Tarmac

Après deux albums studio très remarqués et de nombreux concerts, Arnaud Samuel et Gaëtan Roussel vont clore avec le live Concert au Réservoir Paris 23/12/2003 21:00 l'aventure Tarmac avant de reprendre celle de Louise Attaque.

Concert au Réservoir Paris 23/12/2003 21:00

Après deux albums studio très remarqués et de nombreux concerts, Arnaud Samuel et Gaëtan Roussel vont clore avec le live Concert au Réservoir Paris 23/12/2003 21:00 l'aventure Tarmac avant de reprendre celle de Louise Attaque.

L’horloge est à l’heure, elle affiche 21: 00 tout rond. Quelques roulements de batterie signés Yvo Abadi résonnent, guitare et mandoline prennent aussitôt en chasse le tempo balancé, Gaëtan Roussel salue chaleureusement une foule réduite et compacte. Ce concert de Noël parisien destiné à être radiodiffusé a lieu dans une salle idéale pour toucher le cœur du public. Dans l’esprit des concerts Unplugged de MTV, la captation du son de Tarmac est une réussite, la magie opère dès les premières notes de Dans ma tête. Les albums Notre époque et L’atelier constituent un réservoir commun de chansons aisément transposables sur scène.

L’écriture de Tarmac affinée, raffinée et délicate à souhait prend de l’ampleur en concert. La chanson La Lune permet même au groupe d’évoluer vers de nouveaux univers, de nouvelles atmosphères sonores. Tarmac sur scène provoque un sentiment d’évasion, d’abandon. Les titres du répertoire s’en retrouvent bouleversés. Contrairement aux versions studio, le violon d’Arnaud Samuel ne relève plus seul les couplets de La Lune, le gimmick d’Hélène Texier n’est plus là pour donner le la de Ces moments-là, la réorchestration très alternative de ce titre formaté pour les radios FM provoque la surprise chez les habitués du transistor et un sentiment de nostalgie chez les anciens fans des Béru et autre Ludwig Von 88.

Dans le même esprit, Tu semblante fait tomber les masques et rappelle que Didier Almonisno, le guitariste de la formation, est tombé dans la marmite du rock alternatif français des années 80 et 90. Le son contemporain du récent single Notre époque se façonne sur scène à l’aide d’instruments vintage - le clavier Wurlitzer récurrent sur scène comme sur disque - , une deuxième voix vient souligner les paroles poétiques et intemporelles de Roussel. Le mélodica accompagne le morceau dans sa phase descendante avant de redonner la main à la voix du chanteur jusqu’à la fin.

Internationalrappelle que Tarmac a une culture sans frontières, un talent d’interprétation de la protest-song à l’image du groupe folk Levellers, avec ces paroles qui claquent dans l’air confiné du Réservoir. Les quelques palabres ardentes de cette chanson, chantées en espagnol, balafrent la grosse tête des hommes politiques frileux, stigmatisent leur inaction. Ecouter les paroles de cette chanson étendard! Elle perpétue le message de l’autre Internationale… celle de la lutte finale, avec quelques riffs coups de griffe en sus.

Peu importe que les vumètres de la console du concert penchent à droite ou à gauche, Tarmac joue tantôt fort, tantôt délicatement. Le groupe d’Arnaud Samuel et Gaëtan Roussel a retrouvé le sens de l’orientation, Dis moi c’est quand… est idéalement placé dans le double album (entre Notre époque et International sur le disque numéro 1 baptisé 21:00), à point nommé pour redonner un peu de rythme à un set qui paraissait s’appesantir. Sur le disque numéro 2, 21: 53 figure une première reprise. Le plaisant Cruel garden des Stranglers confirme que Tarmac en plus d’être un groupe de folk-rock français n’en demeure pas moins une somme de musiciens fans de punk et pop british. La seconde reprise, La ballade des gens qui sont nés quelque part est troublante, fascinante. Les mots de Brassens coulent plaintifs hors de la bouche de Roussel, bercés par une rythmique de mandoline inquiétante. Une coupure à la The end des Doors permet à la voix de Gaëtan Roussel de s’effacer derrière les instruments, de laisser les doigts du groupe préférer improviser un velouté de blues-rock atmosphérique mâtiné de country-rock, du genre de celui qu’on écoute à l’heure de la fermeture dans des bars poussiéreux de Tucson, Arizona. D’ailleurs le public du Réservoir n’a pas envie de partir se coucher "a casa", Volar et ses sonorités arabo-andalouses l’invitent à un nouveau petit voyage. Une chanson tourbillonnante avec ces volutes de violon posées en écho à la voix du chanteur. Agrippé à sa guitare, ne lâchant pas du regard les pédales d’effet, Philippe Almosnino casse régulièrement le rythme, rompt avec la tradition des refrains trop carrés, trop calés sur un tempo style tango, sur des plans en quatre temps trop ronronnants.

Sur cet album, Tarmac félin, câline les oreilles des spectateurs, taquine les admirateurs qui savent le groupe tout près d’un sommeil obligatoire. Tarmac avec ce double album live a goudronné le terrain de retour sur terre en douceur du quatuor folk rock le plus énergique de ces dix dernières années, Louise Attaque.

Tarmac Concert au Réservoir Paris 23/12/2003 21:00 (Atmosphériques) 2004