La Fête de la musique 2003

Pour sa 22ème édition, la Fête de la Musique voit de plus en plus grand : 12.000 initiatives dans le monde, 111 pays mobilisés, une réelle mondialisation de la musique avec Paris comme quartier général. Avant la fête, RFI Musique fait le point :
- Trois questions à Hervé Bordier, co-créateur des Transmusicales de  Rennes et depuis 2002, coordinateur de la Fête de la Musique.
- Les Bureaux Export de Berlin et de Moscou nous parlent de leur Fête de la Musique.
- Le choix de RFI Musique sur quelques concerts à suivre…

Sous le signe du passage.

Pour sa 22ème édition, la Fête de la Musique voit de plus en plus grand : 12.000 initiatives dans le monde, 111 pays mobilisés, une réelle mondialisation de la musique avec Paris comme quartier général. Avant la fête, RFI Musique fait le point :
- Trois questions à Hervé Bordier, co-créateur des Transmusicales de  Rennes et depuis 2002, coordinateur de la Fête de la Musique.
- Les Bureaux Export de Berlin et de Moscou nous parlent de leur Fête de la Musique.
- Le choix de RFI Musique sur quelques concerts à suivre…

QUESTIONS À HERVÉ BORDIER :

RFI Musique : Quel est le fil rouge de cette édition 2003 ?
Hervé Bordier : La première année, mon choix était de redonner du sens à la fête de la musique en utilisant la thématique du "parcours". On voulait réfléchir vraiment à l'espace urbain, à la ville et ne pas se limiter à des podiums devant l'Hôtel de ville. Cette année, l'idée du "passage" est dans cette même logique. La Fête de la Musique a 21 ans et cette idée de passage de génération à une autre est importante, ainsi que le passage entre amateurs et professionnels. Enfin surtout cette année, on cible les enfants, l'éveil musical, l'éducation artistique. La Fête de la Musique reste un vivier de futurs musiciens, amateurs ou professionnels. Cette année - un samedi où parents et enfants sont disponibles-, je voudrais que les enfants s'approprient la fête.

Avez-vous un rôle de programmateur ?
Non, pas du tout. C'est un poste d'incitateur. On indique des axes thématiques comme pour le parcours du Marais, à Paris, autour de la jeune chanson française. Mais notre rôle est de coordonner l'ensemble des manifestations en France et dans le monde. L'an passé, 300 villes dans le monde ont fêté la musique sur un fuseau horaire de 24 heures. Douze millions de personne vont dans la rue pour découvrir des musiciens qu'ils ne connaissent pas. C'est une chance inouïe pour les artistes. Le succès de la fête tient aussi à cette diversité.

La Fête de la Musique est-elle un indicateur de l'impact des musiques francophones dans le monde ?
Je l'espère. J'aimerais qu'il y ait au moins un ou deux artistes français par ville dans le monde ce jour-là mais on en est encore loin. Ce serait bien qu'il y ait une plus grande réflexion là-dessus. On essaie aussi cette année de faire une opération autour de la musique classique. Parce qu'on a beaucoup parlé de la French Touch mais les jeunes musiciens classiques français sont partout à travers le monde et on en parle très peu. Donc on veut donner un coup de projecteur parce que la fête de la musique est une photographie de la pratique musicale en France et faisons en sorte que ce soit aussi démontré à travers l'international.

Propos recueillis par Catherine Pouplain

QUESTIONS AUX BUREAUX EXPORT (créées en 1993, leur mission est de promouvoir les musiques françaises à l'étranger) :

Bialka Wlodarczyk du Bureau Export à Moscou :

- La notoriété de la Fête de la Musique : elle n'est pas spécialement connue. Il y a eu ces trois dernières années plusieurs initiatives de la part de l'Ambassade de France. Mais il y a un problème délicat : le 22 juin est un jour férié en Russie qui commémore le début de la Seconde guerre mondiale. On s'est toujours interrogé sur l'opportunité de fêter la musique le 21. On a pris finalement le parti de le faire quand même car en sondant les gens qui fréquentent les concerts, plutôt les jeunes, on s'est aperçu que cela ne posait pas de problème majeur.
- La programmation : on va faire un concert en plein air qui va durer six heures et qui commencera à 16h au Jardin botanique MGU avec quatre groupes russes, un groupe allemand 17 Hippies et un groupe français, les Hurlements d'Léo. Ces deux groupes sont en train d'enregistrer un disque ensemble. Les Hurlements d'Léo sont déjà venus à Moscou 4 ou 5 fois et sont assez connus. Le public en redemande. Ce qui nous intéresse, c'est aussi le disque qui est sorti ici en cyrillique, version russe du CD. C'est produit et pressé en Russie. Normalement leur prochain album devrait sortir ici, avant même la France.
- Les Moscovites sont Plutôt Daft Punk ou Aznavour ? Les deux. L'immense majorité des Russes pencherait plutôt du côté d'Aznavour, voire Jo Dassin et Mireille Mathieu. Comme partout dans le monde, il y a un réel engouement pour la musique électro, ce qui est plutôt du fait des 20-30 ans. Même si historiquement les DJs allemands et anglais sont beaucoup plus présents, il y a aussi beaucoup de Français qui viennent ici et qui contribuent au prestige français. C'est la French Touch. Par ailleurs un groupe comme Paris Combo est assez populaire, ça se mesure au nombre de disques piratés. On devrait faire venir ce groupe l'année prochaine.  

