38ÈME MIDEM A LA LOOP

Rendez-vous annuel, le MIDEM (Marché International de la Musique) se déroulait du 25 au 29 janvier 04. Malgré la crise que traverse cette industrie, de nombreux «professionnels de la profession» s’étaient donnés rendez-vous à Cannes afin de trouver de nouveaux débouchés. Quelques artistes avaient aussi fait le voyage et étaient présents sur la croisette.

Nouvelle édition du Marché International de la Musique

Rendez-vous annuel, le MIDEM (Marché International de la Musique) se déroulait du 25 au 29 janvier 04. Malgré la crise que traverse cette industrie, de nombreux «professionnels de la profession» s’étaient donnés rendez-vous à Cannes afin de trouver de nouveaux débouchés. Quelques artistes avaient aussi fait le voyage et étaient présents sur la croisette.

Des patrons de majors aux responsables de petites structures musicales, sans oublier les éditeurs, agents, organisateurs de spectacles et les artistes bien évidemment, toutes les forces vives de l’industrie musicale étaient à Cannes pour cette 38ème édition du MIDEM. Si certains n’ont que très rarement quitté les luxueuses suites des grands hôtels de la corniche, d’autres ont arpenté des heures durant les allées du Palais des Festivals à la recherche du contrat mirifique, de cette bulle d’oxygène qui leur donnerait un nouveau souffle.

Loop, trio électro-jazzy-world originaire de Marseille n’a pas mesuré sa peine. Depuis plusieurs années, Laurent et Nicolas, respectivement batteur et DJ, font le voyage cannois. Mais pour la première, ces deux créateurs du Label Entourloupe distribué par Nocturne, sur lequel ils ont déjà auto-produit une demi-douzaine de rondelles, avaient bloqué plusieurs jours sur la croisette. «Jusqu’à présent, nous ne venions qu’une seule journée et repartions frustrés. Au MIDEM, le monde entier est présent. On peut donc et à la fois trouver de nouveaux territoires où jouer et nous rapprocher de distributeurs à l’étranger» assurent ces deux complices. Laurent et Nicolas ont donc arpenté les allées du Palais des Festivals, grimpé les escalators, parlé français, anglais, allemand et même parfois avec les mains pour tisser de nouveaux contacts avec les biznessman de la musique représentés sur 2200 stands ou les 600 journalistes présents. «C’est une bonne année! Nous avons établi de très bons contacts avec des Australiens, des Japonais, des Chinois et des Bretons». Paradoxalement Loop qui a déjà sillonné à maintes reprises l’Europe de l’Est, instruments et machines sous le bras, n’a jamais poser une seule note live sur le sol breton. «On espère bien y aller jouer prochainement».

Très conscient de l’enjeu de la manifestation dans le développement de leurs carrières, les deux musiciens habitués à se coucher tard, ont préféré gérer au mieux leur fatigue, s’interdisant les virées tardives dans les clubs cannois où la fête tambourinait jusqu’à tard. Telle Cendrillon, ils se sont souvent éclipsé aux alentours de minuit. «Si, ici, beaucoup de contacts se nouent le jour, la nuit reste un moment privilégié qu’il ne faut pas minimiser» précise Laurent qui a pu converser lors de la soirée de clôture avec les boss de WARP et de Ninja Tune, deux labels britanniques qui font référence dans le genre musical qu’ils défendent sur scène comme sur disque. Eux étaient venus à Cannes animer une conférence sur «Les Stratégies Marketing pour la Musique Electronique» le mercredi après-midi. Car c’est aussi ça le MIDEM, un lieu de rencontre, d’échange et de réflexion.

Traversée par la crise (Le Syndicat National de L’industrie Phonographique a profité de cette édition pour signifier la nouvelle chute du marché du CD), les acteurs de l’industrie musicale profitent de ce moment pour essayer de trouver de nouveaux débouchés et des remèdes aux difficultés qu’ils traversent. Le piratage en est selon eux, la cause et le MP3 téléchargé sans vergogne et droits reversés, l’ennemi juré. Etonnement, le Palais des Festivals abhorrait une immense bâche rose à la gloire du lecteur MP3 conçu par une célèbre marque d’ordinateurs.

A Cannes, les contradictions ne manquent pas. On se plaint de la crise, mais l’on continue de sabrer le champagne dans de somptueux palaces. On claironne une baisse du marché du disque de 15% et l’on larmoie sur la mort du CD-single en passant presque sous silence que ce manque à gagner est directement contrebalancé par les nouveaux revenus liés à la diffusion de la musique sur les téléphones portables. On jure défendre la création artistique et l’on propose à des formations de se produire dans les vastes salons du Martinez, sonorisés comme pour un anniversaire d’adolescent ; la palme de l’indécence revenant au programmateur de la soirée d’ouverture du MIDEM offerte par le Danemark, qui a vu défiler dans une salle quatre groupes pop-rock sans originalité et dans la salle voisine une sélection guère plus heureuse de formations électroniques et DJs. MIDEM de crise pour une industrie en pleine mutation, ce nouveau cru ne restera certainement pas dans les annales, ce qui n’empêchera pas Loop de remonter sur scène.