Transmusicales de Rennes 2003
Les Rencontres Transmusicales de Rennes qui se dérouleront les 4, 5 et 6 décembre prochains, sont toujours, vingt-cinq ans après, le festival où il faut venir pour découvrir les tendances de demain.
Un 25ème anniversaire en fanfare
Les Rencontres Transmusicales de Rennes qui se dérouleront les 4, 5 et 6 décembre prochains, sont toujours, vingt-cinq ans après, le festival où il faut venir pour découvrir les tendances de demain.
Voici dix ans, sur la scène de la salle de la Cité, un jeune artiste débarquait, guitare en bandoulière, et déversait son blues mâtiné de soul à un public qui avait déjà vu, la veille, deux autres inconnus, Björk et Sinclair. Les spectateurs découvraient alors, sur le coup de deux heures du matin, un jeune artiste assis sur sa chaise, guitare sur les genoux, qui ne se levait que pour entamer une danse de guerrier sioux ou taper sur les cymbales de son percussionniste. La semaine passée, Ben Harper, puisque c’est de lui dont il s’agit, a terminé une triomphale tournée hexagonale par trois concerts à guichets fermés au Palais omnisports de Paris-Bercy. C’est dire le flair de Jean-Louis Brossard, programmateur historique de ce festival, lancé un beau soir de juin 79 avec une bande de copains regroupés dans l’association Terrapin, hommage à un de leurs artistes cultes, Syd Barrett, le créateur du Floyd.
Toujours à l’affût de nouveaux talents, les Trans affichent un savant mélange des différents genres qui seront à l’avant-garde quelques mois plus tard dans les tribus qui composent le public 'rock' français. Si la première édition n’était ouverte qu’aux groupes rennais, emmenés par Marquis de Sade, la seconde voit arriver quelques groupes lyonnais, parisiens et nantais avant une première ouverture en 1982 aux groupes de l’Europe du nord (Angleterre, Finlande, Suisse, Belgique), puis en 1983 à ceux du sud (Italie, Espagne) et aux premiers artistes africains et américains.
Ces découvertes s'avèrent du pain bénit pour producteurs et journalistes parisiens qui peuvent venir, l’espace de trois soirées, faire le plein de nouveaux talents, repérer l’artiste à qui l’on proposera de signer un contrat ou mettre en boîte les interviews des stars de demain. Le regretté Philippe Constantin a ainsi découvert backstage un jeune Suisse qui parlait français avec un accent à couper au couteau, Stephan Eicher. De-là, naîtra une aventure commune sous le label Barclay, comme celle qui le liera à un jeune beur lyonnais, Rachid Taha, leader du groupe Carte de Séjour, auquel il proposera une carrière solo.
En 1986, alors qu’il venait voir une de ses artistes, Elli Meideros, chanter avec Etienne Daho, le héros local qui donnait dans l’impersonnelle salle Omnisports un concert dont les recettes permirent aux Trans de sortir d’une difficile passe financière, il découvre en fin d’après-midi dans la confidentielle salle de l’Ubu, un groupe bordelais inconnu, Noir Désir.
Pour fêter vingt-cinq ans de Rencontres, Jean-Louis Brossard, directeur de la programmation musicale des Trans, a concocté le premier volume d’une série de compilations, Le son des Trans, où l’on retrouve la fine fleur des artistes invités au festival depuis ses débuts. Un triple album où Brossard a fait une sélection éclectique parmi les 1.500 artistes qui sont passés à Rennes. La track-list de cette première compil montre l’ampleur des découvertes, françaises comme anglo-saxonnes, réalisées lors du festival. De Portishead à Noir Désir, d’Etienne Daho à Ben Harper, de Daft Punk à De La Soul, on retrouve les précurseurs des tendances les plus novatrices de ces vingt-cinq dernières années, et quelques-uns des innombrables groupes rennais qui ont bénéficié du festival pour faire un bout de carrière, comme les Sax Pustuls et leur Danse du Marsupilami.
Il y a dix ans, pour leur quinzième anniversaire, les Trans programmaient les Rita Mitsouko, La Tordue, Björk, Ben Harper ou Jamiroquaï. Cette année, la soirée anniversaire du 4 décembre va permettre au public de revoir quelques artistes qui ont marqué l’histoire du festival et présenter un spectacle inédit. Ainsi Stephan Eicher rejouera comme en 1981 son album Les chansons bleues, Denez Prigent présentera son dernier opus Sarac’h avec des invités, Arno fera "quelque chose de spécial". Quant aux Bérurier noir, groupe culte entre Iggy Pop et Fernand Reynaud, ils se reformeront pour l’occasion, douze ans après.
Le 15 juin 1979, les premières Trans présentaient la nouvelle vague rennaise, emmenée par Marquis de Sade et son charismatique leader, Philippe Pascal. Vingt-cinq ans après, le même Philippe Pascal, toujours fidèle, revient présenter sur la scène de l’Ubu son nouveau projet, Blue Train Choir, hommage au blues originel du delta du Mississipi. Jeudi soir, à l'Ubu, on pourra dire qu’une première boucle a été bouclée.
 
      
   
      
   
             
             
             
            