Corinne Micaelli du Bureau Export à Berlin

- La notoriété de la Fête de la Musique : La Fête de la musique à Berlin a démarré il y a 8 ans. C'est un événement majeur maintenant et un véritable festival à part entière. C'est considéré par les Berlinois comme le festival de musique le plus important. Les magazines de programmes culturels, comme City, signalent toujours en début d'année la Fête de la musique comme un évènement important. Ce qui est intéressant c'est que les Allemands ont gardé le nom 'Fête de la musique' en français. C'est assez exceptionnel.
- La programmation : La Fête de la musique à Berlin est organisée par une association locale qui s'appelle La Fête Compagnie. Il y a donc à peu près 70 scènes réparties dans toute la ville, dans tous les quartiers. La majeure partie des clubs joue aussi le jeu puisqu'ils proposent l'entrée gratuite. Au total, on attend à peu près 700.000 visiteurs pour cet évènement qui démarrera dès le début de la matinée et qui concerne tous les genres musicaux. Tous les ans, il y a ce qu'on appelle le Quartier Français. Nous avons un plateau franco-allemand au Mau Park qui sera la plus grande scène ouverte de cet évènement. On attend à cet endroit, 20.000 personnes. Il y aura des groupes berlinois, Saian Supa Crew et Daara J. Il y aura aussi les Clones, un duo français, au Sony Center.
- Dans les autres villes allemandes : il y a aussi Stuttgart qui organise un important évènement pour cette Fête en collaboration avec l'Institut Français bien sûr, mais aussi avec les acteurs locaux de la ville avec un grand concert hip hop/musique urbaine. Il y aura aussi des manifestations à Hambourg, Düsseldorf qui accueille cette année Pee Froiss et une programmation de musique africaine en liaison avec une grande exposition d'art africain.
- Les Berlinois sont Plutôt Daft Punk ou Aznavour ? En ce moment, depuis un an et demi deux ans, il y a un grand retour à la chanson : Benjamin Biolay, Dominique A ou Yann Tiersen qui a ouvert la brèche d'un nouvel intérêt pour la chanson française. Régulièrement, quand on va dans les bars, on entend de la chanson française actuelle, et c'est assez nouveau. La musique électronique et les musiques du monde sont toujours aussi présentes. Ce sont les deux points forts de la présence des productions et des artistes français ici. Un retour aussi vers les musiques urbaines avec le gros succès de Saïan Supa Crew. Ils ont fait deux grandes tournées qui ont très bien marché. Ils en feront une à nouveau à l'automne.

- Une compilation française : Musik Express (équivalent de Rock et Folk en France) qui édite une compilation à chaque parution, sortira en juillet une sélection de chansons pop françaises. Cette compilation a été faite en collaboration avec le Bureau Export. La track liste comprend entre autres Dionysos, Biolay, Françoiz Breut, Noir Désir et Yann Tiersen. Celui-ci a d'ailleurs reçu le 13 juin un Disque d'Or pour Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain dont il a vendu 160.000 exemplaires en Allemagne. Le bureau export de la musique française à Berlin a reçu un disque d'or par la même occasion, pour sa collaboration avec le label et l'aide apportée pour le développement de cet artiste sur ce territoire.

Propos recueillis par Valérie Passelègue.

Enfin, si le site de la Fête de la Musique est le meilleur fédérateur de l'opération et retranscrit fidèlement le programme, l'équipe de RFI Musique a sélectionné quelques événements notables par leur richesse ou leur singularité :

En France :

A Paris, le Parcours Musical du Marais présente six artistes dans le magnifique cadre XVIIIème siècle de ce quartier : Camille et Mathieu Booagerts au musée Carnavalet, Elista, la Blanche et Holden à l'Hôtel d'Albret, et Cali et Sanseverino à la Bibliothèque historique de la ville de Paris.

En Bretagne, à Lorient, Julien Jacob honore l'idée de passage entre les cultures : cet antillais né au Bénin dresse une passerelle entre les continents africains et européens.

En Champagne-Ardenne, à Sainte-Savine, rencontre entre des amateurs et de grands musiciens de jazz dont Louis Sclavis et Dominique Pifarely.

Le Nord danse avec Sapho à Wattrelos ou avec le Jim Murple Memorial à Liévin.

Marseille et sa Fête du Panier font découvrir la jeune scène guinéenne.

Dans le monde :

Berlin est particulièrement active avec 70 scènes http://lafetedelamusique.de/ accueillant, entre autres, les Français de Saïan Supa Crew et les Sénégalais, Daara J.

Vous pourrez écouter Souad Massi à Budapest, la DJ, et ex-Niagara, Muriel Moreno à Milan, Marc Perronne à Rome, les Rita Mitsouko à Bruxelles, Alex Gopher et Etienne de Crécy à Belgrade, Manu Dibango à Bucarest, Passi à Casablanca, les Hurlements d'Léo à Moscou…

Le choix d'Hervé Bordier : "A Lyon, est organisé un événement qui s'appelle "comme si vous y étiez" et il s'agit de faire en sorte sur le fuseau horaire de recevoir des images et des musiques du monde entier en direct. Ce sera mixé en live autour de cette symbolique de la Fête de la musique à travers le monde et pour ça on mobilise les centres culturels, les alliances françaises, les villes étrangères pour collaborer avec nous autour de ce projet."

DÈS DEMAIN SOIR, PETIT SURVOL DE LA FÊTE PARISIENNE SUR LE SITE DE RFI MUSIQUE.