OLYMPIAFRICA

L'Olympia a aussi accueilli les plus stars des musiques du monde à commencer par l'Afrique avec Mayriam Makeba ou Tabu Ley. Revenons sur ces pages méconnues de l'histoire de l'Olympia. Témoignages.

Tout un continent dans le temple parisien de la chanson.

L'Olympia a aussi accueilli les plus stars des musiques du monde à commencer par l'Afrique avec Mayriam Makeba ou Tabu Ley. Revenons sur ces pages méconnues de l'histoire de l'Olympia. Témoignages.

En 1970, Bruno Coquatrix en personne se déplace à Kinshasa, capitale du Zaïre, pour rencontrer la star Tabu Ley dit Seigneur Rochereau et lui faire signer son contrat pour passer à l'Olympia. Symbole que l'Afrique a aussi largement sa place dans une salle ouverte à toutes les musiques. C'est en fanfare donc que l'Afrique investit l'Olympia, le 12 décembre 1970, avec un spectacle nommé "Fanfare nationale du Congo-Kinshasa". Le grand Tabu Ley Rochereau donne 34 spectacles en 16 jours, d'abord comme tête d’affiche, puis en première partie de Julien Clerc pour quatorze concerts. Jean-Michel Boris, alors directeur artistique de la salle, qualifie leur prestation de "world ethnic avant que le mot existe" et évoque "une ambiance de tous les diables, un bordel d'anthologie"*. Il retrouve la salle en 1997. Mais avant lui, en 1967, ce sont les femmes qui ont inauguré la série : la Sud-Africaine Myriam Makeba en mai et la diva égyptienne Oum Khaltoum en novembre. Cette dernière détient le record du concert le plus long jamais donné à l'Olympia : 5 heures ! Citons ensuite la «Tigresse congolaise» Abeti Masikini en 1972, puis Manu Dibango, Eboa Lotin… Vient ensuite le temps de la vague «Sono mondiale» dans les années 80 avec Salif Keïta, Youssou N’Dour, Angélique Kidjo, Lokua Kanza, Cesaria Evora, Alpha Blondy, Papa Wemba, Koffi Olomide…

Le champion toutes catégories reste Manu Dibango qui se produit cinq fois en tête d’affiche et, à de nombreuses reprises, comme accompagnateur ou invité : "L’Olympia, c’est le temple du métier. C’est un raccourci de ma carrière. La première fois que j’y suis passé, c’était dans les années 60, à l’époque des émissions Musicorama du dimanche après-midi. J’avais un groupe de rythm’n blues avec Allan Shelley et nous sommes passés en première partie de Janis Joplin. C’était une ambiance détonante ! Mon premier passage en tête d’affiche a eu lieu en 1974, un an après Soul Makossa, et c’était émouvant de voir pour la première fois mon nom en lettres rouges sur le fronton de la salle. En 1978, lorsque je me suis produit avec l’Orchestre de la RTI (Radio télévision ivoirienne), une petite fille de 5 ans est venue m’apporter un bouquet de fleurs : c’était la première apparition d’Hélène, la chanteuse des Nubians ! Et dans les loges, je me souviens d’un gamin de 15 ans, tout timide : Yannick Noah. La relève musicale du pays était déjà présente il y a vingt-cinq ans à l’Olympia.»

Pas d'heure pour L'Afrique

Fait unique, les artistes africains se sont produits à tous les horaires: l’après-midi, en soirée et surtout, innovation dans cette respectable salle, de minuit jusqu’à l’aube. Car pour les artistes congolais, un spectacle de gala ne peut se concevoir à 20h30. C’est à partir de minuit que les «ambianceurs» commencent à arriver en petit nombre pour se montrer et présenter leurs nouveaux costumes griffés, le spectacle en lui-même n’étant le prétexte qu’à une sortie exceptionnelle.

C'est le dimanche 29 août 1998, dans un Olympia juste reconstruit, que Koffi Olomide monte pour la première fois sur cette scène. Les membres de "la Société des ambianceurs et personnes élégantes" – les fameux sapeurs congolais - s’étaient donné rendez-vous dans l’escalier donnant accès au bar, à l’entrée de la salle, pour un défilé de mode. C’est tout un pays qui a alors le sentiment d’être admis dans le saint des saints de la musique francophone.

