Les compositeurs francophones : l'export par la bande
Quand les films français ont du succès à l’étranger, ils ouvrent très souvent les portes de l’international, et surtout d’Hollywood, aux compositeurs de musique originale. Le processus est, plus rarement, inversé lorsque c’est le succès des chansons à l’étranger qui propulsent des musiciens sur le devant de la scène. Itinéraires de quelques noms célèbres de la nouvelle et de l’ancienne génération :
Revue de grands noms de la B.O. qui ont réussi à l'étranger
Quand les films français ont du succès à l’étranger, ils ouvrent très souvent les portes de l’international, et surtout d’Hollywood, aux compositeurs de musique originale. Le processus est, plus rarement, inversé lorsque c’est le succès des chansons à l’étranger qui propulsent des musiciens sur le devant de la scène. Itinéraires de quelques noms célèbres de la nouvelle et de l’ancienne génération :
Air
Que vient faire le groupe de musique électro Air parmi de fameux compositeurs de musique de film ? Le succès à l’étranger de leurs trois premiers albums (notamment de Moon Safari en 1998) l’a mis sur le chemin de Sofia Coppola pour laquelle Air compose une B.O. remarquée, The Virgin Suicides (1999) et un titre, Alone in Tokyo, pour Lost in translation (2003). Juste de quoi mettre en orbite le duo versaillais dans la galaxie du cinéma mondial.
Yann Tiersen
C'est assez curieusement par Montmartre qu'arrive la reconnaissance internationale de Yann Tiersen. Qu'aurait été "le fabuleux destin" du Breton sans la bande originale d'Amélie Poulain, le film de Jean-Pierre Jeunet sorti en 2001 ? Il reçoit d’ailleurs grâce à elle le ‘Anthony Asquith Award for Film Music’ à Londres. Auteur de plusieurs albums très personnels, poly-instrumentiste, Yann Tiersen continue de composer des BO et signe notamment en 2003 la musique de Goodbye Lenin !, film allemand de Wolfgang Becker qui propose un regard neuf sur la vie en RDA avant la chute du Mur. Un grand succès européen.
Eric Serra
Parfois les compositeurs de musiques de film sont indéfiniment associés à des réalisateurs. C'est le cas d’Eric Serra, ancien bassiste de Jacques Higelin qui, dès le premier film de Luc Besson, L’avant dernier en 1981, en signe la musique. Suivirent parmi d’autres, Subway, le Grand bleu, Nikita, Leon, le Cinquième élément. Le musicien travaillant en étroite collaboration avec le réalisateur a réussi à faire de la musique une composante essentielle de tous ces films. Le succès des films à l’export lui permit de composer la B.O. du James Bond Golden Eye et de Rollerball de John Mc Tiernan.
Gabriel Yared
Libanais francophone, Gabriel Yared a d’abord été compositeur, l’arrangeur, orchestrateur de personnalités de la chanson française : Françoise Hardy, Charles Aznavour, Mireille Mathieu etc. avant de composer une B.O. pour Jean-Luc Godard en 1980 (Sauve qui peut la vie). Puis il collabore avec deux autre réalisateurs français connus à l’étranger, Jean-Jacques Beneix (37,2 le matin) et Jean-Jacques Annaud (L’Amant). Il entre vraiment à Hollywood avec les films d’Anthony Minghella, Le patient anglais– pour lequel il gagne un Oscar (1997), Le talentueux Mr Ripley et Cold Mountani (‘Anthony Asquith Award for Film Music’).
Michel Legrand
Cet amoureux du jazz est l’un des plus grands musicien toutes catégories : il est capable d’écrire des chansons de variété, de pop, des musiques de films et surtout des comédies musicales, genre très populaire aux USA. Il est donc devenu un des compositeurs préféré des réalisateurs américains : sa collaboration avec Jacques Demy abouti à une nomination aux Oscars pour les Parapluies de Cherbourg (1964) et lui ouvre les portes d’Hollywood. Il gagne notamment des Oscars pour la chanson de L’Affaire Thomas Crown, The Windmills of your Mind (1968), celle de Yentl, Papa, can you hear me (1983), et pour la B.O. d’Un été 42 (1971). Michel Legrand a aussi travaillé sur des films allemands, russes, japonais...
Maurice Jarre
Sa carrière a commencé en 1952 avec le film de Georges Franju, Hôtel des Invalides. Il compose une de ses premières B.O. pour un réalisateur américain pour Richard Fleisher en 1960 (Crack in the mirror) puis enchaîne avec John Frankenheimer (The Train, The Fixer), Elia Kazan (The Last tycoon), John Huston (L’homme qui voulut être roi), Michael Cimino (The Sunchaser) et beaucoup d’autres. Le réalisateur britannique David Lean lui donna l’occasion de gagner trois Oscars de la meilleure musique pour Lawrence d’Arabie (1962), Dr Jivago (1965) et La route des Indes (1984). L’Allemand Volker Schlöndorff (Le Tambour, Le Faussaire), le Japonais Rou Tomono (Rakuyo) ont aussi fait appel à lui.
Georges Delerue (1925-1992)
De la génération de Maurice Jarre, Georges Delerue est l’autre grand compositeur qui réussit aussi bien en France qu’à Hollywood. Le compositeur de chefs d’oeuvres français comme Le Mépris (Jean-Luc Godard), La Peau douce (François Truffaut), Hiroshima mon amour (Alain Resnais) est aussi au générique de films de grands réalisateurs américains comme Oliver Stone (Platoon et Salvador), Fred Zinnemann (Un Homme pour l'éternité), John Huston (Promenade avec L'amour et la mort), John Frankenheimer (Les cavaliers), ou italiens comme Bernardo Bertolucci (Le Conformiste) etc. Nominé plusieurs fois aux Oscars, il en reçu un pour A Little romance de Georges Roy Hill (1979).
Jean-François Danis et Valérie Passelègue