Garnier sur tous les fronts

Rentrée chargée pour Laurent Garnier qui outre le coffret Excess Luggage (F. Com) aux 5 CDs mixés, publie Electrochoc (Flammarion), un livre co-écrit avec le journaliste David Brun-Lambert. Au fil des pages, le DJ, producteur et co-fondateur du label F Com enchaîne sur le tempo de son époque, plusieurs épisodes de son histoire intime de la techno.

Un coffret de mixes et un livre

Rentrée chargée pour Laurent Garnier qui outre le coffret Excess Luggage (F. Com) aux 5 CDs mixés, publie Electrochoc (Flammarion), un livre co-écrit avec le journaliste David Brun-Lambert. Au fil des pages, le DJ, producteur et co-fondateur du label F Com enchaîne sur le tempo de son époque, plusieurs épisodes de son histoire intime de la techno.

Il fut des débuts, et il est encore là. Laurent Garnier, véritable figure de proue du vaisseau électronique hexagonal est probablement un des tous premiers DJs français a avoir essaimé son nom sur les flyers colorés des principaux clubs de la planète. En 15 ans, Mister Garnier en son palais a fait perdre la boule à des générations de technophiles. Avec la même passion qu’à ses débuts, il continue aujourd’hui encore d’être avec humilité, au service de la musique…

Radio Garnier

Pourtant, Laurent Garnier avait tout pour être un anonyme. A commencer par son homonyme. Garnier, un nom qui se fond dans la foule, un nom hors du temps et des modes, un nom qui ne s’affiche pas. Garnier, incognito de père en fils et ad vitam eternam. Sauf qu’à 14 ans, Laurent découvre la radio. Pas celle que l’on écoute les mains sous la tête, confortablement allongé dans la pénombre de sa chambre, mais celle que l’on fait pour son voisin, pour son pâté de maison, celle qui occupe des soirées jusqu’à tard, celle qui ouvre les portes de la nuit pour la première fois alors que celles des clubs vous sont encore interdites, celle que l’on a appelé : "libre" et qu’il aurait sûrement préféré voir baptisée : "anarchique".

Car la radio est pour lui, le média privilégié pour la musique, c’est par lui que le public devrait être confronter à la diversité artistique, à la pluralité des genres. Connu et reconnu pour le subtil éclectisme de son art, Lolo comme on le surnomme parfois, peut aussi bien mixer dub sur dub, que les plus récentes galettes techno, ou faire glisser dans la même soirée palets reggae, soul ou hip hop, tel un joueur de curling qui soigne ses effets. Laurent Garnier est au service de la musique avant tout ! Sous son drapeau, l’an passé après avoir animé des émissions dans bons nombres de radios, il a créé sa propre radio : Pedro Broadcasting Basement (PBB). Diffusée sur le net pour éviter les foudres de la législation en matières d’ondes et de fréquences et l’été dernier à Ibiza, PBB est la radio qu’il aurait aimé découvrir entre deux mégahertz balisés ou trop bien formatés.

Electronic with no limit

Mais revenons à ce DJ sans particule et sans pseudo ronflant, qui depuis ses débuts derrière les platines de l'Hacienda à Manchester à l'aube de l'explosion de l'acid house, n'a eu de cesse d'accompagner la génération électronique dans toutes ses aventures. Plusieurs fois consacré meilleur DJ au monde par la presse spécialisée, il a mixé ces dix dernières années dans les plus grands clubs et festivals internationaux, tout en établissant des résidences au long cours au Rex Club (Paris) ou à feu l'An-Fer (Dijon). Respecté aussi bien par les pères fondateurs de la techno de Detroit, avec qui il a tissé des liens étroits, que par la jeune génération de DJs et producteurs qu’il accueille sur F Communications, son label créé en avril 94 avec Eric Morand, Laurent Garnier prouve une nouvelle fois son goût pour la diversité. Loin des catalogues monomaniaques, voués à un son unique, F Com au baseline explicite (Electronic with no limit), joue la carte de la diversité, proposant de suivre des artistes signés depuis des années (Jay Alansky aka The Remniscent Drive, Jori Hulkonen, Frédéric Galliano…) ou de nouveaux venus tels Del Dongo, Les Clones ou Vista le Vie pour les plus récents.


Entre plume et diamant

C’est évidemment sur F Com, qu’il publie ses propres travaux, ses maxis et albums encensés par la presse (Shot In The Dark en 94, 30 en 97 pour lequel il remporte la première Victoire de la Musique, catégorie Dance, et Unreasonable Behaviour en 2000 écoulé depuis à 250.000 exemplaires à travers le monde). Après avoir signés des compilations mixées pour les labels Studio !K7, V-Form, Mixmag et React, Laurent Garnier livre pour la première fois sur son label, cinq mixes enregistrés ou diffusés entre mai 98 et mai 2002 et réunis au sein du coffret Excess Luggage. Curiosité commerciale, les trois premiers (au Sonar de Barcelone, à Detroit et sur PPB, sa radio) proposés sont fournis avec le coffret, tandis que les deux derniers (au Rex Club pour le dixième anniversaire de sa soirée hebdomadaire où il mixa jusqu’à midi et celui réalisé pour la BBC) ne sont vendus que via la boutique virtuelle du label. Pour le boss du label, ce procédé est avant une ruse pour commercialiser un coffret que les revendeurs aurait hésité à commander pour cause de prix trop élevé. On veut bien le croire, mais on imagine aussi aisément que cet avant-gardiste profite de cette opération pour tester la vente sur Internet.

Quoiqu’il en soit, cette série de mixes accompagne une autre première : Electrochoc, un livre rédigé à quatre mains avec la complicité de son ami, le journaliste David Brun Lambert. Bande-son du livre sans l’être vraiment, ces mixes tous différents illustrent les propos du DJ. Entre autobiographie et retour sur la naissance d’un mouvement désormais planétaire, Electrochoc relate les coulisses des dancefloors à travers une série d’anecdotes bien réelles, de bouts de vie, des bouts de nuits qui se lisent comme un roman. Mais ne vous y trompez pas, Laurent Garnier et David Brun-Lambert n’ont rien inventé. "Tout est vrai" assurent-ils, et on les croit bien volontiers. Car, quand on est capable de s’exposer sur le visuel d’Excess Lugage en train de bailler en attendant son prochain set, on ne se la raconte pas, on ne cherche pas à magnifier le petit monde des DJs internationaux et de leurs multiples fans, on se contente d’être simplement soi : un anonyme connu et reconnu par tous les amateurs de musiques électroniques à travers le monde.