DEMON DU CÔTÉ DU R’N’B
Pas question pour Demon de s'endormir sur les lauriers de la French Touch. Figure incontournable de cette vague électro avec un tube You are my high, il revient aujourd'hui avec un nouvel opus, Music That You Wanna Hear résolument orienté r'n'b, de quoi dérouter ses fans de la première heure mais aussi de quoi se voir traiter d'opportuniste. Explication.
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Pas question pour Demon de s'endormir sur les lauriers de la French Touch. Figure incontournable de cette vague électro avec un tube You are my high, il revient aujourd'hui avec un nouvel opus, Music That You Wanna Hear résolument orienté r'n'b, de quoi dérouter ses fans de la première heure mais aussi de quoi se voir traiter d'opportuniste. Explication.
Pour la plupart d’entre nous, Demon se résume à un morceau, You Are My High, et à son clip sulfureux dans lequel un jeune couple s’embrasse goulûment en plan (très) rapproché pendant près de trois minutes. Ecoulé à plus de 200.000 exemplaires, ce tube avait propulsé le jeune prodige alors âgé de 22 ans sur le devant de la scène électronique française. "Quelques années après, lorsqu’on me parle de la French touch, je me dit que suis super content d’avoir fait partie de cette petite page d’histoire fraîche et agréable de la musique française, raconte-t-il. Je n’en suis pas non plus là à me poser des questions et à me demander si la french touch est morte. Je repense seulement aux albums incroyables qui ont vu le jour durant cette période comme ceux de Daft Punk ou Motorbass". Aujourd’hui, l’effervescence qu’il y avait autour de la house française est retombée et les disques ne se vendent plus comme en témoigne le relatif échec commercial du second album de Cassius. "Le problème, selon Demon, c’est que le public a cru qu’il y avait un mouvement french touch; les gens se sont donc mis à attendre des disques s’inscrivant dans ce courant au lieu d’attendre les nouvelles intentions de ces artistes".
Demon lui, ne connaîtra pas ce problème. En changeant totalement de style, son nouvel album Music That You Wanna Hear, a pris tout le monde à contre-pied. Mais se tourner ainsi si brusquement vers l’une des musiques les plus en vogue du moment, le r’n’b, après avoir surfé sur la vague «house frenchy», serait pour certains un gage d’opportunisme. "Depuis que l’album est sorti, je n’entends que ça. Mais la réalité concrète du terrain, c’est que ça n’a rien d’opportuniste, se défend-t-il. C’était tellement plus simple pour moi de faire un deuxième You Are My High, que j’ai choisi de prendre une voie beaucoup plus difficile. Je suis à un endroit où l’on ne m’attendait pas du tout et maintenant, ce n’est pas forcément plus facile à vendre. Lorsque je vais chez un disquaire par exemple, je trouve mon disque au rayon électro alors qu’il est susceptible de charmer un plus vaste public. Donc non, ce n’est pas de l’opportunisme ou de la facilité au contraire; avec cet album, on a attaqué la face Nord de l’Everest". Alors comment expliquer un tel virage musical? Et bien c’est simple: Demon a juste souhaiter suivre ses envies du moment. "Il s’est avéré que j’avais plutôt envie de faire du hip-hop et d’utiliser des sonorités flirtant avec le r’n’b, le rock, ou le ragga. Cependant, on retrouve toujours la forme et les sons électro. C’est vrai que les productions r’n’b sont dans l’air du temps, mais je n’ai pas fait ce disque avec un esprit calculateur. J’ai simplement été conquis par le charme de cette nouvelle tendance".
A côté des titres r’n’b dignes des meilleures productions d’un Timbaland ou autres Neptunes, Music That You Wanna Hear fait aussi la par belle aux guitares électriques. "C’est ma rencontre avec Craig Walker (le chanteur du groupe Archive), qui a orienté mon album vers le rock, explique Demon. J’ai découvert sa musique par hasard en regardant MTV. J’ai tout de suite trouvé qu’il avait vraiment une bonne voix. Quelques jours plus tard, il est venu à une soirée où je mixais avec Alex Gopher. Et après avoir bu quelques verres, il s’est mis à chanter sur mon set de DJ". Une première prise de contact plutôt singulière mais néanmoins fructueuse puisque Craig Walker participera à trois titres du nouvel album de Demon, apportant ainsi une note plus rock’n roll au projet final. "C’est cette rencontre qui m’a poussé à mettre de la guitare un peu partout et même a chanter sur un morceau. Travailler avec Craig m’a totalement aéré l’esprit".
Au final, Demon nous livre donc un nouvel opus radicalement différent de ses productions précédentes. "Tous ceux qui s’attendaient à avoir du Demon de base sont surpris. Mes fans sont un peu désarçonnés, avoue-t-il, et toutes les personnes qui ne me connaissaient pas parce qu’elles n’écoutaient pas d’électro, me découvrent aujourd’hui à travers le single In The Park. Par conséquent, c’est comme si je revenais à zéro d’une certaine manière…" Demon prend donc un nouveau départ en tentant un pari risqué : réussir à s’imposer sur une scène totalement différente tout en gardant sa propre patte musicale. Un pari risqué mais séduisant, qu’il relève avec un certain talent.
Benjamin Roux