Wonderful Pascal Parisot

Découvert il y a trois ans avec son premier album Rumba, Wonderful reprend le même mélange frais et bricolo. Electro mais pas trop. Avec ses faux-airs naïfs et ses airs de rien à la Gainsbourg, Parisot observe. «Je voudrais être extraordinaire» dit-il, force est de reconnaître que son album est Wonderful.

Le retour du crooner nonchalant.

Découvert il y a trois ans avec son premier album Rumba, Wonderful reprend le même mélange frais et bricolo. Electro mais pas trop. Avec ses faux-airs naïfs et ses airs de rien à la Gainsbourg, Parisot observe. «Je voudrais être extraordinaire» dit-il, force est de reconnaître que son album est Wonderful.

Comme sur Rumba, as-tu composé, écrit, et arrangé Wonderful ?
Oui, exactement de la même manière, à la maison. La différence essentielle réside dans mon travail avec Nicolas Repac. J’avais vraiment envie de faire un tome deux, travailler dans la continuité de Rumba tout en m’ouvrant un peu plus. Dans ce sens j’ai cherché un co-réalisateur, quelqu’un qui puisse donner cette couleur légèrement différente. Il se trouve que Nicolas était mon voisin lorsque j’habitais Paris. Je lui ai proposé alors de collaborer à mon album. Installés chacun dans notre coin, chacun avec son ordinateur, nous échangions ensuite les sessions.

Quelle est sa contribution à ton univers ?
Le mélange et l’ouverture, c’est lui: cet univers sonore un peu martien que l’on retrouve avec ses collaborations aux disques d’Arthur H.. Lui arrive avec des sons très grands, plein d’ampleur, et moi plutôt minimaliste, je ramène ça à ma boîte à rythmes archaïque. Après je fais ma sauce avec mes ciseaux et mon ordinateur.

Les morceaux sont effectivement très proches de Rumba ; y a t’il une recette Parisot ?
Je n’ai pas vraiment de façon de faire. Je peux partir d’une pauvre mélodie, y ajouter trois mots, de là construire une histoire ou ajouter les instruments en fonction des paroles. Le texte peut aussi être un départ, mais j’aime bien construire les deux en même temps, partir sur une idée, comme le petit jingle pour Wonderful. D’ailleurs ce titre-là est venu d’une autre chanson avec un autre texte qui ne fonctionnait pas jusqu’à ce que je trouve ce début «je voudrais être extraordinaire».

Avec ce deuxième album, avez-vous l’impression de clore votre chapitre latino ?
Je n’en sais rien, mais c’est vrai que j’ai tendance à rapidement me lasser. Je serais incapable d’en faire dix ans, donc j’imagine que la suite sera différente, même si les influences peuvent apparaître de manière complètement différente. De manière plus subtile peut-être.

Il y a une forte récupération de la musique latino dans la chanson, avec des artistes comme Manu Chao, vous n’avez pas peur de «sonner comme» ?
Non, ce qui m’emmerde le plus c’est qu’il vende des millions d’albums.

Autant Rumba faisait la part belle aux arrangements, autant celui-ci se recentre sur la voix, pourquoi ?
J’ai pris plus de temps pour chanter car mon chant est bien la seule chose dont je ne suis jamais satisfait. Je pense que c’est un problème de chanteur: beaucoup ne l’aiment pas, excepté ceux qui s’aiment jusqu’à aimer leurs voix.

Les morceaux sont plus courts, autour de 2 mn 30, auriez-vous peur que l’on s’ennuie sur vos chansons ?
Beaucoup de chansons sont assez répétitives, commeLes gens sont méchants ou Wonderful, et c’est je pense inconsciemment que je les ai choisies courtes, afin de ne pas surcharger et se recentrer sur le texte. Même sur les albums d’artistes que j’adore, si les morceaux sont trop longs je décroche. A l’origine, je voulais en mettre dix. Je me suis donc retrouvé avec 30 minutes de musique, un problème.

La femme reste encore ton sujet de prédilection, un des seuls qui vaillent la peine ?
J’en ai un exemplaire à la maison et je l’observe comme un scientifique. C’est un sujet intarissable, je le vis au quotidien.

L’album est moins pop, les textes acidulés moins présents, Wonderful est-il un disque plus sérieux ?
Non, en tout cas je ne l’ai pas voulu. Peut-être cela tient-il au fait que j’essaie de ne jamais refaire la même chose, j’aime bien prendre des risques. CommeLes gens sont méchants. Cette chanson me vient de ma grand-mère qui disait tout le temps ça quand on lui racontait qu’untel avait crevé les pneus de machin. Et j’aime bien le côté radical, ce serait ridicule de dire «attention pas tous, d’autre sont gentils.»

Sur Les gondoles de Denise vous jouez avec des morceaux de chansons populaires, Clo-Clo, Gilbert Montagné… ?
Je me suis amusé à faire une chanson d’amour minable avec des bouts de chansons d’amour minables, sans pour autant s’en moquer. C’est ma recette «Faites votre chanson d’amour à deux balles». Elle devait être sur le premier album, mais devant l’enthousiasme débordant de ma maison de disques je l’ai gardé en retrait. Pour la tournée de Rumba, je n’avais pas beaucoup de titres alors qu’il fallait pourtant assurer 1h30, j’en ai donc fait le rappel systématique. C’est maintenant le morceau qui marche le plus.

Pascal Bagot