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De même que les producteurs de cinéma n’envisagent plus de sorties en salles sans leur pendant en DVD, le support numérique vidéo joue aujourd’hui un rôle à part entière dans l’industrie du disque. Concerts filmés, collections de clips, ou portraits d’artistes... Le DVD musical s’impose comme l’outsider du secteur.
Le marché des DVDs en France
De même que les producteurs de cinéma n’envisagent plus de sorties en salles sans leur pendant en DVD, le support numérique vidéo joue aujourd’hui un rôle à part entière dans l’industrie du disque. Concerts filmés, collections de clips, ou portraits d’artistes... Le DVD musical s’impose comme l’outsider du secteur.
Au dernier Midem en janvier dernier à Cannes, les professionnels de l’édition musicale, malgré les mauvais scores des ventes de disques, avaient au moins une bonne raison de ne pas sombrer dans la déprime: avec une augmentation de 88% entre 2002 et 2003, le DVD musical représentait effectivement La bonne nouvelle du moment. Lives, clips, rockumentaires divers...Rien n’échappe aujourd’hui au Digital Versatile Disc dans sa version musicale, qui est en quelques mois passé des fonds de magasins aux têtes de gondoles des grandes surfaces du multimédias, et dont la santé florissante inspire de plus en plus l’industrie du disque.
De là à ériger le support en sauveur du secteur, il n’y a qu’un pas que certains n’hésitent pas à franchir, voyant dans l’exploitation du DVD un potentiel retour sur investissement, là où la conception de clips, voire de VHS musicales rimait presque à coup sûr avec trou dans le budget. En outre, le DVD se positionne comme un produit grand public, quand l’antique VHS ne ciblait qu’un cercle restreint de fans, et peut se targuer d’une valeur ajoutée sans comparaison avec son lointain ancêtre analogique, ce dont les artistes sont les premiers à se satisfaire. «Avant, quand je prenais une cassette vidéo de NTM, que je la mettais sur ma TV et que j’écoutais le son, je me disais: «putain, c’est ça?!» remarque Joey Starr, qui vient de livrer Who’s the B.O.S.S, un documentaire à la gloire de son label Boss Of Scandalz Strategy. «Le DVD, c’est super flatteur –non, c’est juste. Ça ne peut être que gratifiant».
Concevoir la musique autrement
Nouvel outil à la disposition des artistes, mais aussi nouveau produit proposé au public, le DVD risque même selon Joey Starr de faire sérieusement évoluer les habitudes de consommation: «J’ai l’impression que les gens vont de plus en plus vouloir acheter un produit avec le son numérique, plus le petit truc qui permet de voir ton studio, etc. Les majors nous poussent à ça: dès que tu enregistres quelque chose, il y a toujours un mec qui va venir avec une caméra pour avoir un petit bonus». Il n’est effectivement plus rare de voir des albums sortir en édition limitée (pour les fêtes de fin d’année...), assortis d’un bonus DVD. De même, certains lives sortent directement en DVD (récemment Vincent Delerm ou Mathieu Boogaerts). Ce changement dans l’offre de musique est tel que certains prophétisent une disparition progressive du CD. Pour Iam, «le DVD devient incontournable, simplement parce qu’on est dans une logique industrielle d’usure et de démocratisation des supports: de même qu’on a plus ou moins éliminé le vinyle puis la cassette, bientôt il n’y aura plus de CD, tout le monde aura des DVDs».
