Algero Techno Parade
Dans le cadre des Rendez-vous électroniques (REVES) et de l’année de l’Algérie en France, Mohand Haddar s’est vu confier la venue de musiciens algériens qui se sont produits sur le char DZ, ce samedi lors de la Techno Parade à Paris. L’occasion pour nous de tenter d’y voir plus clair sur les débuts de la musique électronique de l’autre côté de la Méditerranée.
La scène électro en Algérie
Dans le cadre des Rendez-vous électroniques (REVES) et de l’année de l’Algérie en France, Mohand Haddar s’est vu confier la venue de musiciens algériens qui se sont produits sur le char DZ, ce samedi lors de la Techno Parade à Paris. L’occasion pour nous de tenter d’y voir plus clair sur les débuts de la musique électronique de l’autre côté de la Méditerranée.
Mohand Haddar est l’artisan en France des soirées New bled Vibrations, qui propose une version électronique des musiques arabes au public parisien. Il est de retour d’Algérie et nous dresse un portrait de cette scène balbutiante.
Mohand : L’idée de ce char est de montrer au public parisien des musiciens traditionnels qui jouent avec des DJs européens spécialisés dans les nouvelles musiques. Ces musiques commencent à se développer en Algérie mais de manières différentes de ce qui se passe ici. A cela, plusieurs raisons : le manque de moyen des artistes tout d’abord, le manque de culture deejaying ensuite qui en est à ses débuts. Mais malgré tout, il existe un réel engouement autour de ces musiques. Il faut savoir que les grandes villes du pays sont truffés de paraboles, donc l’ouverture vers l’occident est permanent. En Algérie, pour schématiser, il existe la musique classique arabo-andalouse, le raï qui a explosé ces dernières années et les musiques du sud comme le chaâbi ou les musiques gnaoui basées sur la transe. La transe est l’un des fondements de la techno. J’ai été très frappé par l’énergie que déploient tous ces musiciens pour bidouiller dans leurs studios, avec les moyens du bord. Le système D est roi.
Ces nouveaux artistes sont-ils plus influencés par la house ou la techno ?
Plutôt par la house qui est plus proche du funk et de la soul, toute la musique black américaine. Ces titres ne sont pas forcément instrumentaux, les musiciens y ajoutent des mélodies chantées en arabe. En revanche, il n’existe pas de rave party, puisqu’on les appelle les soirées dance. Ce courant est omniprésent dans le paysage musical algérien. Il n’y a pas de ghettos musicaux comme en France : en club, dans une même soirée, tu entends du raï, du chaâbi et des productions électroniques. Du coup, l’état d’esprit est plus ouvert qu’en France.
Existe t’il un Laurent Garnier algérien ?
Non, mais il y a un artiste à suivre de très près, il s’appelle Mustapha Mekerkeb. C’est lui qui est à l’origine de ces premières fusions. Il s’est depuis installé en France. Je pourrais citer aussi DJ Souihil, plus proche du r'n'b. Il est bien sûr très difficile pour eux de vivre de leur art. Voilà pourquoi la majorité d’entre eux s’exile.
L’industrie musicale en Afrique du Nord ne ressemble en rien à ce qui se passe en Europe : il faut savoir que quand un artiste sort un disque, il cède ses droits définitivement, ils ne lui appartiennent plus. Il est très difficile pour tous les musiciens de s’en sortir. Cela dit, tous ne partent pas en occident et nous voyons de plus en plus de sonorités électro-arabisantes nous arriver du Caire et de Beyrouth. Ces deux capitales bénéficient de bons studios, de structures professionnelles, je pense à EMI Arabia par exemple. Ils ont plus de moyens que nous.
Comment se passent les relations entre le gouvernement et les adeptes de ces nouveaux courants musicaux ?
Le gouvernement reste indifférent à ces soirées. Quant aux intégristes, ils sont plus attentifs à ce que chantent les artistes de raï car souvent les textes y sont plus subversifs que dans la techno porteuse de valeur d’évasion et d’ouverture aux autres cultures. Pour les intégristes, la techno n’est que du bruit, ce n’est pas leur priorité.
Comment les jeunes se tiennent ils au courant des nouvelles productions ?
Deux vecteurs permettent aux jeunes de savoir ce qui se passe : la radio, notamment Radio Bahdja à Alger qui propose une programmation éclectique et surtout l'internet. Malheureusement, il est très difficile pour les jeunes de télécharger des fichiers car il n’existe pas encore de connexion haut débit en Algérie. La toile reste la plus grande fenêtre ouverte sur le monde. Cela dit même si les jeunes Algériens sont friands des nouveautés américaines et européennes, ils ont l’ambition de récupérer ces nouveaux courants et de les mixer avec les sonorités orientales qui font l’essence de notre culture.