VICTOIRES DE LA MUSIQUE 2004
Face à l’inexistence de véritables émissions musicales dans le paysage audiovisuel français, on ne pouvait que se réjouir d’assister à un évènement comme les dix-neuvièmes Victoires de la musique : un show mettant en avant la performance live et la jeune génération. Les grands vainqueurs de cette édition : Kyo et Mickey 3D.
Kyo et Mickey 3D
Face à l’inexistence de véritables émissions musicales dans le paysage audiovisuel français, on ne pouvait que se réjouir d’assister à un évènement comme les dix-neuvièmes Victoires de la musique : un show mettant en avant la performance live et la jeune génération. Les grands vainqueurs de cette édition : Kyo et Mickey 3D.
Tout avait pourtant bien commencé. Les deux présentateurs de choc et de charme de la soirée, Guillaume Durand et Jean-Luc Delarue, nous annonçait fièrement que la cérémonie allait se dérouler "en direct". Information non négligeable puisque depuis quelques jours, France 2 avait émis l’idée de diffuser l’événement avec un léger différé de 10 minutes afin d’éviter tout incident intempestif comme l’irruption de seins sur le plateau ou l’apparition d’un intermittent dénudé sur scène … ou l’inverse ! Bref, après que Jean-Luc nous ait rappelé subtilement pour la dixième fois que la soirée se déroulait bien "en direct", la charmante Carla Bruni est venue ouvrir le bal. La 19ème cérémonie des Victoires de la musique était lancée.
Premier chanteur récompensé, Calogero, élu artiste masculin de l’année et qui "ne s’y attendait pas du tout". "Nous non plus", avait-on envie de lui répondre après qu’il ait gentiment remercié son patron Pascal Nègre, PDG d’Universal. Et puis Kyo est arrivé … Nommé dans cinq catégories, ce jeune groupe originaire des Yvelines a raflé pas moins de trois trophées : album révélation, révélation scène et groupe révélation. La cérémonie s’est ensuite un peu enlisée à cause des performances sans surprises de Pascal Obispo (récompensé pour le spectacle de l’année), Lynda Lemay et Chimène Badi.
Entre temps, Mickey 3D, était venu chercher sa première Victoire de la soirée pour Respire, élue chanson originale de l’année. Premier groupe à remercier son public avant sa maison de disques, le trio de Saint Etienne s’est aussi fait le porte parole des intermittents en s’adressant à la nouvelle "mascotte" des cérémonies de remise de prix, le ministre de la Culture et de la Communication, Jean-Jacques Aillagon. Véritable fil rouge de cette soirée, la cause des intermittents a été abordée à moult reprises. Sanseverino, représentant les musiciens, est venu demandé au ministre d’accepter le contre protocole d’accord sur le régime d’assurance chômage des intermittents, tout en souhaitant une "bonne chance à tous les exclus parce que c’est un peu leur année!" Une noble intervention qui n’a cependant rien arrangé au climat morose de la cérémonie.
Heureusement, certains artistes ont réussi à apporter un peu de piquant à cette soirée monotone grâce à leurs prestations explosives. Les Wampas tout d’abord, fidèles à eux-mêmes, ont réveillé le public du Zénith à coup de grosses guitares grâce à leur tube Manu Chao. Le groupe Dyonisos a enfoncé le clou quelques minutes plus tard avec leur interprétation très énervé de Song for a jedi. Le chanteur, non content d’avoir subtilisé les lunettes de Jean-Luc Delarue, a démontré qu’il maîtrisait l’art de la cascade avec brio. Dans un autre registre, Corneille nous a livré une très belle version acoustique de son dernier morceau, Parce qu’on vient de loin, et a même réussi l’exploit de faire lever la moitié du public présent. Point commun de tous ces artistes: aucun d’entre eux n’a remporté de Victoire. Coïncidence ou fait surnaturel?
Ce que l'on peut regretter, c’est le peu de place accordé à la diversité musicale. Les artistes hip hop par exemple, étaient cantonnés à une seule catégorie, comme s’il était impossible de faire du rap et d’être aussi la révélation ou l’artiste de l’année. Et c'est l'incontournable Diam’s qui emporta cette Victoire. On peut aussi s'etonner de l'attribution de la Victoire de l’album de musiques électroniques/groove/dance à Emilie Simon. Une catégorie fourre-tout dans laquelle concourraient aussi la house de Bob Sinclar, les expérimentations de Bumcello et le r’n’b de Willy Denzey. Point commun de tous ces artistes : heu, je ne vois pas …
La soirée s’achevait aux alentours de minuit en consacrant l’artiste interprète féminine de l’année. Plus aucun applaudissement ne retentit lors de l’énumération des nommées, à croire que tout le monde était déjà parti. A la non-surprise générale, Carla Bruni est venue chercher son trophée en précisant qu’elle avait trouvé cette cérémonie "incroyablement chaude et swingy et amusante et merveilleuse". Le doute m’envahit alors : avais-je bien suivi la même cérémonie que Carla ou m’étais-je trompé de chaîne ?
Benjamin Roux
Palmarès complet :
- Le groupe ou l'artiste interprète masculin de l'année : Calogero
- L'album reggae/ragga/world de l'année : Voz d'amor Cesaria Evora
- Le spectacle musical/la tournée/le concert de l'année : Pascal Obispo "Fan" en tournée
- La chanson originale de l'année : Respire Mickey 3D
- L'album révélation de l'année : Le chemin Kyo
- L'album rap/hip hop de l'année : Brut de femme Diam's
- Le vidéo-clip de l'année : Respire Mickey 3D
- L'album de musique originale de cinéma ou de télévision de l'année : Good bye Lenin Yann Tiersen
- L'album de musiques électroniques/groove/dance de l'année : Emilie Simon Emilie Simon
- L'album pop/rock de l'année : Tu vas pas mourir de rire Mickey 3D
- Le groupe ou l'artiste révélation de l'année : Kyo
- L'album de chansons/variétés de l'année : Les risques du métier Bénabar
- Le groupe ou l'artiste révélation scène de l'année : Kyo
- Le groupe ou l'artiste interprète féminine de l'année : Carla Bruni