Sziget festival en Hongrie

Budapest accueille depuis 1993 un des plus importants festivals d’Europe, le Sziget Festival, qui se déroule du 4 au 11 août 2004. Pluridisciplinaire, ce grand rassemblement propose environ 1000 évènements dont 400 concerts : tous les genres musicaux sont représentés ou presque. Alors que la scène world accueille plutôt des têtes d’affiche comme Rachid Taha, la scène Rom s’attache à faire découvrir la richesse de la culture tsigane.

Grand rassemblement estival à Budapest.

Budapest accueille depuis 1993 un des plus importants festivals d’Europe, le Sziget Festival, qui se déroule du 4 au 11 août 2004. Pluridisciplinaire, ce grand rassemblement propose environ 1000 évènements dont 400 concerts : tous les genres musicaux sont représentés ou presque. Alors que la scène world accueille plutôt des têtes d’affiche comme Rachid Taha, la scène Rom s’attache à faire découvrir la richesse de la culture tsigane.

Le ciel est souvent changeant ces jours-ci à Budapest, entre chaleur caniculaire et averses intempestives. La fréquentation n’est cependant pas soumise aux aléas de la météorologie : quoiqu’il arrive, le public, très nombreux et très jeune, se presse devant l’entrée de l’île d’Obuda où a lieu le festival, entre deux bras du Danube. Avec ses airs de grande foire, la manifestation ressemble à un capharnaüm musical où cinq grandes scènes se partagent les faveurs du public. On trouve aussi une multitude d'autres scènes, plus modestes, des restaurants en plein air, des débits de boissons en tout genre, des lieux d’exposition, des campings, un forum d’associations, des représentations de bouddhistes, d’adeptes de Krishna (!) etc.

Sziget rassemble chaque jour environ 65.000 personnes qui viennent d’horizons très différents. Comme le souligne József Kardos, un des organisateurs de ce grand rassemblement et par ailleurs directeur artistique, «Sziget accueille deux tiers de festivaliers hongrois, un tiers d’étrangers dont de nombreux Allemands et Français. En général, tout se passe très bien, sans agressivité, dans la sérénité». La bière coule à flot ainsi que la Palinka, eau de vie locale, mais, en effet, l’ambiance est au divertissement et à la fête. Avant tout.

Un grand rendez-vous

Depuis 1993, cette manifestation se veut un lieu d’échange, de rencontres, un grand rendez-vous des cultures alternatives et bien entendu, un immense lieu de concert où l’on peut entendre aussi bien des musiques traditionnelles que des sons électroniques. József Kardos rappelle que le Sziget Festival fait beaucoup pour la reconnaissance d’une culture pop rock actuelle dans un pays très fier de ses compositeurs classiques, du ballet classique et du théâtre. Afin de permettre au plus grand nombre d’avoir accès à ces différentes formes d’art  - que certains cantonneraient bien à un espace restreint -, les organisateurs mettent un point d’honneur à pratiquer un prix d’entrée raisonnable, soit quinze euros pour une journée.

La programmation extrêmement éclectique permet de répondre aux goûts divers et variés du public : du jazz, de la musique électro, du métal, des grandes vedettes internationales comme The Rasmus ou Busta Rhymes, des musiques 'world' - bien représentées puisque se sont succédés des artistes comme Lhasa, Rokia Traoré, Omara Portuondo, ou Rachid Taha -. A propos de ce dernier, et à quelques semaines de la sortie de son nouvel album, on attendait un Taha en grande forme. Et pourtant, le rocker algérien n’était sans doute pas dans son bon jour : Cristina, la représentante d’Universal Hungary doutait même que «son artiste» sache exactement où il se trouvait. En Hongrie ou ailleurs. La preuve en fut donnée un peu plus tard sur scène, quand Rachid Taha (en photo), tentant de communiquer avec le public, balançait des « gracias » à n’en plus finir…. Un jour ‘sans’ donc, où les musiciens assuraient toutes les parties que le chanteur n’assurait pas, y compris le chant. Dommage… Il faut espérer que lors de sa prochaine tournée qui doit démarrer en octobre Rachid Taha aura retrouvé ses esprits et son talent.

Rom Vibes

En dehors des artistes confirmés et dans cet esprit de découverte qui prévaut à Sziget, le festival propose depuis trois ans une scène spécifiquement dédiée à la musique Rom. Une bonne vingtaine de groupes tsiganes se produisent sur la scène de la ‘Radio C Roma Tent’. Cette série de concerts est en effet associée à la radio rom de Budapest, Radio C - C comme «Cigany». Marina Pommier est la responsable de la programmation de cette scène. Avec un budget serré, elle tente chaque année depuis 2001 de montrer la diversité de la musique tsigane. Des fameux néerlandais du Trio Rosenberg (swing manouche, façon Django Reinhardt) au groupe hongrois Romano Drom (tsiganes Olah de Hongrie originaire de Valachie en Roumanie), le groupe roumain Nadara et sa chanteuse française Alexandra (en photo), en passant par le Ricciotti Ensemble, orchestre symphonique jouant des thèmes tsiganes, ou encore le guitariste flamenco Pascual Gallo et les Gitans d’Aragon, les visages de cette culture sont multiples et infinis. Si dans de nombreux pays en Europe la condition des Roms reste un sujet sensible, leur tradition musicale très riche est ici largement mise en valeur. On retrouve aussi sur la scène world quelques uns de leurs représentants ou ‘sympathisants’ comme le jeune groupe hongrois Besh O Drom («Trace ta propre route») qui, tout en reprenant des thèmes classiques de la musique tsigane, y insuffle un air nouveau à coup de scratchs ou de beats electro. De quoi faire danser et virevolter joyeusement le public, très réceptif à l’énergie du groupe.

Une fois les concerts terminés, il est à peu près 23h30. La nuit continue. Vous déambulez, vous vous laissez peut être tenter par le karaoké géant, vous dansez sur les mixes des DJs invités du Cinetrip Space Lab. Finalement, vous suivez le rythme du Sziget qui ne s’endort que très tôt le matin suivant.