Superbus
Ils sont apparus tels des ovnis sur la scène rock hexagonale voici deux ans. Avec Aéromusical, ils ont écumé les scènes et écoulé 80.000 copies. Pas mal pour un début. Revoici Jenn et sa bande avec Pop’n’Gum, un album qui s’écoute en sirotant une limonade dans la cour de récré.
Pop’n’Gum
Ils sont apparus tels des ovnis sur la scène rock hexagonale voici deux ans. Avec Aéromusical, ils ont écumé les scènes et écoulé 80.000 copies. Pas mal pour un début. Revoici Jenn et sa bande avec Pop’n’Gum, un album qui s’écoute en sirotant une limonade dans la cour de récré.
Ils sont quatre garçons et une fille. Les garçons font du bruit avec leurs instruments, Jennifer fait la star derrière son micro. Comme à la télé ou au cinéma, où sa maman, l’ex-Nul Chantal Lauby, a tenu le haut de l’affiche. Pendant que maman faisait la star, à 10 ans, Jenn écoutait dans sa chambre les groupes de rock californien, écrivait ses premières chansons. Envoyée à 15 ans à L.A., elle découvre le rocksteady des No Doubt et flashe sur la diva Gwen Stephanie. De retour à Paname, elle monte un combo. Direction les caves pour apprendre, répéter. Puis tout va très vite.
Un premier album en 2002 qui sort avec un bon buzz, mais surtout d’innombrables sets sur les scènes hexagonales, alignant les premières parties des groupes anglo-saxons prestigieux de passage dans la capitale. Beau cadeau et bel investissement d’une multinationale qui flairait le bon coup avec ce groupe pour ados agités. Pop’n’Gum a été enregistré dans la froideur de l’hiver bruxellois. Là, les cinq de la bande ont dû canaliser leur énergie pour réaliser un album nickel, où guitares et batterie sont plus limpides que sur Aéromusical, et la voix de Jenn enfin mieux mise en valeur.
A l’instar de Matthieu Chédid, un autre "enfant de", qui a la "nostalgie du cool", Jenn a la nostalgie de son enfance (gâtée ?). Pop’n’Gum est une vision ado de la vie: "La vie, c’est comme du chewing gum. Au début, c’est sucré, et après c’est dur à mâcher". Un album qui débute par un tonique Radio Song, car quoi de plus excitant à 18 ans que de s’entendre à la radio? Rencontre avec un combo turbulent.
Ce deuxième album est-il un challenge ou la continuité du précédent?
Jenn: C’est une continuité. On ne s’est pas pris la tête plus que ça. Les morceaux, on les avait, on les a juste triés, choisis, répétés. Cela s’est fait le plus naturellement du monde. Des chansons, j’en compose tous les jours, on en avait une trentaine de prêtes. On s’est juste réunis pour voir si les morceaux étaient bons et si on pouvait les garder.
Comment s’est passé l’enregistrement?
Le studio est comme un laboratoire pour nous. On cherche le son, on s’applique, c’est un peu comme si on allait à l’école. Ce n’est pas comme lorsque nous jouons sur scène, où s’il y a unpain, ce n’est pas grave. Là, ça reste. On est allé enregistrer à Bruxelles, on recherchait un son avec une batterie plus claquante que sur le premier et qu’on entende bien la voix. On est super content du résultat.
La Jennifer du disque et celle de la scène sont deux personnalités différentes…
Sur scène, je joue un rôle, je me déguise, je fais la folle. C’est un jeu d’actrice. L’image pour moi cela va avec la musique. Et quand on sort de scène, on redevient tous normaux.
Vos influences sont vraiment anglo-saxonnes?Oui, tous ces groupes californiens comme Weezer, No Doubt et les groupes de ska comme les Specials ou Madness. Je viens de découvrir Buddy Holly: sa musique me rend raide dingue. Chez les Français, on aime bien les petits nouveaux comme Pleymo, Aqme, mais ce ne sont pas des influences.
Il n’y a pas une pression supplémentaire pour vous avec la crise du marché du disque ?
Cela fait un peu peur, mais on vit notre vie. C’est vrai, tous nos concerts étaient pleins lors de nos tournées l’an passé. Mais nos fans vont-ils se repasser l’album pour le graver ou le télécharger? On verra bien. On a fait le CD avec en bonus un DVD qui raconte nos tournées, l’enregistrement… On a envie de mélanger le son et les images, je trouve ça mortel. Nos albums sont courts, ils font 30-35 minutes, il faut donc rajouter des choses pour que le public s’y retrouve vu le prix d’un album.
Le live est un élément important dans votre carrière ?
Oui, c’est le plus important. Quand je fais un disque, je pense au live, on le fait pour aller jouer devant un public. On ne va pas rester dans notre local tout seuls. Pour nous, c’est la cerise sur le gâteau d’être sur scène. Si ce qu’on fait n’est pas bon, cela se voit tout de suite. On a commencé très fort. Notre premier vrai concert, c’était en première partie de Weezer à l’Elysée Montmartre, qu’on a foiré évidemment, mais on s’est bien amusé.
Vous considérez-vous comme une passerelle entre les groupes anglo-saxons et le public français?
C’est ambitieux, mais on n’intellectualise pas du tout notre démarche. C’est notre culture musicale qui veut ça. C’est vrai qu’on ne fait pas du tout de la chanson française, donc on peut être considéré comme une passerelle. Mais quand un morceau sort, on ne se dit pas: «Tiens on va faire un titre comme ça». On écoute. Mais peut-être qu’on le fait, inconsciemment.
Superbus Pop’n’Gum (Mercury) 2004