Pour certains, comme Jean-Louis Murat, le DVD va jusqu’à influer directement sur la création musicale: avec Parfum d’acacia au jardin, l’auvergnat a effectivement pris le pari d’enregistrer un album de chansons inédites, uniquement en DVD, avec pour témoin les caméras de Don Kent, responsable entre autres du look des lives de l’émission Nulle Part Ailleurs. Une expérience qui, selon le réalisateur « peut donner envie aux gens de concevoir la musique autrement». Et d’ajouter «le DVD jusqu’à maintenant, c’était un concert qui sort en DVD... le fait que quelqu’un comme Murat amène un concept artistique là dedans, à mon avis ça peut ouvrir des portes. J’espère qu’il y a des jeunes mecs qui vont apporter quelque chose de nouveau.». Du côté de Labels, la maison de disques de Murat, et de son directeur général Morvan Boury, on se réjouitde cette évolution du paysage musical: «quand on voit la façon dont un artiste comme Murat utilise le support DVD pour ce qu’il permet de faire, en l’occurrence voir un artiste enregistrer treize titres dans un studio, c’est une façon de s’approprier le format pour ce qu’il permet. C’est une façon de penser un projet qui n’aurait pas pu exister sous la forme d’un CD en tous cas.». Dont acte;
Nouvelle donne
Nouvel outil à la disposition des artistes, mais aussi nouveau produit proposé au public, le DVD risque même selon Joey Starr de faire sérieusement évoluer les habitudes de consommation: «J’ai l’impression que les gens vont de plus en plus vouloir acheter un produit avec le son numérique, plus le petit truc qui permet de voir ton studio, etc. Les majors nous poussent à ça: dès que tu enregistres quelque chose, il y a toujours un mec qui va venir avec une caméra pour avoir un petit bonus». Il n’est effectivement plus rare de voir des albums sortir en édition limitée (pour les fêtes de fin d’année...), assortis d’un bonus DVD. De même, certains lives sortent directement en DVD (récemment Vincent Delerm ou Mathieu Boogaerts). Ce changement dans l’offre de musique est tel que certains prophétisent une disparition progressive du CD. Pour Iam, «le DVD devient incontournable, simplement parce qu’on est dans une logique industrielle d’usure et de démocratisation des supports: de même qu’on a plus ou moins éliminé le vinyle puis la cassette, bientôt il n’y aura plus de CD, tout le monde aura des DVDs.»
Le DVD marquerait-il une nouvelle ère, une redistribution des cartesdans l’industrie du disque ? Chez Labels, qui outre Jean-Louis Murat héberge Dominique A ou Daft Punk, on reste plus mesuré. Selon Morvan Boury, «la nouvelle donne ne s’arrête pas au DVD. Le DVD, c’est l’épiphénomène : on n’est plus dans une époque où un format remplace l’autre, mais dans une époque où les formats coexistent, se développent à des rythmes différents, et correspondent à différents types de projets pour un artiste et à différents types de consommation pour l’amateur de musique. Aujourd’hui, ce qui est intéressant, ce n’est pas d’arrêter de faire des CD pour faire des DVD, mais de faire un DVD qui ait un sens en tant que tel, tout en continuant à faire un CD qui ait lui aussi une utilité, tout en développant le téléchargement, le son multi canal etc.» Une vision résolument optimiste, que le développement du Divx (format de compression vidéo facilitant l’échange de fichier sur Internet) ou la menace du piratage, habituelle bête noire des éditeurs de CD, ne vient pas assombrir. «Le parallèle que j’aime bien faire, c’est celui du marché de l’eau minéralepoursuit Morvan Boury, il n’y a rien de plus disponible que l’eau potable, mais c’est dans les pays où elle est le plus disponible que l’eau minérale se vend le mieux. Pourquoi? Parce qu’aujourd’hui, il y a des gens qui travaillent à ajouter de la valeur à un bien qui est disponible en grande quantité, de manière quasi gratuite. C’est un peu pareilpour le DVD: l’important sera d’innover pour faire la différence, en apportant à la fois une musique de qualité, présentée sous une forme conviviale, et assortie d’un certain nombre de services dont on ne dispose pas si on se contente de pirater. C’est en essayant de créer une valeur ajoutée à la musique que les artistes et les maisons de disques s’en sortiront.» Il ne tient qu’aux professionnels de suivre cet principe vertueux, et de profiter de l’embellie numérique en soignant leurs sorties!