Banlieue Rythme à Guédiawaye

Alors que la saison des festivals commence en France, la quatrième édition de Banlieue Rythme s’est déroulée du 5 au 9 mai à Guédiawaye au Sénégal. Prélude à une saison riche sur le continent africain avec les festivals Mawazine à Rabat, celui des Voix Sacrées de Fès ou Ebony à Dakar. Retour sur une manifestation haute en couleurs, qui a vu la participation d’une centaine d’artistes, avec en tête d’affiche, Sekouba Bambino, la fanfare Ceux qui marchent debout et Baaba Maal que RFI Musique a interviewé sur son actualité.

La banlieue de Dakar a son festival.

Alors que la saison des festivals commence en France, la quatrième édition de Banlieue Rythme s’est déroulée du 5 au 9 mai à Guédiawaye au Sénégal. Prélude à une saison riche sur le continent africain avec les festivals Mawazine à Rabat, celui des Voix Sacrées de Fès ou Ebony à Dakar. Retour sur une manifestation haute en couleurs, qui a vu la participation d’une centaine d’artistes, avec en tête d’affiche, Sekouba Bambino, la fanfare Ceux qui marchent debout et Baaba Maal que RFI Musique a interviewé sur son actualité.

Ousmane Faye et Assane N’Doye ont la trentaine. Ousmane est basé à Dakar et est le manager d’Omar Pène. Assane lui est installé à Paris où il officie comme chargé de la communication du label belge Contrejour et tourneur de l’Ivoirienne Dobet Gnahoré. Ils se sont rencontrés il y a quelques années à Issoudun, lors des formations de managers du monde de la musique crées par l’IRMA*. C’est là, aux côtés des futurs responsables de l’industrie discographique française qu’ils ont décidé d’entreprendre ce projet un peu fou, réaliser un grand festival dans la banlieue dakaroise, à Guédiawaye, immense cité dortoir d’un million d’habitants aux portes de la capitale sénégalaise.

Pour monter une telle manifestation, sans l’appui de la Mairie, ni celui, tardif, du ministère de la Culture, certains crieraient à l’inconscience, d’autres loueraient leur témérité. Car organiser un festival en Afrique sans l’appui des pouvoirs publics est on ne peut plus aléatoire. Mamadou Konté, le «grand sage» d’Africa Fête en sait quelque chose.

Une des originalités de cette manifestation, éclatée malheureusement aux quatre coins de Dakar pour satisfaire les partenaires privés situés hors de la commune, réside dans les ateliers où les artistes européens invités travaillent cinq jours durant à des créations avec des musiciens de hip hop et de musique traditionnelle, créations qu’ils iront ensuite présenter sur scène.

Les musiciens de Ceux qui marchent debout étaient tout heureux de se retrouver en Afrique, et leur création avec les ballets de Yengoulène a été une des belles réussites de cette quatrième édition. Il faut dire que l’idée de faire répéter les deux groupes sur des camions, s’arrêtant au gré de l’inspiration sur les places de Guédiawaye, aura été propice à la créativité. La preuve en a été donnée lors du «Carnaval», longue parade dans les quartiers avec les percussionnistes de Yengoulène juchés sur le toit d’un car rapide et les CQMD paradant sur le bitume, rendus encore plus inaccessibles que coutume à la circulation. Ce qui est peu dire, lorsque l’on sait qu’il faut désormais trois bonnes heures pour aller en semaine d’un bout à l’autre de la capitale.

Sekouba Bambino a été sollicité comme jamais. En l’espace de 24 heures, il s’est produit dans trois endroits différents. A la Pyramide Culturelle du Sénégal tout d’abord, puis au stade Amadou Barry de Guédiawaye et enfin au Complexe culturel de Yengoulène! «Ça doit être un record» dit Youssou N’Dour admiratif.

Quant à la révélation de ce festival, elle aura été sans nul doute le groupe de rappeurs peuhls de Guédawiaye, les Black Feth Kaw, prouvant encore un peu plus la vivacité du rap sénégalais dont le berceau est bien cette banlieue déshéritée.

Trois questions à Baaba Maal

Que devenez-vous ?
Je rentre tout juste d’une tournée américaine de deux mois où j’ai donné 36 concerts. Je suis littéralement épuisé. C’est pourquoi je n’ai pu faire un spectacle complet ce soir. J’ai d’ailleurs quitté précipitamment la scène au bord de l’évanouissement. Du coup, je pars me reposer dans un village près de Thiès où j’aurai la tranquillité pour préparer mon prochain album qui sortira en 2005. Sinon, cela ne m’empêche pas de travailler sur le continent, je prépare le projet Africa 2015 en collaboration avec le Programme des Nations-Unis pour le Développement (le PNUD).

Pour Africa 2015, vous avez préparé un album avec tous les artistes africains…
C’est encore un secret, mais on prépare beaucoup de choses pour les 11 ans à venir. Ecrire des chansons, créer des spectacles, aller dans les lycées, les collèges, les camps militaires pour parler aux jeunes de ces enjeux du millénaire qui sont : vaincre la pauvreté, l’éducation pour tous et cette lutte contre le sida qui est bien sûr pour nous une priorité.

Aujourd’hui, vous préférez privilégier votre carrière africaine ou votre carrière internationale ?
C’est très difficile de concilier les deux, mais en m’organisant un peu, je pense pouvoir donner aux Africains ce qu’il leur appartient et en même temps, essayer de pousser la world music et la musique africaine à s’implanter encore mieux à l’extérieur.
C’est toujours une pression difficile à gérer, parce que ceux avec qui je travaille en Europe et aux Etats-Unis veulent que je sois plus présent dans les festivals ou pour jouer avec d’autres musiciens. Mais tout cela, c’est en fin de compte à l’artiste de choisir, en s’organisant.

*IRMA : Informations et ressources en Musiques actuelles (www.irma.asso.fr)