Badamoum Lantoine

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Loïc Lantoine à Bourges

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Les Têtes Raides donnaient hier leur premier concert officiel, à la Hune, grande salle de la maison de la Culture, en partageant l’affiche avec les artistes de Mon Slip, leur label de disques. Outre le cabaret grinçant de Pusse, la soirée s’ouvrait donc avec Loïc Lantoine, auteur d’un disque très remarqué en début d’année, Badaboum.

Et badaboum, justement: voici un artiste d’exception. Un chanteur? Pas tout à fait puisque, d’un point de vue technique, il ne chante guère. Il parle, scande, mélodise parfois sur quelques notes, un peu comme Léo Ferré dans Le Chien ou Le Conditionnel de variétés. Mais c’est bien de la chanson, avec des couplets, des refrains, une écriture exigeante et populaire. Et puis de la musique: le contrebassiste François Pierron (d’ailleurs fils du chanteur Gérard Pierron) joue un accompagnement très rythmique, expressionniste, éruptif.

Loïc Lantoine, personnage incandescent aux gestes d’oiseau ivre, ce serait un chanteur d’après Jacques Brel, mais qui n’aurait rien oublié d’Aristide Bruant. Sa parole - singulière, heurtée, truculente, comédienne – s’enracine dans la réalité sociale populaire des villes du Nord («Par chez nous», dit-il souvent). Dans ces histoires de bistrot, de solitude partagée, d’humains dont les vies de frottent les unes aux autres, il jette de larges poignées d’amour, de fraternité, d’empathie. On retiendra ainsi Faut pas dire de mal de Johnny, qui est peut-être la plongée la plus instructive qui soit dans l’univers mental et affectif des fans d’Hallyday.