Vu d'ailleurs Juillet 2003

Hallyday par-ci, Hallyday par-là… Son soixantième anniversaire a  rendu complètement ‘johnnymaniaques’ les médias français. Partagée entre critiques et admiration, la presse internationale a aussi suivi le Johnny Circus. Edition spéciale.

Spécial Johnny Hallyday

Hallyday par-ci, Hallyday par-là… Son soixantième anniversaire a  rendu complètement ‘johnnymaniaques’ les médias français. Partagée entre critiques et admiration, la presse internationale a aussi suivi le Johnny Circus. Edition spéciale.

L’amour des Français, peuple régicide, pour "le monarque Johnny Hallyday" (24 Heures, Suisse, 30/5) n’a pas fini d’étonner. Admiratives ou ironiques, les manchettes des journaux rivalisent d’imagination: "le rockeur de la ‘grandeur’", "le triomphe d’un vieux du stade", "la revanche du troisième âge""Phénomène de masse de la vie artistique française, comme l’ont été avant lui Edith Piaf et Brigitte Bardot, mais sans l’aura internationale de ces dernières", se hasarde O Estado de Sao Polo (Brésil, 14/6), Johnny Hallyday "n’a pas le charme de Charles Trenet, la sémantique ingénieuse de Georges Brassens, les mille facettes d’Yves Montand, la créativité de Serge Gainsbourg et la voix de Charles Aznavour, mais il a su traverser le temps et s’adapter aux modes".

En ce moment-même, trois générations de fans foulent en effet les pelouses de sa tournée des stades. A l’usure, même des titres anglo-saxons de référence ont ouvert leurs colonnes à celui qui n’était pour eux qu’un "Elvis dans un emballage français", juste bon à brocarder. D’ailleurs, le New York Times (16/6), qui lui consacre une demi-page, un honneur rare pour un chanteur français, ne s’en prive pas : "Les Français peuvent prendre l’air pincé face à ce qu’ils considèrent comme ces rustres d’Américains", le consensus qui les unit démontre que "le rêve américain est profondément ancré en France. Mais ne le dites pas aux Français… Pendant que des millions d’Américains grandissaient en imitant Elvis ou James Dean, des millions de Français grandissaient en imitant l’interprétation d’Elvis ou James Dean par M. Hallyday". "Il est ironique de voir un imitateur de l’Amérique traité comme un emblème de l’identité gauloise", renchérit le Times, à Londres, tandis que La Revue du Liban (28/6-5/7), pays où s’achèvera la tournée Hallyday, ne semble pas impressionnée par cette starqui "n’a pas inventé l’eau chaude, au mieux la soupe froide anglo-saxonne échauffée avec quelques années de retard".

Seul le Scotsman (24/6) tente vraiment d’expliquer un phénomène culturel francophone depuis toujours incompris par le public anglo-saxon : "Quand s’est produit la révolution musicale des années 50 et 60, il était très facile pour un Britannique parlant anglais d’absorber et d’accommoder les influences américaines, la Tamla Motown, la soul, le r&b. (.) Mais la langue française empêchait la compréhension et l’acceptation par le public de cette culture musicale. (.) Quand il reprend en français Johnny B.Good ou Knock On Wood, il rend digeste le rêve américain". Pour Utusan (Malaisie, 18/6), dans ses chansons, "Johnny offre une image très proche de ses racines populaires". Mais, aujourd’hui, on retiendra seulement, "en France et dans les pays francophones, ses 100 millions de disques vendus, les 15 millions de spectateurs qui l’ont vu sur scène, ses 60 disques d’or – sans oublier la Légion d’honneur" (The Australian, 16/6). Voilà pour le personnage, place au show.

Pour La Libre Belgique (17/6), Johnny est la "seule star francophone à pouvoir s’offrir une tournée de 24 stades. (.) Une tournée pareille représente, au bas mot, 260 personnes et 60 camions semi-remorques lancés sur les routes pour transporter 550 tonnes de matériel, dont 6 km de câbles. La scène elle-même pèse 200 tonnes, est large de 60 m, profonde de 25 m et se trouve à 27 m de hauteur".

"Dans un spectacle, il est important de soigner son entrée et sa sortie", avait jadis confié le grand Maurice Chevalier au jeune Johnny Hallyday. Avant de lancer un Que je t’aime qui fait chavirer la foule, Johnny descend des cieux tel une icône réincarnée, "déposé sur scène par une plate-forme amovible portée par une échelle de pompier de 35 m de haut, sur une introduction classique façon Carl Orff, portant une longue cape de cuir et une paire de lunettes noires" (La Revue du Liban). "L’effet est digne d’une attraction de Disneyland Paris", s’amuse La Dernière Heure (Belgique, 18/6). Dans le feu de l’action, "l’homme dégage une puissance qui n’est pas seulement due à la sono. La voix se chauffe au fil des morceaux, encore un peu éraillée, mais quel coffre, quelle gueule, et quel plaisir surtout d’être là, sur scène", estime le journaliste de 24 Heures (Suisse, 30/6) qui a suivi le concert de Genève et qui juge qu'entre classiques et titres récents, et quelques duos (Renaud, Bruel, St Pier, Jenifer…), Hallyday s’offre un "concert mégalo".

En dépit de tels jugements et des problèmes de son dont se fait l'écho, entre autres, 24 heures de Genève ("Si Johnny savait le son qu’on avait, il aurait arrêté de jouer" gémit une fan quinquagénaire), ils auront été un million de fans à s’être déplacés pour fêter leur idole quand s’achèvera le périple début août au Liban.

Tournée des stades: le 5 juillet à Lille, les 9 et 10 à Nantes, le 13 à Bordeaux, le 17 à Nice, le 20 à Eyrein, le 22 à St-Etienne, du 26 au 28 à Monaco, les 2 et 3 août à Baalbeck (Liban).