LES FRANCOS ANNULÉES

RFI Musique devait aujourd'hui vous proposer un article sur la soirée consacrée à Léo Ferré prévue hier, 14 juillet, aux Francofolies de la Rochelle. La Fête à Léo n'a pas eu lieu, le festival ayant été annulé suite aux grèves des intermittents du spectacle en France. De nombreux festivals ont été contraints de baisser pavillon, les Francofolies étant, avec le festival d'Avignon pour le théâtre, une victime emblématique. Explications.

Vent de grève sur les festivals d'été.

RFI Musique devait aujourd'hui vous proposer un article sur la soirée consacrée à Léo Ferré prévue hier, 14 juillet, aux Francofolies de la Rochelle. La Fête à Léo n'a pas eu lieu, le festival ayant été annulé suite aux grèves des intermittents du spectacle en France. De nombreux festivals ont été contraints de baisser pavillon, les Francofolies étant, avec le festival d'Avignon pour le théâtre, une victime emblématique. Explications.

On le sait depuis le 9 juillet, il n’y aura pas de 19ème édition des Francofolies de la Rochelle. Leur créateur Jean-Louis Foulquier en a prononcé l’annulation, non sans une amertume palpable, pour cause d’occupation prolongée de l’esplanade St Jean d’Acre, principal site du festival charentais, par plusieurs dizaines de manifestants bien décidés à bloquer le montage des infrastructures francofolles. La raison ? Le conflit qui oppose le gouvernement aux intermittents du spectacle à propos de la réforme de l’assurance chômage de ces derniers, signée dans la nuit du 26 au 27 juin par les responsables du patronat et les partenaires sociaux. Celle-ci, avalisée par trois organisations syndicales, mais rejetée en bloc par la CGT et FO, syndicats majoritaires dans le secteur, prévoit entre autres dispositions la réduction de la période de travail ouvrant droit à l’allocation. Pour faire simple, les bénéficiaires du statut d’intermittent doivent actuellement avoir travaillé 507 heures sur douze mois pour bénéficier d’une indemnité chômage d’un an. Ils devront maintenant s’acquitter du même nombre d’heures sur dix mois, pour n’être plus indemnisés que sur huit. Une mesure qui, selon ses détracteurs, menace directement près d’un tiers de la profession (la CGT estime à 60% la proportions des artistes atteignant à peine le fameux quota de 507 heures).

Un régime à la dérive

Créé en 1969, le fonctionnement spécifique de l’intermittence intègre les artistes, techniciens et autres professions du spectacle dans le régime général des salariés, qui au contraire de ces derniers, ne travaillent pas de façon permanente auprès d’un même employeur. Or, le régime est aujourd’hui largement déficitaire (828 millions d'euros en 2002 selon la Cour des Comptes) en raison du nombre élevé de ses bénéficiaires qui a doublé depuis dix ans. Le problème n’est pas tant une apparente inflation des vocations dans la branche spectacle, mais les abus d’une certaine partie des employeurs du secteur pour qui l’intermittence est synonyme d’économie substantielle. L’industrie audiovisuelle précisément, est une grosse "consommatrice" d’intermittents dont le statut très souple est l'objet d'abus. Outre les techniciens travaillant à temps plein dans les faits, on trouve aussi des intermittents de complaisance parmi le personnel administratif (exemple, des standardistes !...) des chaînes de télé et de radio et des productions privées. Une méthode aujourd’hui parfaitement intégrée au fonctionnement des entreprises concernées, dont certaines sont publiques…

Grogne tenace

Si la procédure d’agrément de l’accord sur l’assurance-chômage des intermittents est engagée, la liste des opposants est longue, et dépasse le simple cadre du militantisme syndical, comme en atteste une pétition signée de 650 réalisateurs, comédiens et (rares) chanteurs (Sapho, Jacques Higelin…) adressée hier à Jacques Chirac, et dénonçant «un accord brutal et injuste».

La grogne des manifestants ne faiblit pas. Après avoir obtenu le jet d’éponge de Jean-Louis Foulquier, sérieusement perturbé Jazz à Vienne, écourtant notamment la performances de Joao Gilberto à grand coups de casseroles et de corne de brume, et obtenu l’annulation du festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence ou du prestigieux festival d'Avignon avec les mêmes moyens, les opposants à l’accord sus-nommé menacent toujours bon nombre de manifestations estivales. Quid dès lors de la bonne tenue des festivals à venir? Si le militant Solidays a naturellement été épargné, et que les Eurockéennes de Belfort ont pu être maintenues en contrepartie d’interventions régulières de manifestants en amont des shows, des rendez-vous comme Jazz In Marciac ou le festival Radio France de Montpellier (dont la soirée d’ouverture a été annulée) sont naturellement menacés. En revanche, les Vieilles Charrues de Carhaix-Plouguer dans le Finistère, devrait selon toute vraisemblance se dérouler normalement malgré les velléités de perturbations. Quelques 180.000 spectateurs y sont attendus en trois jours, et le festival breton, autofinancé à plus de 90%, a reçu un soutien sans précédent de la population locale, qui de chaîne humaine dans les rues de la ville en défense acharnée des bénévoles, a défendu son rendez-vous juilletiste contre vents et marées. Les Vieilles Charrues débuteront vendredi 18 juillet. L’assurance-chômage new-look des intermittents prendra, elle, effet le 1er janvier 2004 !...

Loïc  Bussières

Grogne tenace

Si la procédure d’agrément de l’accord sur l’assurance-chômage des intermittents est engagée, la liste des opposants est longue, et dépasse le simple cadre du militantisme syndical, comme en atteste une pétition signée de 650 réalisateurs, comédiens et (rares) chanteurs (Sapho, Jacques Higelin…) adressée hier à Jacques Chirac, et dénonçant «un accord brutal et injuste».

La grogne des manifestants ne faiblit pas. Après avoir obtenu le jet d’éponge de Jean-Louis Foulquier, sérieusement perturbé Jazz à Vienne, écourtant notamment la performances de Joao Gilberto à grand coups de casseroles et de corne de brume, et obtenu l’annulation du festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence ou du prestigieux festival d'Avignon avec les mêmes moyens, les opposants à l’accord sus-nommé menacent toujours bon nombre de manifestations estivales. Quid dès lors de la bonne tenue des festivals à venir? Si le militant Solidays a naturellement été épargné, et que les Eurockéennes de Belfort ont pu être maintenues en contrepartie d’interventions régulières de manifestants en amont des shows, des rendez-vous comme Jazz In Marciac ou le festival Radio France de Montpellier (dont la soirée d’ouverture a été annulée) sont naturellement menacés. En revanche, les Vieilles Charrues de Carhaix-Plouguer dans le Finistère, devrait selon toute vraisemblance se dérouler normalement malgré les velléités de perturbations. Quelques 180.000 spectateurs y sont attendus en trois jours, et le festival breton, autofinancé à plus de 90%, a reçu un soutien sans précédent de la population locale, qui de chaîne humaine dans les rues de la ville en défense acharnée des bénévoles, a défendu son rendez-vous juilletiste contre vents et marées. Les Vieilles Charrues débuteront vendredi 18 juillet. L’assurance-chômage new-look des intermittents prendra, elle, effet le 1er janvier 2004 !...

Loïc  Bussières

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