VIVE LA WORLD 2003
Créé en 1997 par des Français résidents à New York, le festival itinérant Vive La World s'est donné depuis comme challenge de faire découvrir les musiques du monde francophones aux Nord-Américains. Avec succès. Pour leur septième édition, VLW emmène Duoud, Electro Bamako, So Kalmery et Natacha Atlas.
Etape en Floride pour le festival francophone.
Créé en 1997 par des Français résidents à New York, le festival itinérant Vive La World s'est donné depuis comme challenge de faire découvrir les musiques du monde francophones aux Nord-Américains. Avec succès. Pour leur septième édition, VLW emmène Duoud, Electro Bamako, So Kalmery et Natacha Atlas.
Remerciant le public de “gracias, muchas gracias”, Natacha Atlas triomphe Le 12 juillet à Miami Beach, troisième étape (après Québec et Montréal) de la tournée 2003 de Vive la World. “Je ne me suis jamais produit à Miami,” dit-elle un peu inquiète avant le concert. “J’ai joué à New York après le 11 septembre, au Lincoln Center, et tout s’est bien passé. Je me dis que s‘il existe des xénophobes, ils ne vont pas se déplacer de toute façon pour voir mon groupe dont la moitié est arabe. Le fait de chanter en arabe peut aussi surprendre. Mais si les gens possèdent ce que j’appelle ‘l’intelligence émotive’, ils vont rentrer dans la musique.”
Comme tous les ans autour du 14 juillet, des artistes francophones partent en tournée à travers l'Amérique du Nord au sein de la caravane Vive la World, à l'origine sédentaire au coeur de Central Park et devenue itinérante avec les ans. A Miami Beach, ce sont des familles, des musiciens, des baba cool en Birkenstock, des Français du consulat, des piercés, tatoués avec dreadlocks, qui sont une soirée, réunis sous les étoiles, dans un sublime dancing datant du temps du cha cha cha, pour fêter le Bastille Day en musique. Si le programme 2003 est un chouïa inégal, c'est certain, Natacha Atlas a, elle, ébloui Miami.
Dès les premiers accords aux sonorités inouïes (en tout cas, sous ces cieux), une onde de choc - le choc du neuf - parcourt ce public de fidèles du Vive La World Tour. Improvisant sa version égypto-londonienne autour du grand classique R&B, I put a spell on you (de Screamin’ Jay Hawkins) comme une imprécation shamanique et extatique, Natacha fait partager son exaltation à la salle. Celle qui dit se sentit le plus à l'aise chez elle au Caire ("Là-bas, mes amis mondains s’étonnent de voir que j’habite des quartiers populaires où l’ on voit des ânes, des taxis-brousse, des paysans. Comme Bombay, c’est pauvre, c’est vibrant et ça m’inspire. Mais arriver là-dedans c’est un choc terrible pour les occidentaux.") se lance en fin de soirée dans une danse du ventre par 30º à minuit, et là, une véritable frénésie s’empare de la foule.
Pourtant, le concert prend un mauvais départ avec le chanteur guitariste congolais So Kalmery : des chansons interminables, des appels au public (“Vous êtes chauds à Miami ?”) qui n’ont provoqué qu'un effet soporifique. En comparaison, le duo Electro Bamako (la Malienne Mamami Keita et le Français Marc Minnelli) offre un concert plus tonique même si on peut juste regretter que le duo ait choisi de suivre la mode dub synthé lounge pre-programmé. Ils sont suivis des DuOud (un autre duo français d'origine tunisienne pour Jean-Pierre Smadja et algérienne pour Mehdi Haddab) qui démarrent leur set avec un sampling de la voix de Barry White, décédé quelques jours plus tôt. Avec ce gimmick sonore, les DuOud, très attendus, démarrent, micro branché sur l'ordinateur, jouant l’effet de voix dénaturée par la machine. Dommage. L’effet vraiment intéressant est celui des instruments traditionnels comme l'oud. Jouant une version du célèbre thème du film Midnight Express, très techno, dense et intense, les DuOud finissent par enthousiasmer le public.
Une fois encore, Vive La World aura accompli sa mission de découverte. Mais c'est Natacha Atlas qui avait la direction artistique la plus réussie. A l'applaudimètre cette année, c'est de loin elle qui a le plus marqué les esprits avec ses danses du ventre et ses costumes orientaux cousus par maman pour une édition de Vive la World très arabisante : "Je présume que les gens qui viennent me voir se posent déjà des questions sur la politique de George Bush. Je sais chanter, je sais danser, mais je parle très peu entre les chansons, alors je ne ferai pas de discours pour ou contre pendant cette tournée".
Victime de hauts et de bas, ce festival atypique lutte année après année pour continuer d'exister avec le concours des centres culturels, des alliances françaises ou d'organismes comme, à Miami, la Rhythm Foundation. Ce "tourneur" est spécialisé dans les musiques du monde francophones puisque avant Vive la World, ils ont accueilli Gotan Project et en septembre, ils reçoivent, pour la Floride, l'Anglaise Jane Birkin et ses arabesques gainsbouriennes. Grâce à de telles initiatives, la France et les Etats-Unis restent unis intelligemment dans une curiosité musicale ouverte sur le monde.
Clotilde Luce
Prochaines dates : Washington DC les 17 et 18 juillet (Kennedy Center), à Chicago le 19 (Hothouse) et à New York le 20 (Central Park Summerstage).