DIMITRI FROM PARIS
Huit ans après Sacrebleu, son premier album aujourd’hui considéré comme un classique, Dimitri from Paris revient avec Cruising Attitude, un nouvel opus enregistré avec la participation d’une pléiade de chanteur (Omar, Pink Martini, Victor Davies, Daniel Wang, Los Amigos Invisibles, Helena Noguerra…). Le charme discret du Parisien fonctionnerait-il toujours?
Cruising Attitude
Huit ans après Sacrebleu, son premier album aujourd’hui considéré comme un classique, Dimitri from Paris revient avec Cruising Attitude, un nouvel opus enregistré avec la participation d’une pléiade de chanteur (Omar, Pink Martini, Victor Davies, Daniel Wang, Los Amigos Invisibles, Helena Noguerra…). Le charme discret du Parisien fonctionnerait-il toujours?
Depuis le milieu des années 80, Dimitri from Paris incarne une certaine idée du DJaying. Chic et sans excès, le teint frais, il est le prince des platines. Si son prénom évoque la Russie tsariste alors qu’il est né en Turquie de parents grecs, son "From Paris" le recentre bien dans l’Hexagone. Le tube de son premier long format signé sur Yellow Productions ne s’intitulait-il pas Sacré Français? En jouant de ce positionnement un tantinet kitsch, il s’est affirmé sur la scène internationale comme l’un des grands de la French Touch sans forcément enfoncer le "pied" au plancher. Si Bob Sinclar, le boss multifacette de Yellow, revendique l’héritage d’un Jean-Paul Belmondo, Dimitri, lui, a la distinction d’un Jean-Pierre Marielle.
L’élégant DJ de la jet-set
Adulé au Japon où Cruising Attitude est disponible depuis plus d’un an, mais aussi en Angleterre et plus généralement dans les pays anglo-saxons, cet élégant tiré à quatre épingles, DJ producteur et remixeur est un séducteur. Sous un regard aristocratique, voire distant, se cache un personnage attachant, un être affectueux, attentif à son entourage et toujours bien attentionné. Le gendre parfait. C’est d’ailleurs à travers une série de mariages que le producteur Dimitri revient. Polygame musical, il livre un deuxième opus qui n’effraiera pas ses potentielles belles-mères. Avec le même soin qu’il porte à choisir ces costumes, Dimitri taille sur mesure un album où l’easy-listening et la house qui ont fait sa gloire à ses débuts, se combinent à merveille aux voix des chanteurs et chanteuses conviés en studio. Voyageur invétéré du fait de son statut de DJ jet-set, Dimitri a fait son shopping vocal aux quatre coins de la planète. Dans son panier, on trouve aussi bien les chanteurs britanniques Omar et Victor Davies que la Parisienne Helena Noguerra, la Japonaise Maki Nomiya (ex-Pizzicato Five), les Américains de Pink Martini ou les Vénézuéliens de Los Amigos Invisibles.
Embarquement immédiat
C’est naturellement sur le bruit d’un avion au décollage baptisé Welcome Aboard que s’ouvre cette Cruising Attitude. Not Quite disco, le premier véritable titre de cet album donne le ton du voyage. Fluide, suave et totalement instrumental, il n’interdit pas un certain balancement. Attention cet album bien que classé dans les bacs électroniques de par la personnalité de son créateur, laisse une large place aux compositions instrumentales sans abuser de la posologie "sample". Strong Man enregistré avec Omar, soulman britannique découvert il y a plus d’une décennie sur Talkin Loud, le label de Gilles Peterson, offre une escale londonienne avant un premier arrêt au pays du Soleil Levant. Okinawa Love est une mélodie douce, idéale pour accompagner la montée de l’astre solaire dans le bleu du ciel, une ritournelle apaisante où glisse les mots de Kisen Horino. La Vie fredonnée par Helena Noguerra sonne comme la B.O. d’une ultime étreinte amoureuse sur la Place de la Concorde filmée par un Lelouch du troisième millénaire. Retour à Londres avec le groovy This is Your Life, titre chanté par Victor Davies avant The Soundtrack, nouvel instru sur lequel tourne un sample vocal minimaliste non crédité. Morceau de choix, la reprise de Syracuse interprétée par Pink Martini est selon la bio, "l’un des titres préférés de Dimitri". Délicieuse, elle ne révolutionne pas la version originale tout en la griffant tout de même de la patte du producteur fidèle aux intentions originelles. Merumo résonne aux sons d’une langoureuse trompette qui accompagne à merveille la voix aux accents exotiques de la Nippone Maki Nomiya. Toi Mon Auto chanté par Helena Noguerra est une ode désuète au dieu Automobile, une ballade aux rythmes brésiliens. Venusienne Dance au beat plus marqué a été produit avec le Taiwanais installé à New-York Daniel Wang. Live Jazz et San Juan Five-O sont deux nouveaux instrus, dont le premier a été remixé en toute fin d’album par le duo new-yorkais Masters at Work, juste après Paris-Brooklyn. Ce titre chanté par les Vénézuéliens de Los Amigos Invisibles (star dans leur pays et connus au travers de leurs albums signés sur Luaka Bop, le label de l’ex-Talking Heads, David Byrne, un autre dandy) réchauffe le dancefloor. Belle croisière qui, sans excès, s’amuse du temps qui passe.
Dimitri from Paris Cruising Attitude (Discograph) 2004