Marka c'est lui

En 2001, au creux de la vague, Marka sortait en Belgique Avant Après. Mais la France n’en a alors pas voulu. Le 9 septembre prochain, le disque sort enfin dans l’Hexagone, remanié, allégé de trois titres mais enrichi de quatre autres co-signés MC Solaar. Flash back sur un parcours façon grand-huit.

Le Belge enfin de retour dans les bacs français.

En 2001, au creux de la vague, Marka sortait en Belgique Avant Après. Mais la France n’en a alors pas voulu. Le 9 septembre prochain, le disque sort enfin dans l’Hexagone, remanié, allégé de trois titres mais enrichi de quatre autres co-signés MC Solaar. Flash back sur un parcours façon grand-huit.

En décembre 1995, Serge Van Laeken dit Marka chantait à Bercy devant 17.000 personnes… en première partie de Céline Dion : "C'était très absurde, très belge. Je n'avais rien à faire là, mais je l'ai fait !" se souvient le chanteur. A cette époque, Marka vient de signer sur Sony/Columbia France et sort son second disque Merci d’avance. L’homme est connu en Belgique depuis une dizaine d’années : son humour, son décalage, son passé de rocker, ses essais en groupe en ont fait une personnalité appréciée de la scène belge depuis les années 80. Mais le décollage se fait en France qui prend d’emblée une importance très spéciale dans son parcours : "Je n'ai pas eu le choix. Au départ, ils ne voulaient pas de moi en Belgique, je suis donc venu en France. Ça a été une chance. On rêve d'être accepté en France. La Belgique a une particularité culturelle mais on est presque français. Il n'y a plus de frontière, Bruxelles est à 1h30 en train de Paris, on a la même monnaie. Les francophones sont minoritaires chez nous donc chanter pour les Belges francophones, c'est comme chanter pour la Bretagne ou l'Alsace. Certains font une carrière uniquement belge mais c'est un peu dommage."

Le point d’orgue de sa carrière retentit avec Accouplés (extrait de Merci d’avance), titre phare de son répertoire, dont le seul texte consiste en une enfilade désopilante de noms de personnalités sur une entêtante ritournelle arabisante. Pas d’explosion commerciale (15.000 exemplaires de l’album vendus) mais le Belge s’affirme enfin sur la scène musicale de son pays.

Un album et un live plus loin (L’Idiomatic en 97 et L’homme qui aimait la scène en 99), Marka se voit cependant débarqué de sa major française. Pas assez rentable : "Quand on est sur une major, on trouve ça extraordinaire mais quand on se fait virer, c'est très pénible." Le chanteur ne se laisse pas aller, il tourne sans cesse et monte un spectacle avec sa femme, la comédienne Laurence Bibot, A nous deux : "Etre indépendant, c'est moins de confort mais une qualité de vie qui est plus proche de la réalité et qui fait que je pourrai durer. Il y a moyen de vivre de la musique sans vendre de centaines de milliers de disques. Il n'y a pas de la place que pour ceux-là. Pour Sony, ça ne suffisait pas mais pour moi, si. C'est peut-être un manque d'ambition mais c'est une façon de garder les pieds sur terre."

L’album qu’il sort en 2001, Avant Après, est la synthèse de ce parcours en dents de scie ponctué par la quarantaine qui fait gagner à Marka une certaine gravité derrière un visage toujours jovial : "J'ai senti définitivement une différence dans la vie de tous les jours. J'ai fait une crise assez marquée. A 40 ans, j'ai eu une sorte de peur. Je me suis posé des questions sur ce que je faisais, pourquoi je le faisais encore, est-ce que ça en valait la peine. C'était dû aussi au fait que je n'avais plus de firme de disques et que je devais tout gérer moi-même. Les textes sont plus forts peut-être. Mais il y a des chansons décalées comme d'habitude et des thèmes comme la mort, c'est vrai." L’album ne sort qu’en Belgique et en dépit d’une série de concerts au Sentier des Halles à Paris, seul Internet permet d’acheter Avant Après en France.

Mais Marka ne se fait pas oublier. Il est toujours présent sur scène, son véritable point d’épanouissement artistique. Lors d’un concert à Liège en 2002, il invite MC Solaar dont il reprend Caroline sur scène depuis longtemps. Les deux hommes se fendent dans la foulée de trois titres qui vont activer la renaissance du dernier CD de Marka. Le label français Inca (Miro, Yves Duteil…) l’accueille et lui permet de réintégrer les bacs de France ainsi que du Québec où le CD sort en juillet 2003. Epuré de trois titres, Avant Après devient donc L’Etat c’est moi et se gonfle de quatre titres nouveaux, les trois co-écrits avec Solaar et Il pleure, une chanson sur son père. Le jour de la sortie française, le 9 septembre, Marka sera sur scène à Bruxelles mais du 22 au 27 septembre, c’est dans une toute nouvelle salle parisienne, un ex-cinéma, le Mery, que le Belge retrouvera un public français qui ne l’a jamais vraiment perdu de vue.