Tété

Cet été, Tété nous avait mis l'eau à la bouche avec un album live-apéritif Par monts et vallons. Voici venu le temps du plat de résistance et de l'automne : A la faveur de l'automne. Jeux de mots.

Saison II.

Cet été, Tété nous avait mis l'eau à la bouche avec un album live-apéritif Par monts et vallons. Voici venu le temps du plat de résistance et de l'automne : A la faveur de l'automne. Jeux de mots.

Tété, chanteur attachant et attaché, a une certaine éthique de son métier : la rencontre (de son public), l'échange musical (avec Fred dans ses premières parties, avec les Valentins pour la production de cet album), la découverte (du Québec en l'occurrence qui baigne l'atmosphère automnale mais néanmoins joyeuse de cet album) et le jeu, toutes formes de jeux, y compris celui de cette interview auto-suggestive :

Pop Academy : A propos de Star Academy, on vient souvent me voir en me disant : "Tu as vu, qu'est ce que c'est mauvais ! C'est la honte ces émissions ! C'est pas des artistes, etc." Je trouve cela simpliste, cela implique ou induit qu'une petite parcelle de gens serait dépositaire du bon goût, du talent et que l'autre ne l'est pas, justement parce que ce sont des émissions de télé de masse. Savoir si moi je ferais ce genre de musique ou si je me prêterais au jeu est un autre débat, mais voilà, ça existe. Je me méfie de ce comportement qui induit que quand tu fais de la musique, une partie de la population n'est pas suffisamment "digne" d'écouter ce que tu fais. Je suis sûr que certains ont chez eux un disque de Tété et derrière un disque de Jenifer (première gagnante de Star Academy, ndlr). Personne n'est dépositaire du bon goût.

Keziah Jones : Une comète. L'homme qui m'a fait comprendre à 17 ans que je pouvais être noir et faire de la musique folk, du rock, de la valse ou de la chanson. Il a été une porte ouverte pour moi et mes envies musicales. Une sorte de dandy mélancolique mais un peu "street" aussi. Il m'a apporté une légitimité dans ce que je faisais. Un musiciens super important.

Noir : Ma couleur de peau. Il y a un aspect politique dans mon travail. Je me refuse à faire une musique qui rentre dans les stéréotypes généralement attribués aux Noirs : soit tu es basketteur et tu gagnes des millions de dollars. Soit tu es rappeur de banlieue et tu parles vaguement comme un débile en conduisant des grosses bagnoles de sport. Musicalement, humainement je veux prendre le contre-pied de cela. Virer ces clichetons.

Nègre : Le racisme. C'est là, ça existe et c'est inacceptable, bien entendu. Je respecte mon prochain et j'entends que l'on fasse la même chose vis-à-vis de moi. Maintenant, moi je prends une certaine distance, j'ai beaucoup voyagé et j'ai toujours été un déraciné. Quoi que tu fasses, tu es toujours l'étranger de quelqu'un.

Guitare / Voix : C'est le retour à une certaine forme de mélodie, de sobriété. Mais dans cette "chapelle", il y autant de style que d'artistes. M n'a rien à voir avec Fred, qui lui-même est très différent d'Alexandre Varlet. Chacun a son propre cheminement et je trouve cela cool.

Harmonie : (large sourire) Ouaiiiis. Je me suis beaucoup plus investi dans cet album au niveau des arrangements. J'avais pas mal avancé les contre-chants et les harmonies chez moi sur maquettes. Et les Valentins qui sont venus m'aider pour la production de l'enregistrement m'ont été d'un grand secours. Ils ont été super cool, pas du genre : "Bon écoute petit, nous ça fait des dizaines d'albums qu'on arrange, alors laisse nous faire !". Mais ils ont su me conseiller sur les parties où cela pêchait et laisser les bons trucs intacts. Ça a été une super rencontre.

Pudeur : Qualité humaine. Je trouve cela… touchant. L'expansivité, la bonhomie affichée de manière ostentatoire peu parfois confiner à la vulgarité. Alors que les gens pudiques ont parfois plus à donner, pour peu qu'on aille voir derrière la façade. Un trésor insoupçonné.

La ballade de Oggie Tsuggie : La chanson s'appelait au début Les Temps changent. Quand il a fallu déposer le titre à la Sacem, des amis m'ont fait remarquer que cela risquait de poser des problèmes, une confusion avec un titre antérieur de Mc Solaar. Moi, benoîtement, je réponds : "Pas de problème. Cela ne me gêne pas de filer une partie de mes droits à Mc Solaar pour cette chanson". Et l'on m'a répondu que ce serait plutôt son titre qui risquait de rapporter un maximum de blé. Le problème se posait dans l'autre sens. Alors, on a changé le titre pour que je n'aille pas piocher dans la cagnotte du voisin.

Sidonie : Euh, je ne vois pas. L'héroïne d'un dessin animé pour la télé "Aglaé et Sidonie" ? C'est une oie, c'est ça ?

C'est l'héroïne de votre titre Montréal : Ah oui, J'avais oublié. Mais Sidonie n'existe pas ! Enfin, ce n'est pas ce nom-là en tout cas. C'est inventé. C'est ça qui est bien en chanson pour le besoin de la rime, de la métrique, tu peux inventer tout un tas de noms, de lieu.

Montréal : J'ai découvert Montréal, il y a deux ans, pour les Francofolies. On a fait une série de concert en Gaspésie ensuite et puis on y retourné pour faire un clip. Je suis tombé amoureux du pays et j'y retourne régulièrement depuis. C'est grand comme Paris mais il y moins d'habitants. Il y a une très bonne qualité de vie. J'adore le mode de vie des gens. Ce ne sont ni des Américains, ni des Français. Et pour moi, c'est une mine d'or musicale.

Automne : Que ce soit à Montréal où à Paris, c'est ma saison préférée. C'est très fleur bleue, tu es vaguement mélancolique, vaguement amoureux. Il y a des couleurs, une gamme chromatique qui me met en joie. Pour moi l'automne, c'est le champ des possibles.

Tété A la faveur de l'automne (Epic/Sony)
Actuellement en tournée française. En concert parisien le 18 décembre à l'Elysée Montmartre (complet) puis à l'Olympia le 6 mai 2004.