
- C’est vrai, pour ses cinquante ans, ça bougeait plus.
- Moi j’ai 50 piges et j’ai bien dansé.
- L’acoustique n'était pas terrible, on ne comprenait même pas ce qu’il disait.
- Les invités n’étaient pas très toniques, j’aurais préféré Garou ou Eddy Mitchell.
- Il doit les garder pour sa vraie soirée d’anniversaire, le 15…

Même s’ils pinaillent, tous sont d’accord sur un point, "C’est toujours aussi bon de retrouver Johnny". Et pour en être bien sûr, ils ont déjà leurs billets pour d’autres dates sur la tournée.