Les rêves de star de Corneille
C’est une des révélations du moment. Avec son premier album Parce qu’on vient de loin, sorti en février, Corneille, d’origine rwandaise installé à Montréal, a prouvé que le R’n’B francophone pouvait exister et même avoir du succès. Présentation du nouveau prodige.
Le chantre du R’n’B francophone.
C’est une des révélations du moment. Avec son premier album Parce qu’on vient de loin, sorti en février, Corneille, d’origine rwandaise installé à Montréal, a prouvé que le R’n’B francophone pouvait exister et même avoir du succès. Présentation du nouveau prodige.
Un album, trois singles sortis en six mois diffusés sur nombre de radios FM, une tournée qui fait salle comble et passe par les plus grands festivals, Corneille est la dernière "success story" québécoise à conquérir la France après Céline Dion, Garou, Lynda Lemay ou Natasha St Pier. Ce garçon installé voici six ans à Montréal réconcilie la soul et le R&B, styles résolument anglo-saxons, avec la langue de… Corneille (Pierre, le poète, né en 1606). Corneille n’est pas une sensation pop, même si son allure de mannequin et son sourire charmeur répondent aux critères de l’emploi. C’est un gentleman qui parle de ses succès et de ses drames avec pudeur. Les paroles de Rêves de star, son dernier single, sont à ce titre autobiographiques : "Sans répit, on me critique, sur mon style de vie, mon sens de l’éthique. On dit Corneille est froid, Corneille est fait de pierre…(…) Ce qui est dommage, c’est qu’on ne réalise pas que ma démarche est plus que ça. Moi, je parle ici pour mes frères et mes sœurs qui se battent contre l’ordinaire… Donc je vise très haut, et plus encore."
Corneille revient de loin et le voyage au bout de l’horreur vécu dans son Rwanda natal lui a forgé une personnalité hors du commun. L’écriture de cet albumParce qu’on vient de loin est devenu un véritable exutoire pour ce miraculé du génocide rwandais qui ne pouvait plus garder pour lui tous ses cauchemars. Sa vie a pris une tournure tragique, lorsqu’un jour d'avril 1994, l'armée est entrée dans la maison familiale de Kigali : "J'ai perdu toute ma famille ce jour-là, mon père, ma mère, mes frères et soeurs. Devant moi. J'étais là aussi, avec eux. Je m'en suis sorti in extremis, en plongeant derrière un divan du salon. Les soldats ne sont jamais allés vérifier si tout le monde y était passé."
Un passé bien évidemment omniprésent dans ses textes, car après avoir touché la mort de si près, Corneille a choisi de célébrer la vie par la voie de la musique et du chant : "Je dédie mon album à tous les gens qui se sentent oubliés dans le monde. J'ai réalisé à quel point le monde est injuste. Les médias ont parlé du génocide au Rwanda, le plus gros génocide au monde après l'Holocauste, mais ils ont bien plus parlé des événements du 11 septembre, se désole Corneille. Différents gouvernements ont fourni des secours aux Etats-Unis. En l’occurrence, des pays qui n'avaient pas réag, en 1994, pendant le génocide rwandais. Mon album est la célébration de ma nouvelle vie. Une vie à laquelle les autres n'ont pas eu droit" ajoute-t-il. Rencontre avec un miraculé qui voit désormais la vie en rose :
Que représentent encore ces racines rwandaises après un tel drame ?
C’est l’endroit où j’ai passé la moitié de ma vie et fait mes premiers pas dans la musique et là où j’ai trouvé mes premiers repères culturels. Mon système de valeur s’est forgé là-bas et c’est très important d’y rester accroché.
Comment avez-vous découvert la soul et le R'n'B là-bas ?
Par curiosité. C’était le début du hip-hop à l’aube des années 90, et mon coeur me poussait à écouter ce genre de musiques plus que les musiques traditionnelles du pays. J’ai fait des recherches, j’écoutais les Boyz II Men et des classiques incontournables de la soul comme Stevie Wonder, Marvin Gaye, Prince, Curtis Mayfield…
L’écriture est également importante pour vous ?
Oui, tout à fait. C’est une démarche personnelle. J’écris sur la vie, la survie, mon entourage. C'est l’expression de mes états d’âme à un moment donné de ma vie. Beaucoup de textes sont autobiographiques. Cet album est devenu un véritable exutoire pour moi, une vraie thérapie. Qui continuera parce que c’est le rôle premier de la musique pour moi.
Pourquoi un R’n’B francophone ?
C’est francophone parce que je me suis rendu compte que je ne pouvais pas me contenter d’appliquer un style de musique à une langue. Au contraire, j’emmène la musique à la langue. Je me suis aperçu que la langue française était très complexe, qu'elle avait une vraie identité et que je ne pouvais pas seulement adapter ce qui se fait aux Etats-Unis depuis des années. J’ai vite compris qu’il y avait une façon différente d’approcher les mélodies, de créer différemment en fonction de la langue.
Votre succès ressemble à un conte de fées et vous allez être bientôt Disque d’or ?
Oui, je suis très content. Mais cela aurait été un conte de fées si j’avais eu le Disque de diamant tout de suite (500.000 exemplaires, ndlr). J’essaie de voir au jour le jour. C’est mon premier album et il y a encore énormément à faire. C’est pour moi une évolution normale parce qu’il y a eu beaucoup de travail en amont. Mais je suis dans une situation privilégiée. J’ai une bonne étoile, c’est sûr.
Corneille Parce qu’on vient de loin (Wagram) 2003
En tournée en Europe et au Québec en septembre.
Pierre René-Worms
L’écriture est également importante pour vous ?
Oui, tout à fait. C’est une démarche personnelle. J’écris sur la vie, la survie, mon entourage. C'est l’expression de mes états d’âme à un moment donné de ma vie. Beaucoup de textes sont autobiographiques. Cet album est devenu un véritable exutoire pour moi, une vraie thérapie. Qui continuera parce que c’est le rôle premier de la musique pour moi.
Pourquoi un R’n’B francophone ?
C’est francophone parce que je me suis rendu compte que je ne pouvais pas me contenter d’appliquer un style de musique à une langue. Au contraire, j’emmène la musique à la langue. Je me suis aperçu que la langue française était très complexe, qu'elle avait une vraie identité et que je ne pouvais pas seulement adapter ce qui se fait aux Etats-Unis depuis des années. J’ai vite compris qu’il y avait une façon différente d’approcher les mélodies, de créer différemment en fonction de la langue.
Votre succès ressemble à un conte de fées et vous allez être bientôt Disque d’or ?
Oui, je suis très content. Mais cela aurait été un conte de fées si j’avais eu le Disque de diamant tout de suite (500.000 exemplaires, ndlr). J’essaie de voir au jour le jour. C’est mon premier album et il y a encore énormément à faire. C’est pour moi une évolution normale parce qu’il y a eu beaucoup de travail en amont. Mais je suis dans une situation privilégiée. J’ai une bonne étoile, c’est sûr.
Corneille Parce qu’on vient de loin (Wagram) 2003
En tournée en Europe et au Québec en septembre.