Carla Bruni en live

Après plus d’un million de Quelqu’un m’a dit vendus, l’ancien mannequin Carla Bruni donne enfin ses premiers concerts parisiens, à partir de mardi 17 février aux Bouffes du Nord. Retour sur un rapide apprentissage de la scène.

Début de carrière sur scène

Après plus d’un million de Quelqu’un m’a dit vendus, l’ancien mannequin Carla Bruni donne enfin ses premiers concerts parisiens, à partir de mardi 17 février aux Bouffes du Nord. Retour sur un rapide apprentissage de la scène.

"Nous sommes vraiment désolés, mais le disque ne fait que trente-sept minutes". Il fallait le voir, ce sourire-là, le sourire de Carla Bruni devant les spectateurs de son premier «vrai» concert, le 23 janvier à la Ferme du Buisson, scène nationale de Marne-la-Vallée. Elle avait chanté les douze chansons de Quelqu’un m’a dit, son nouvel album, et une grosse poignées de reprises. Elle était sur scène depuis un peu plus d’une heure et la très grande belle femme se transformait en jeune fille intimidée – enfin, intimidée… Pas une rosière, non plus. Les chanteuses qui n’ont pas l’habitude de la scène et craignent de paraître en public ont d’autres manières, en général: qu’on se souvienne par exemple, des débuts de Beth Gibbons avec Portishead, têtes baissées et jambes bégayantes. Lorsqu’elle entre en scène pour s’installer sur sa haute chaise devant le micro ("C’est notre premier concert. Nous sommes très émus. Surtout moi"), lorsqu’elle se lève pour se tenir près du piano pour quelques reprises, Carla Bruni donne à voir un charme magnifiquement expérimenté.

Mais il y a cet instant superbe de désarroi, ce sourire désarmant: Carla Bruni s’excuse que son concert fut si court. Mais elle reste sur scène, savourant les applaudissements qui montent devant ses excuses. Elle sort ses dernières cartouches, deux reprises des Rolling Stones, Wild Horses et I Got the Blues, encadrant La Marche nuptiale de Georges Brassens, avant qu’elle ne dise bonsoir avec une berceuse italienne, Buena Notte Fiorelino"Merci à vous pour votre indulgence. La prochaine fois, on aura deux disques".

Le premier, Quelqu’un m’a dit, paru en novembre 2002, approche le million d’exemplaires vendus en France et constitue une des meilleures surprises de ces dernières années dans la chanson. Sublime égérie «bobo», Carla Bruni est, ce faisant, devenue chanteuse populaire, ce que personne n’attendait vraiment. Ses concerts à partir de mardi prochain aux Bouffes du Nord se déroulent à guichets fermés et les locations pour son séjour de trois semaines en mai prochain au Trianon sont déjà très avancées.

C’est pourquoi la chronique de ses apparitions sur scène – et de son apprentissage en public de son nouveau métier – a été un des feuilletons les plus suivis de la saison. D’abord, le 24 octobre, elle apparaît pendant le concert de Daniel Lanois à l’Elysée Montmartre. Elle chante en duo Sometimes, un titre du récent album Shine du chanteur canadien: voix mal assurée au départ mais vite rassérénée, interprétation douce et belle. Quelques jours plus tard, elle apparaît sur la scène du Trianon pour la soirée du prix Constantin – elle compte parmi les dix sélectionnés, et ce sera Mickey 3D que choisira le jury. Elle n’a jamais chanté une de ses chansons en public ailleurs que sur un plateau de télévision. Ce soir-là, c’est Tout le monde. D’ailleurs, c’est aussi ce morceau qu’elle chante le 6 novembre, en ouverture de son court concert au festival des Inrockuptibles à la Cigale: jean, tee-shirt noir à manches mi-longues. Tout le monde, Le toi du moi, Buena Notte Fiorelino, Raphaël, Quelqu’un m’a dit, La Dernière Minute: set court, public fervent, et Carla Bruni qui s’essuie les mains sur son jean entre ses chansons…

En janvier, elle s’installe à la Ferme du Buisson avec son équipe pour préparer sa tournée. Autour d’elle, les trois musiciens qui l’accompagnaient au prix Constantin et aux Inrockuptibles (Antoine Massoni à la contrebasse, Taoufik Farah à la guitare, Sébastien Buffet à la batterie). Au bout de quelques jours, elle appelle, pour compléter la troupe, le pianiste classique Pierre Demarty et surtout le guitariste Louis Bertignac, qu’elle connaît depuis son adolescence et qui est le réalisateur de son album. Autant l’ancien Téléphone avait su, en studio, se faire discret et laisser le premier rôle à des guitares acoustiques très sobres et à la mince voix de Carla Bruni, autant il laisse ses vieux démons pointer leur nez pendant le premier concert de la belle. "Ce Bertignac, il aime se faire remarquer", lancera-t-elle dès la troisième chanson, une reprise de Cigarette de Jacques Higelin – il est très insistant à la slide guitar. Entre le rocker extraverti et habitué à la scène et la jeune femme aux chansons fragiles, l’association ne peut fonctionner vraiment que si Bertignac consent à se tenir un peu en retrait – ce qui est un des enjeux artistiques des concerts des Bouffes du Nord.

Car, partout, c’est la douceur de timbre de Carla Bruni qui est, de tous les éléments du concert, le plus troublant, le plus passionnant. Bien sûr, il y a le charme du trac, de la ferveur des efforts de la chanteuse pour démarrer ses chansons en place et en rythme, de ses faux départs, de ses aveux de nervosité et d’émotion. Mardi aux Bouffes du Nord, ce sera la vraie «première» de Carla Bruni, celle qui compte pour les médias – celle de Paris. On murmure qu’elle pourrait avoir achevé une ou deux chansons neuves entamées depuis quelques temps…

Du 17 au 21 février aux Bouffes du Nord; du 11 au 29 mai au Trianon, à Paris