Méditerranéennes d'Argelès
Les 12, 13 et 14 septembre s'ouvre la septième édition du festival des Méditerranéennes d'Argeles dans le sud de la France. Son directeur artistique, Bernard Batzen, nous parle de cet évènement et Pascal Comelade, musicien catalan atypique, nous entretient de sa création avec le trompettiste italien Roy Paci.
Des chants traditionnels aux musiques urbaines
Les 12, 13 et 14 septembre s'ouvre la septième édition du festival des Méditerranéennes d'Argeles dans le sud de la France. Son directeur artistique, Bernard Batzen, nous parle de cet évènement et Pascal Comelade, musicien catalan atypique, nous entretient de sa création avec le trompettiste italien Roy Paci.
Déplacé de Céret à Argelès, dans le même département des Pyrénées-orientales, le festival des Méditerranéennes existe depuis 1996. Comme chaque année, de nombreux artistes originaires du bassin méditerranéen, se retrouveront et permettront ainsi de faire découvrir au public des sonorités de pays différents. Bernard Batzen, directeur artistique de ce festival analyse ce qu’une telle programmation implique : "Quand on a démarré le festival, le thème 'Méditerranée' n'était pas évident puisqu'on n'avait pas encore assisté à l'explosion des musiques latines ou du raï par exemple, on n'avait pas encore assisté à l'émergence de groupes ou artistes qui chantent en espagnol comme Manu Chao ou Sergent Garcia. Des artistes du sud comme Massilia ou Zebda n'étaient pas encore apparus. Quand on a choisi le thème, je me demandais comment j'allais trouvé des têtes d'affiche au-delà de trois ou quatre ans. Depuis, ce mouvement des musiques du sud s'est largement développé et je crois que ce n'est pas fini. Il y a encore beaucoup de territoires à découvrir et beaucoup de talents à aller chercher." Et Bernard Batzen de donner les limites de cette programmation : "Il y a des artistes qu'on aimerait inviter mais que nous n'avons pas pu encore inviter. C'est essentiellement des problèmes de budget. Par exemple, on a eu très peu d'artistes turcs. Et c'est un problème de frais de voyages simplement car le festival s'autofinance selon les années à 70 ou 75%. Donc on est très attentif."
Mais les artistes issus de la région ont aussi leur place. Le directeur artistique confirme : "On a toujours programmé des artistes de Catalogne et du triangle Toulouse-Montpellier-Barcelone. Ce sont nos artistes locaux. Il y a là un énorme réservoir de talents. Cette année, on a mis l'accent sur Barcelone. On a de nombreux groupes qui viennent de Catalogne car il y a un mouvement très intéressant, par exemple en rock. On est toujours à la recherche de ces talents régionaux, c'est notre rôle de les exposer." Si certains pouvaient s'étonner de voir aussi au programme Raul Paz (Cuba) ou Gotan Project (Argentine./France), il répond : "La Méditerranée est la colonne vertébrale de la programmation. On se permet quelques incursions vers des musiques soeurs comme la musique cubaine. Il y a toujours eu des liens très étroits entre la Catalogne et Cuba. C'est une conception large et ouverte de la Méditerranée."
Le festival proposera trois soirées thématiques, la première autour du chant et de la chanson le 12, la seconde autour "d'artistes qui expérimentent, qui ont une démarche personnelle mêlant racines et musiques actuelles" le 13 et enfin la troisième axée autour des musiques urbaines, dub, ska, rock, reggae le 14. Sans oublier les musiques électroniques avec de nombreux DJs. "Il y a cette partie-là qui est également importante. Mais cela a lieu dans des lieux spécifiques. Notre volonté est de toucher tous les genres musicaux, toutes les musiques vivantes du bassin méditerranéen. Cela va du Cor de la Plana qui travaille sur le patrimoine, un répertoire de chants traditionnels religieux occitans jusqu'aux DJs des grands clubs d'Ibiza qui sont présents dans cette nouvelle édition."
Pascal Comelade
Ce festival essaie régulièrement de mettre en place des rencontres entre musiciens. Cette année, Pascal Comelade, multi-instrumentiste, inventeur de jolies "tourneries", va le samedi 13, jouer avec le trompettiste sicilien Roy Paci, lequel avait accompagné il y a quelques temps Manu Chao. Entretien :
Vous avez participé plusieurs fois à ce festival ?
C'est la deuxième fois que je participe aux Méditerranéennes. La première fois, c'était en 99. J'avais fait un spectacle autour de la chanson italienne, une sorte d'hommage, uniquement instrumental. J'ai rencontré Roy Paci début 2001 au Festival de la chanson à San Remo, via le chanteur Venicio Capossela que j'accompagnais à l'époque. L'idée de jouer ensemble vient des organisateurs des Méditerranéennes. Je pense qu'ils avaient envie de me programmer mais pas dans la version que j'ai l'habitude de présenter. C'était une bonne idée.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce spectacle ?
C'est une rencontre. Deux artistes joueront ensemble. Ils mettront en commun leur propre répertoire et un répertoire qu'ils ont en commun ! Ça en fait trois, donc. Il y aura mes morceaux, ceux de Roy Paci et des choses que l'on connaît tous les deux. Ça tourne énormément autour de l'Italie. En ce qui me concerne, c'est un des pans importants de ma culture. J'ai toujours été très attiré par la chanson classique napolitaine italienne comme par la variété italienne. J'y trouvais dans les parties instrumentales, dans les arrangements, une manière de travailler la musique que j'ai récupérée pour ma propre musique. C'est une de mes influences évidentes, surtout les années 50-60, l'âge d'or. Donc c'est très facile pour moi de travailler avec lui.
Y-a-t'il un autre lien entre la chanson catalane et la chanson italienne ?
Il se trouve que ma capitale économique est Barcelone. J'ai commencé à y habiter en 73-74. Cette ville a "consommé", et ce depuis les années 50, de la chanson italienne. Contrairement à la France. A Barcelone, tous les chanteurs italiens sont très connus. Ils sont tous allés jouer là-bas. Je les connais donc bien.