UN MONDE AVEC JERONIMO
Rodé par plusieurs concerts en Belgique, en France ou au Québec, en première partie d'Indochine ou de Noir Désir, Jeronimo n’est plus totalement un nouveau venu sur la scène rock francophone. Son premier album Un monde sans moi en témoigne.
Du rock belge
Rodé par plusieurs concerts en Belgique, en France ou au Québec, en première partie d'Indochine ou de Noir Désir, Jeronimo n’est plus totalement un nouveau venu sur la scène rock francophone. Son premier album Un monde sans moi en témoigne.
Originaire de Liège (Est de la Belgique), âgé aujourd’hui de 32 ans, Jérôme Mardaga alias Jeronimo s’est d’abord frotté à différents styles et musiciens. Etudiant la musique au centre musical créatif de Nancy, il s’est essayé dans plusieurs groupes. Sans vraiment être satisfait. De cette frustration naît l’envie, il y a trois ans, de travailler en solo et… cette chanson : "Ma tête est un aquarium rempli de disques magnifiques, mais le problème, mon problème est que je joue toujours avec mon éternel petit groupe qui jamais ne sera grand parce qu’on est trop nombreux, parce qu’on est trop soucieux de bien faire..." (Ton éternel petit groupe).
Découvert et encouragé par un petit label indépendant de Wallonie, Anorak Supersport, présenté par la scène belge francophone en 2002 aux découvertes du Printemps de Bourges, participant aux dernières Transmusicales de Rennes, Jeronimo se taille déjà un joli succès. Certes il n’a sans doute pas une voix de stentor. Ce qu’il préfère, c’est le chanté parlé qui est un peu à la chanson française, ce que le roulé-filé est à la pâtisserie fine, une jolie manière de laisser découvrir et croquer les choses. En Belgique, il rassemble d’ailleurs sur son nom déjà un solide groupe d’inconditionnels et apparaît comme synonyme de la renaissance d’un certain rock francophone. Non sans raison. "Tout ce qui compte c’est le frisson, le parachute qui ne s’ouvre pas, l’élastique qui vient à rompre et la surface qui te fracasse". (Le frisson).
Auteur compositeur interprète, ces douze textes présentés sur cet album consacrés à l’amour, aux rencontres, aux envies, n’en retiennent pas moins le sel de l’existence. Ils contiennent toujours ce brin sarcastique, ce rien acidulé, cette lueur poétique qui est en quelque sorte la marque de fabrique du petit royaume de Brel. A l’image de cette délicieuse mais diabolique Sarah, rencontrée "tout à fait par hasard", un jour de mariage, "sur le chemin de l’église", embrassée et conquise dans "un hôtel ringard du sud de la France". Avec l’inévitable qui arrive : "mon mariage est foutu, et Sarah n’est plus là", qu’importe... "elle m’a sauvé la vie… Merci Sarah" ! Ou encore d’un mythique Ma femme me trompe à lire au premier ou au deuxième degré. Quand le gaillard avoue "tenir bon" alors qu’insensiblement le "je" se transforme en "tu"! Sans oublier le limpide descriptif des ingrédients indispensables pour Un été inoubliable : "Petit a : du soleil, petit b : la plage, petit c : l’océan, petit d : des fausses blondes avec des gros nibards en silicone." Et vous voilà embarqué sur une chute pas aussi innocente que "Vous avez goûté du silicone, c’est vraiment dégueulasse, inconsommable, inacceptable, etc... " Le tout soutenu par une bonne rythmique rock qui – fait suffisamment rare pour être souligné - permet néanmoins de savourer les paroles. L’album n’a-t-il pas d’ailleurs été mixé et masterisé par Rudy Coclet – entre autres fidèle ingénieur du son d’Arno – assisté de quelques vétérans du rock belge francophone, tel Marc Morgan.
Très influencé par la musique anglo-saxonne (Velvet underground, U2, My bloody valentine), Jeronimo n’hésite d’ailleurs pas au besoin à reprendre et transposer I’am afraid of Americans du tandem David Bowie/Brian Eno. Ce titre ne perd vraiment rien à traduit dans la langue de Molière. "Johnny vit en Amérique et passe sa vie au volant, Johnny vit en Amérique et n’a besoin de personne. Johnny voudrait un cerveau, Johnny voudrait un Coca, Johnny voudrait une fille"… Trois petites minutes, soutenues par des guitares bien saturées et une batterie explosive, qui valent sans doute largement plus que nombre de savantes analyses et d’isolement de la petite Amérique et qui résonnent aujourd’hui, avec les évènements en Irak, de tout leur sens.. "J’ai si peur des Américains terrifiés par le monde … Dieu est un Américain". Ce qui démontre quelque peu aux abonnés de la chansonnette chewing-gum que le français, aussi, sait sonner et briller en musique.
Jeronimo Un monde sans moi (Capitol/EMI) 2003
Nicolas Gros-Verheyde
Très influencé par la musique anglo-saxonne (Velvet underground, U2, My bloody valentine), Jeronimo n’hésite d’ailleurs pas au besoin à reprendre et transposer I’am afraid of Americans du tandem David Bowie/Brian Eno. Ce titre ne perd vraiment rien à traduit dans la langue de Molière. "Johnny vit en Amérique et passe sa vie au volant, Johnny vit en Amérique et n’a besoin de personne. Johnny voudrait un cerveau, Johnny voudrait un Coca, Johnny voudrait une fille"… Trois petites minutes, soutenues par des guitares bien saturées et une batterie explosive, qui valent sans doute largement plus que nombre de savantes analyses et d’isolement de la petite Amérique et qui résonnent aujourd’hui, avec les évènements en Irak, de tout leur sens.. "J’ai si peur des Américains terrifiés par le monde … Dieu est un Américain". Ce qui démontre quelque peu aux abonnés de la chansonnette chewing-gum que le français, aussi, sait sonner et briller en musique.
Jeronimo Un monde sans moi (Capitol/EMI) 2003