Pleymo rock
Virage complet ou évolution logique pour ce troisième album ? De l’étiquette nu-métal apposée à leurs deux premiers forfaits, Rock (Sony Epic) reprend là où le groupe aurait pu commencer. Débarrassée de ses réflexes saturés et de son accent hip-hop, la musique de Pleymo s’aère un ton en dessous à base de mélodies pop. Moins de coups de boule, plus de coeur.
Troisième CD des métalleux français.
Virage complet ou évolution logique pour ce troisième album ? De l’étiquette nu-métal apposée à leurs deux premiers forfaits, Rock (Sony Epic) reprend là où le groupe aurait pu commencer. Débarrassée de ses réflexes saturés et de son accent hip-hop, la musique de Pleymo s’aère un ton en dessous à base de mélodies pop. Moins de coups de boule, plus de coeur.
Après le succès commercial de Medecine Cake, Rockest-il plutôt un pari risqué ?
Benoît (basse) : Des prémisses étaient déjà dans Medecine, au sujet entre autres de la voix. Dans cette logique, c’est une évolution naturelle à laquelle nous pensions depuis longtemps. Faire des morceaux plus ouverts sur la mélodie, l’émotion et d’autres aspects lyriques, revenir à un truc plus organique, des musiciens, leurs instruments, pas d’artifice.
Ce choix était-il partagé par l’ensemble du groupe ?
Fred (batterie) : Cela faisait quand même pas mal de temps que nous faisions du métal et le besoin s’en ai fait ressentir. Contrairement aux disques précédents, nous avons attaqué la composition après avoir redéfini notre orientation.
Moins compact que sur le précédent, le groupe se compose de musiciens où chacun semble avoir trouver sa place et son terrain personnel d’expression, était-ce un besoin ?
Benoît: Chacun était beaucoup plus libre sur ses parties. Nous nous sommes rendus compte que nous y gagnions en efficacité. Dans le bourrin, tous en bloc, nous avons donné. Les chansons sont devenues plus intelligentes, plus fluides, épurées, aujourd’hui nous en disons moins, mais mieux. L’approche est moins portée sur l’énergie que sur la musicalité.
Rock pose-t-il les premières bases véritables de l’identité Pleymo ?
Fred: Sur le premier disque nous prouvions au plus grand nombre que nous savions jouer de notre instrument, le deuxième prouvait que nous savions faire du métal. Celui-ci ménage les temps d’expression personnels de chacun, ce qui les rend d’autant plus forts, ils sont canalisés à un moment bien particulier et non plus systématiques.
Benoît: Il y a ce principe d’ouverture avec moins de technique et plus de soi dans la musique. La voix a suivi le même processus. De l’exercice linguistique ludique avec les jeux de syntaxe, de mots, le verlan...
L’évolution du chant de Marc (chanteur) a-t-elle été plus difficile ?
Fred : Non, ça nous a rappelé les premiers moments où nous nous sommes rencontrés, il gratouillait sa guitare folk tout en chantant. Ça faisait longtemps que l’on souhaitait qu’il chante, qu’il appuie ses mots. On se voyait mal faire cette musique aujourd’hui avec ses toasts par-dessus. Sans se cacher derrière des jeux de mots, des effets de style, c’était plus dur pour lui de révéler sa voix et lui-même.
Jusqu’ici la place de Franck, le DJ-programmateur, était justifiée. Avec une orientation rock résolument plus classique, l’est-elle encore aujourd’hui ?
Benoît : L’objectif est que tout le monde s’efface au bénéfice de la musique. Mais c’est vrai que l’on s’est posé la question. Avec cette formation plus classique, qu’allions-nous faire des machines? Avions-nous encore besoin de samples, boucles et scratches? On en a discuté, il a proposé des trucs, et au final cela ne vient pas perturber la ligne que nous avions fixée.
L’album se base à nouveau sur une idée de départ, un concept. Quel est-il? N’est-ce pas également un nouvel artifice derrière lequel se cacher ?
Benoît : Rock, le narrateur, est un petit garçon aveugle qui se construit tout un monde imaginaire. Le thème traite de la solitude, de la schizophrénie. Marc s’occupe du concept car cela reste en rapport avec les textes, ensuite il nous demande notre avis, mais l’idée de base vient de lui.
Fred : C’est important pour nous d’avoir un fil conducteur entre la musique, le cinéma, l’esthétique. On aime bien donner autre chose que de la musique, créer son univers d’évolution afin qu’à l’écoute, l’auditeur y assimile des images.
Marc remercie dans le livret les studios Ghibli (studios d’animation japonais responsables entre autres des films de Miyazaki, Princesse Mononoké, Le Voyage de Chihiro…). Y a-t-il un projet en collaboration avec eux ?
Benoît : Certains animateurs sont venus nous voir quand nous étions au Japon, à nos concerts, et ils ont pris contact avec nous. Ils ont adoré l’univers et les dessins réalisés par Marc figurant sur la pochette et dans le livret de Medecine Cake, ils lui ont proposé un projet de collaboration. Quant à notre musique, ils souhaiteraient également l’utiliser, mais c’est encore assez vague. On adorerait faire la musique d’un film.
Propos recueillis par Pascal Bagot
En tournée française de janvier à mars 2004.