LA NAÏVETÉ NOSTALGIQUE DE SEB MARTEL

Sébastien Martel tient une place à part dans l’univers de la chanson française. Le guitariste de M vient de sortir sous le nom de Las Ondas Marteles un album en hommage au poète cubain Miguel Angel Ruiz. Dans le même temps, ressort son premier opus paru l’an passé, hommage au folk-blues des années 20, remixé par ses amis DJ Medhi, Zdar (moitié de Cassius), Châteauflight ou Bumcello. Rencontre avec un nostalgique du cool.

Du folk-blues au bolero

Sébastien Martel tient une place à part dans l’univers de la chanson française. Le guitariste de M vient de sortir sous le nom de Las Ondas Marteles un album en hommage au poète cubain Miguel Angel Ruiz. Dans le même temps, ressort son premier opus paru l’an passé, hommage au folk-blues des années 20, remixé par ses amis DJ Medhi, Zdar (moitié de Cassius), Châteauflight ou Bumcello. Rencontre avec un nostalgique du cool.

Vous êtes actuellement en tournée avec M que vous accompagnez sur scène. Comment l’avez-vous rencontréainsi que les autres musiciens ?
Le 21 juin prochain, cela fera treize ans que nous nous sommes rencontrés à l’occasion d’un «bœuf» sur les quais de la Seine lors d’une Fête de la musique. On ne s’est jamais quitté depuis. Quant aux trois autres, Vincent Segal et Cyril Atef - les Bumcello - et DJ Shalom, nous étions ensemble dans le collectif Olympic Gramophon avec Julien Loureau. On se retrouve un peu naturellement tous ensemble en tournée et c’est un grand bonheur, que ce soit sur scène ou dans le bus.

Quelle facette de Sébastien Martel voit-on en première partie de M ?Matthieu me laisse ces opportunités de passer de «sideman» à «frontman» et je peux ainsi présenter mes deux projets, Ragalet et Las Ondas Marteles, quand je le désire, et c’est vraiment agréable de pouvoir jouer devant un tel public.

En tant que guitariste, vous pouvez encore apprendre des trucs à M ?
Entre Matthieu et moi, c’est un échange permanent. J’ai toujours admiré son toucher à la guitare et son assise rythmique. Au début, il jouait de la basse, ce qui lui a permis d’acquérir cette expérience rythmique. On échange beaucoup aussi avec Vincent [Segal] qui est comme un rat de bibliothèque et passe son temps à éplucher toutes sortes de rythmes. On a quand même du temps libre durant cette tournée et on travaille ensemble lors de matinées studieuses ou lors de balances qui s’attardent.

Vous menez de front deux carrières parallèles. C’est une volonté d’éclectisme ?
C’est spontané, il n’y a rien de calculé là-dedans. Il y a Ragalet, cet album solo fait à la demande de Marc di Domenico, le producteur deChambre avec vue d’Henri Salvador, qui m’a proposé alors que j’enregistrais pour lui de faire un disque. Pour Las Ondas Marteles, c’est une autre histoire. Il s’agit d’une belle rencontre que j’ai faite à Cuba avec ce poète et mélodiste Miguel Angel Ruiz. Ce disque est un hommage à cet homme. Tout cela s’est fait spontanément, ce sont des événements de ma vie que l’on retrouve sur ces deux projets discographiques et scéniques.

Musicalement, ils sont pourtant assez éloignés. Il y a d’un côté le folk-blues de Ragalet, de l’autre les boleros de Las Ondas Marteles ?
C’est complètement éloigné, mais la démarche est similaire. C’est la recherche d’une certaine pureté et authenticité. Je m’intéresse énormément aux musiques des années 20, 30, 40. L’histoire du blues est inscrite dans cette époque-là. Pour le bolero, c’est plus récent, mais je m’intéresse beaucoup au «danzon» qui est à l’origine de la musique cubaine que l’on retrouve dans ces années-là, de même que le tango. Je creuse dans le passé.

Votre premier album, Ragalet, en est à sa troisième version, c’est inédit ?
Oui, il y a d’abord eu une version EP de cinq titres pour tâter le terrain avec un petit film à la fin qui est un peu le making off du disque que j’ai enregistré à la ferme, chez mes grands-mères. Ensuite, il y a eu l’album lui-même l’an passé. Et j’ai voulu lui donner un petit plus, du coup on ressort l’album original en ajoutant une bonne quinzaine de remix. Tout cela s’est fait très spontanément, de la part de gens qui sont très proches, et en un mois tout le travail a été fait. Tous ces copains donnent leur version des morceaux, que ce soit DJ Medhi, Bumcello, Chateauflight ou Zdar de Cassius, qui font des choses étonnantes.

DJ Medhi a remixé un titre au nom évocateur : Serge Dylan…
C’est une private joke que je vais expliquer. Dans le Ragalet original, il y a un titre qui s’appelle Bob Nelson dans lequel j’imaginais une rencontre entre Bob Dylan et Serge Gainsbourg, un truc un peu folk à tendance country avec une envolée lyrique au milieu. Comme Medhi me l’a remixé, j’ai changé un peu les noms et c’est devenu Serge Dylan.

Pierre René-Worms

Albums:
Sébastien Martel - Re-Ragalet (Exxos-Source/EMI)
Las Ondas Marteles – Y Después de todo (Label Bleu)

En tournée en première partie de M.
Ragalet Party le 15 mars à La Boule Noire de Paris.
Las Ondas Marteles le 6 avril à La Cigale de Paris.