Vu d'ailleurs

En octobre prochain, la France célébrera 40 ans sans Edith Piaf et 25 sans Jacques Brel. A l’occasion de ce double anniversaire, les hommages et les spectacles inspirés par les deux monstres sacrés se multiplient.

Piaf et Brel à l'honneur

En octobre prochain, la France célébrera 40 ans sans Edith Piaf et 25 sans Jacques Brel. A l’occasion de ce double anniversaire, les hommages et les spectacles inspirés par les deux monstres sacrés se multiplient.

Au Panthéon de la chanson française, Edith Piaf et Jacques Brel occupent une place de choix. Hors francophonie, même limitée à un public d’avertis, leur influence plane toujours si l’on en croit différents projets réalisés ici ou là.

Le quarantième anniversaire de la mort d’Edith Piaf ne se cantonnera pas, comme le trentième, à de simples compilations et rééditions. Grâce à des passionnés, des enregistrements inédits ont été découverts au Québec et en France. «Piaf à Québec, c’est un événement qui, après 50 ans, était tombé dans l’oubli. C’était sans compter sur Gérard Thibault, ce cabaretier de Québec qui a tant fait pour la chanson, qui a cédé de précieux documents aux Archives nationales du Québec», rapportait fin juillet la presse québécoise. «Pour la modique somme de 200 $, la chanteuse avait donné la permission à Gérard Thibault d’enregistrer ses spectacles et de se servir des bandes pour meubler les temps morts de son cabaret de la rue Saint-Jean. En fouillant aux Archives du Québec, avec la collaboration d’Antoine Pelletier, Martin Duchesne et Michel Laverdière ont découvert une quinzaine de bandes, dont six ou sept étaient récupérables. Ils ont pris deux jours à faire l’audition de tout ce matériel et son transfert sur un support moderne.» Le résultat est disponible depuis peu au Québec, sous forme d’un coffret publié par les Disques XXI-21. Un mois plus tôt, d’autres enregistrements avaient été retrouvés en France. Le journal marocain Le Matin racontait, dans son édition du 6 juillet, que «deux passionnés de chanson ont exhumé six chansons inédites d’Edith Piaf datant des années 40, un trésor discographique qui dormait dans les archives de la Bibliothèque nationale de France, dont la première version de L’accordéoniste, initialement intitulée La fille de joie est triste

Sur scène, la môme Piaf ne manque pas de ‘réincarnations’. Le metteur en scène Pam Gem propose jusqu’au 10 août Piaf, à l’Olney Theater Center de Washington. «L’auteur fait parler Miss Piaf avec un fort accent cockney mâtiné d’argot et de blasphème. Au départ, vous pourriez être surpris. (...) L’idée, au contraire, frappe par son intelligence, puisque peu d’Américains dans l’assistance pourraient distinguer une fantaisie de l’accent français des quartiers populaires», estime le Washington Times (25/07/03), qui salue la performance de la ‘doublure’ de Piaf, Helen Hedman, douée d’une «ressemblance vocale et physique» avec son modèle. En Allemagne, «il faut un certain courage pour composer un programme avec seulement des chansons de Piaf», estime curieusement le Offenbach Post (01/08/03), vu la popularité d’Edith Piaf outre-Rhin. Quoi qu’il en soit, du courage, la chanteuse Petra Lamy et ses musiciens n’en manquent visiblement pas, qui jouent leur spectacle Hommage à Edith Piaf dans de nombreuses villes allemandes. Plutôt, la presse berlinoise annonçait déjà un autre hommage, celui rendu par Madeleine Leinhard au Theaterforum K3 de Berlin les 18 et 19 juillet derniers…

Décédé en 1978, Jacques Brel inspire aussi encore des créations de toutes sortes. Dans l’Indiana (Etats-Unis), une troupe indépendante a monté Jacques Brel Certainly Is Alive And Well in Paris (Jacques Brel est certainement vivant et bien portant). Pour l’Indiana Statesman (09/07/03), qui estime que «Brel était aussi connu en Europe qu’Elvis ici», cela ressemble plutôt à un spectacle «de cabaret, d’un standard différent des pièces de théâtre classiques ou des comédies musicales». Des Vieux à Amsterdam, la troupe, menée par le pianiste et chanteur John Blair, passe en revue «près de deux douzaines de chansons» dans un style parfois délirant. «Une excellente performance» au final.

Mais toutes les

Mais, pas plus que Paris n’est un musée, la chanson française n’est pas qu’un cimetière des éléphants. A l’occasion des Francofolies de Montréal, le quotidien The Montreal Gazette (26/07/03) a eu la bonne idée de passer en revue pour ses lecteurs anglophones une sélection de disques français récemment sortis. Les Wampas? «Assez intelligent pour du punk, mais pas trop intelligent» quand même. Arthur H? «Quiconque peut comparer la nuit à ‘une plume d’éléphant’ mérite d’être fait chevalier des arts.» De plus, «sa voix desséchée par la cigarette s’avère comme la plus caractéristique de sa génération.» Alexis HK? «Un croisement de Randy Newman et de Woody Allen.» Emilie Simon? «Aérienne. C’est comme si elle chuchotait les notes de son journal intime directement dans votre oreille à travers des voix traitées par ordinateur.» Dionysos? «Un des albums bilingues au son le plus étrange» mêlant «un anglais délibérément fracturé à un français absurde». Avec eux, la relève sera peut-être assurée, l’avenir le dira.

Gilles  Rio