25ème Gala de l'Adisq
L'automne est comme chaque année depuis 25 ans, la saison des Felix au Québec. Ces distinctions sont décernées dans le cadre du Gala de l'Adisq qui a eu lieu cette fois, dimanche 26 octobre 2003 à Montréal. Déferlement Starac,jolie révélation, vieux loup au programme ainsi que les incontournables Boulay et Natasha Saint-Pier qui pour sa part, sort un nouvel opus le 3 novembre prochain.
Et c’est pas fini
L'automne est comme chaque année depuis 25 ans, la saison des Felix au Québec. Ces distinctions sont décernées dans le cadre du Gala de l'Adisq qui a eu lieu cette fois, dimanche 26 octobre 2003 à Montréal. Déferlement Starac,jolie révélation, vieux loup au programme ainsi que les incontournables Boulay et Natasha Saint-Pier qui pour sa part, sort un nouvel opus le 3 novembre prochain.
C’est comme un désastre naturel. Raz-de-marée, tornade, Star Académie : on n’y peut rien. On subit. Dimanche 26 octobre, au 25ème gala annuel de l’Association québécoise de l’industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (l’ADISQ), qui est au Québec ce que les Victoires de la musique sont à la France, on ne pouvait que constater les dommages collatéraux : non seulement la version locale de l’émission de télé réalité a-t-elle déferlé depuis un an sur la Belle Province toute entière, non seulement le disque dérivé a-t-il battu les records de vente des plus grandes vedettes de la chanson québécoise (500.000 exemplaires, chiffre effarant), voilà que Star Académie fait main basse sur trois Félix.
Félix comme dans Félix Leclerc, bien sûr : la statuette honorifique remise par l’ADISQ porte le nom du créateur de Moi, mes souliers. Ainsi, en plus du Félix mathématiquement dévolu à l’Album de l’année – meilleur vendeur, et du non moins prévisible Félix de la Chanson populaire de l’année décerné par vote du public à la chanson-thème Et c’est pas fini (rengaine baba-cool recyclée en hymne à la jeunesse du XXIeme siècle), les staracadémiciens se sont arrogés le Félix de l’Album de l’année, catégorie populaire. Devant Isabelle Boulay et Corneille, c’est dire. Trois victoires pour trois nominations. Et c’est pas fini, comme dit la chanson. Le spectacle de la tournée Star Académie de l’été 2003 sera éligible l’an prochain. Sans compter l’album à venir de Star Académie II…
Il y avait quand même dans ce gala anniversaire des motifs de réjouissance pour l’amateur de chanson qui ne court pas les concours télévisés. Dimanche, les trois étoiles dans le cahier de la Star Académie n’ont pas empêché Ariane Moffatt, ni les Cowboys Fringants de briller. L’irrépressible Ariane est la championne québécoise actuelle d’une chanson aux mélodies liquéfiantes, aux ambiances flottantes et au funk imparable : révélée aux Francofolies de Montréal en 2002, la voilà officiellement bombardée Révélation de l’année par l’ADISQ. Elle a aussi remporté le Félix de l’Album de l’année/pop-rock pour son premier disque, l’extraordinaire Aquanaute, ainsi que le Félix de la meilleure réalisation (avec ses collaborateurs). Mais le plus beau, dimanche, était encore sa performance sur scène de la chanson Point de mire : un groove qui confinait à la transe.
Trois Félix ont également signalé au large public de la télévision de Radio-Canada ce que les fans des Cowboys Fringants savent depuis déjà sept ans, à savoir que le vigoureux country-folk-trad-alterno-rock du groupe de Repentigny (banlieue de Montréal) est ce qui ce fait de plus intrinsèquement honnête, irréductiblement engagé et foncièrement joyeux au Québec depuis les regrettés Colocs. Élu Groupe de l’année, les Fringants ont réussi le parfait triplé, décrochant des palmes pour leur spectacle et pour le live issu dudit spectacle, décrété Album de l’année-alternatif. Notez que l’ADISQ remet quelque 16 Félix d’Albums de l’année, du country aux musiques du monde. C’est drôlement pratique : chacun a sa niche et ça empêche les Star Académie de ce monde d’être trop impériaux. Ça aura permis dimanche à ce beau fou qu’est Jean Leloup – le Higelin québécois – d’empocher la statuette de l’Album de l’année/rock pour La Vallée des réputations.
Mais encore ? De retour de France le temps d’aller voir au gala de l’ADISQ si elles y sont toujours, les Natasha St-Pier et Isabelle Boulay ne sont pas reparties bredouilles : la première a profité de l’absence momentanée en France des Garou et Céline Dion pour rafler le Félix de l’Artiste québécois s’étant le plus illustré hors Québec, la seconde pour réaffirmer sa place d’Interprète féminine de l’année, trône qu’elle occupe pour une incroyable cinquième année d’affilée. Curiosité, le vétéran groupe français Indochine s’est mérité le Félix de l’Artiste de la francophonie s’étant le plus illustré au Québec, devant les Bruel, Lama, Lorie et… Diane Tell. Diane Tell, la chanteuse québécoise ? Non, la Française d’adoption. Retour d’ascenseur, le très désirable Félix de l’Auteur ou compositeur de l’année est revenu au Français d’origine et Québécois d’adoption, Jérôme Minière, plutôt qu’aux favoris Moffatt et Leloup. Récompenser ce génial mais très marginal bidouilleur venu d’ailleurs aura été la belle audace de ce gala. C’est à ça que doit servir l’ADISQ, se dit-on, bien plus qu’à garnir la salle de trophées des patrons de la Star Académie.
Sylvain Cormier
Natasha sur les traces de Céline...
Après s’être fait connaître en France en faisant les premières parties de Garou en 2001, Natasha vient d’obtenir deux années plus tard le Félix de l’artiste "s’étant le plus illustré à l’extérieur du Québec". Comme Céline Dion, Natasha St-Pier est venue rechercher la consécration dans l’Hexagone. Comme Céline, elle est passée par le concours de l’Eurovision pour s’ouvrir les portes du marché français. Et comme Céline elle s’est mise sous la coupe d’un auteur ayant une notoriété incomparable. Céline travaille avec Jean-Jacques Goldman tandis que Natasha a pour auteur Pascal Obispo. Alors Natasha serait-elle le clone de Céline ?
En tout cas le public la plébiscite depuis son plus jeune âge où tout a commencé dans sa province du Nouveau-Brunswick. Durant dix ans, elle apprend les ficelles du métier, passant de plateaux de télévision en salles de spectacle. Un premier album à 15 ans et trois ans plus tard, en 1999, Luc Plamondon lui confie le rôle de Fleur de Lys dans Notre-Dame de Paris. Natasha sort en avril 2001 son second album A chacun son histoire et termine le 12 mai quatrième du concours de l’Eurovision alors qu’elle représente la France avec la chanson Je n’ai que mon âme, composée par Robert, le frère de JJ Goldman. C’est sur un plateau de télévision parisien qu’elle rencontre Pascal Obispo. Coup de foudre artistique qui donne naissance à l’album De l’Amour le Mieux qui lui vaut une Victoire de la musique en 2003 comme Révélation féminine de l’année. Après avoir fait les premières parties de Johnny Hallyday cet été, Natasha a entamé hier une tournée québécoise qui s’achèvera le 15 novembre. D’ici-là son quatrième opus L’instant d’après, toujours réalisé par Pascal "Fan de" Obispo sera dans tous les bacs. Mais il faudra patienter début 2004 pour voir Natasha St-Pier sur une scène française.
Pierre René-Worms