La boucle est bouclée

Ismaël Lô, lui, n’y a jamais joué avec son groupe, mais est l’invité surprise de Jane Birkin, en première partie, durant une semaine en octobre 1996 : «J’étais seul à la guitare pour quatre-cinq chansons. C’était un moment de bonheur intense de jouer dans cette salle mythique, et le public en redemandait. J’ai grandi dans une atmosphère où j’écoutais la soul, la salsa, le rock, et tous les artistes que j’aimais étaient passés par là. Je rêvais à Dakar sur les pochettes des albums enregistrés par Rochereau ou Hallyday. La seconde fois que j’y suis passé, j’étais invité par Calogero et nous avons interprété ensemble la chanson qu’il m’a composé L’amour a tous les droits. Mais je rêve du jour où j’aurai mon nom en rouge sur le frontispice de la salle.»

Pour Papa Wemba, l’Olympia était un vieux rêve: «D’accord cette salle est petite par rapport à Bercy ou au Zénith, où j’ai également joué, mais quand je pense à ceux qui m’ont précédé, les Otis Redding, Jimi Hendrix ou Aretha Franklin, j’y vais en tremblant. Celui qui m’a poussé à faire ce métier et m’a permis de croire en moi, c’est Tabu Ley, le Seigneur Rochereau, qui fut un des  premiers Africains à jouer ici. Passer dans cette salle, c’est la fierté de suivre ses traces.» La boucle est bouclée. Seule ombre à la fête : aucun artiste africain n'est programmé en 2004 pour fêter cet anniversaire...

Pierre René-Worms

Discographie sélective :
Le Seigneur Rochereau à l'Olympia, 1970 (CD import).
Tabu Ley Rochereau à l'Olympia, 1997 (Next Music)
Manu Dibango / live 91 (WMD)
Quartier Latin / Live à l'Olympia, 1998 (Sonodisc)
Koffi Olomide / live à l'Olympia, 1998 (Next Music)
Cesaria Evora / live à l'Olympia, 1996 (Mélodie)

*Extrait de l'ouvrage Olympia Bruno-Coquatrix, 50 ans de music-hall de Jean-Michel Boris, Jean-François Brieu et Eric Didi (Ed. Hors Collection, 2003).

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C'est le dimanche 29 août 1998, dans un Olympia juste reconstruit, que Koffi Olomide monte pour la première fois sur cette scène. Les membres de "la Société des ambianceurs et personnes élégantes" – les fameux sapeurs congolais - s’étaient donné rendez-vous dans l’escalier donnant accès au bar, à l’entrée de la salle, pour un défilé de mode. C’est tout un pays qui a alors le sentiment d’être admis dans le saint des saints de la musique francophone.

La boucle est bouclée

Ismaël Lô, lui, n’y a jamais joué avec son groupe, mais est l’invité surprise de Jane Birkin, en première partie, durant une semaine en octobre 1996 : «J’étais seul à la guitare pour quatre-cinq chansons. C’était un moment de bonheur intense de jouer dans cette salle mythique, et le public en redemandait. J’ai grandi dans une atmosphère où j’écoutais la soul, la salsa, le rock, et tous les artistes que j’aimais étaient passés par là. Je rêvais à Dakar sur les pochettes des albums enregistrés par Rochereau ou Hallyday. La seconde fois que j’y suis passé, j’étais invité par Calogero et nous avons interprété ensemble la chanson qu’il m’a composé L’amour a tous les droits. Mais je rêve du jour où j’aurai mon nom en rouge sur le frontispice de la salle.»

Pour Papa Wemba, l’Olympia était un vieux rêve: «D’accord cette salle est petite par rapport à Bercy ou au Zénith, où j’ai également joué, mais quand je pense à ceux qui m’ont précédé, les Otis Redding, Jimi Hendrix ou Aretha Franklin, j’y vais en tremblant. Celui qui m’a poussé à faire ce métier et m’a permis de croire en moi, c’est Tabu Ley, le Seigneur Rochereau, qui fut un des  premiers Africains à jouer ici. Passer dans cette salle, c’est la fierté de suivre ses traces.» La boucle est bouclée. Seule ombre à la fête : aucun artiste africain n'est programmé en 2004 pour fêter cet anniversaire...

Pierre René-Worms

Discographie sélective :
Le Seigneur Rochereau à l'Olympia, 1970 (CD import).
Tabu Ley Rochereau à l'Olympia, 1997 (Next Music)
Manu Dibango / live 91 (WMD)
Quartier Latin / Live à l'Olympia, 1998 (Sonodisc)
Koffi Olomide / live à l'Olympia, 1998 (Next Music)
Cesaria Evora / live à l'Olympia, 1996 (Mélodie)

*Extrait de l'ouvrage Olympia Bruno-Coquatrix, 50 ans de music-hall de Jean-Michel Boris, Jean-François Brieu et Eric Didi (Ed. Hors Collection, 2003).

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