Dionysos
Vacciné au live depuis ses débuts il y a dix ans, ce n’est qu’avec Western sous la neige, dernier album porté par les tubes Don Diego 2000 et Song for a jedi, que Dionysos s’est véritablement révélé au grand public. Groupe de scène, où sa poésie barrée trouve un terrain de jeu naturel, la bande du bondissant Mathias Malzieu Live vient de publier Whatever the weather: un premier disque live décliné en deux versions (électrique et acoustique),taillées sur les mesures de son rock ludico-hargneux.
Whatever the weather/ concert électrique et acoustique
Vacciné au live depuis ses débuts il y a dix ans, ce n’est qu’avec Western sous la neige, dernier album porté par les tubes Don Diego 2000 et Song for a jedi, que Dionysos s’est véritablement révélé au grand public. Groupe de scène, où sa poésie barrée trouve un terrain de jeu naturel, la bande du bondissant Mathias Malzieu Live vient de publier Whatever the weather: un premier disque live décliné en deux versions (électrique et acoustique),taillées sur les mesures de son rock ludico-hargneux.
Say it live and loud!
Manière de vérifier pour ceux qui en doutaient encore que Dionysos est bien un groupe rock’n’roll, le bien nommé Concert électrique voit Mathias Malzieu et sa bande évoluer dans la formule qui a fait leur succès: tous décibels et guitares dehors. Amplis grondants et sons saturés président donc légitimement aux débats de ce live en forme de démonstration de vitalité, qui s’ouvre sur un I love you mettant d’emblée public -et auditeur- dans la connivence. Une déclaration que bouderont peut-être les tympans délicats, mais qui n’a pourtant rien de la gesticulation gratuite ou de la stérile débauche bruitiste façon musique de jeunes.
Compact, tempétueux, le rock version Dionysos est surtout doté d’un sérieux pouvoir de séduction, que la scène restitue dans sa plus juste expression. Si les lives gravés sur disque sonnent parfois comme des figures imposées, quand ils ne résultent pas d’obligation contractuelle, ce Concert électrique, transpire à l’évidence le plaisir partagé. Plaisir de déglinguer les mélodies à coups d’accords saturés. De cabosser les sons, torturer, triturer les rythmes. Il ne s’agit pas pour les Dionysos de réciter sagement leurs compos en costume de scène, mais de leur donner vie stricto sensu, et d’en livrer une relecture souvent inspirée.
A l’image de Song for a jedi, qui n’est pas ici recrachée dans ses tubesques atours radiophoniques, et s’offre une envolée finale débridée. Même constat pour les quelques reprises figurant au générique de Whatever the weather (I put a spell on you de Screamin Jay Hawkins et le majestueux Thank you Satan de Léo Ferré, qui semble presque taillé sur mesure), ou les titres anglophones, que l’on peut juger plus ternes sur disque, mais qui remportent ici les suffrages (Frog et sa ligne de basse hypnotique, John Mc Enroe sous influence Pixies). Jamais scolaire, encore moins ennuyeux, ce live électrifié (qui fait également l’objet d’une édition DVD), mené par un Malzieu ensorceleur de foules, lui aussi branché sur canal saturé, fait figure de séance de rattrapage pour les oubliés de la récente tournée dionysienne.
Rock in a hard place
Difficile de prime abord d’imaginer Dionysos et son Zébulon de chanteur, lequel bondit habituellement aussi bien sur les scènes que dans les foules, à l’affiche d’un théâtre, ou devant un parterre de fauteuils. C’est pourtant le pari qu’a fait la bouillonnante clique de Malzieu, lors d’une parenthèse de dix dates au milieu de leur Western Tour, et qui fait l’objet du volet acoustique de Whatever the weather. Relecture d’une page de tournée, qui préfère logiquement les ballades aux refrains rugueux, ce Concert acoustique tient ceci dit moins de l’unplugged poli que du dépaysement stylistique.Plus que de dénuder ses titres, Dionysos s’applique à en livrer une version brute, à donner dans le "live de proximité", au sens propre du terme.
Au menu, contrebasse veloutée, cordes parcimonieuses et pauses a capella pour une formule bluesy dont s’accommodent avec bonheur les récents singles du groupe de Valence(le sautillant Don Diego 2000, revisité à la sauce western, ou Song for a jedi, délicatement dramatisé à coups d’accords mineurs). Une façon de revisiter les compositions qui ne sombre néanmoins pas dans le mécanique. Intimiste sans être apathique; acoustique sans se faire trop calme, ce Whatever the weather débranché change d’habillage, mais pas de propos. La puissance est contenue, le canal saturé jamais bien loin (voir pour s’en convaincre Liquid princess), et ce chapitre acoustique ne force au final pas la nature rock de Dionysos, qui éprouve ici la géométrie variable de ses titres, efficace sous forme de caresse sonore comme en version "gifle de décibels"!