FRANCOPHONIC 2004
Berlin aime la musique francaise ! C´est dans un ancien sanctuaire de la bière, le Kulturbrauerei ("Brasserie de la culture"), que les Francos de Berlin ont lieu de nouveau cette année, sous un nouveau nom, Francophonic, du 8 au 12 septembre. Au programme, de l’electro-rock, du hip hop, de la chanson. Soirée Belge mercredi pour commencer, et tour de France régional pour terminer.
Le festival francophone de Berlin brasse toutes les musiques
Berlin aime la musique francaise ! C´est dans un ancien sanctuaire de la bière, le Kulturbrauerei ("Brasserie de la culture"), que les Francos de Berlin ont lieu de nouveau cette année, sous un nouveau nom, Francophonic, du 8 au 12 septembre. Au programme, de l’electro-rock, du hip hop, de la chanson. Soirée Belge mercredi pour commencer, et tour de France régional pour terminer.
Les Francofolies de Berlin ont changé de peau. "Désormais, il faut dire "Francophonic" pour plus de lisibilité", justifie Stephanie Brun, responsable de la communication, "les Allemands ne connaissent pas trop La Rochelle [lieu fondateur des Francofolies] et, par ailleurs, le mot folie évoque dans leur imaginaire un mot allemand qui veut dire feuille." Feuille blanche... donc pour l'édition 2004, mais de bien jolis noms pour la remplir comme Coralie Clément, Héléna, Rachid Taha, "l'idée étant aussi de mélanger les artistes français ou francophones avec quelques nouveaux talents de la scène berlinoise." Surprise de taille, immense déception, la Starr du festival,Joey Starr et son BOSS se sont fait excuser, il n'y aura donc pas de mélange entre les Berlinois de Moabeat et le groupe du 93 [la Seine St Denis, département limitrophe de Paris]. Des problèmes relationnels entre les différents membres du posse seraient venus perturber le déplacement du BOSS a Berlin, Joey Starr invoque quant à lui une otite. Des membres d'un autre groupe de rap invité à Francophonic (qui tient à l'anonymat...) explique qu'il n'y avait pas assez de pré-ventes de billets pour la soirée hip-hop, d'où l'annulation...
Pas de mélange non plus au programme de la première sortie du festival, mercredi, à la Kulturbrauereir, la Brasserie de la Culture, un très bel endroit autrefois utilisé pour produire de la bière. Dans ce lieu, complètement transformé en salles de concerts, il n'y a pas de Berlinois à l'affiche, pas de Français non plus. A l'approche de la Kulturbrauereir, les quelques fûts sortis sur les stands sont d'origine belge et pour cause : le village gastronomique de Francophonic laisse de la place à des groupes tous en provenance du plat Pays, Sweek, Ming, Starflam et Ghinzu. Si la grande attraction du soir se nomme Ghinzu (en photo), c'est parce que depuis mardi, le deuxième disque du groupe du bruxellois John Israël est disponible en France. Le chanteur, homme issu du monde de la pub, fan de manga, d´Elvis Presley et de punk-rock n´est pas peu fier d´avoir pu s´entendre avec la maison de disques Atmosphériques pour signer ce premier album en France. Un album de 12 pièces taillées sur mesure, avec une finition impeccable, des textes délirant ( Jet Sex, The Dragster wave ). Sur scène, la décontraction et le laisser-aller est complet, du moins John le laisse penser, plongeant profondément ses accords de guitares dans un chaudron de noisy-pop en fusion, rappelant au passage que les groupes allemands electro-pop ont peut-être fait partie des multiples inspirations de Ghinzu (une marque japonaise de couteaux bien aiguisés !). Des années 70 et 80 françaises, Greg Remy, le guitariste a surtout retenu les bande originales de films de Valdimir Cosma et Francis Lai. "J'adore ce pan de la culture française, des films comme Le Grand Blond avec une chaussure noire me plaisent pour leur musique. Il y a certaines harmonies qui se retrouvent dans notre musique, avoue avec un léger sourire en coin le guitariste. John renchérit : "nous aimons aussi la musique black, Serge Gainsbourg et Jacques Brel, mais comme je compose des textes en anglais, ces influences sont cachées." Dès le début du concert, Ghinzu a choisi de dérouler son répertoire, laissant peu de place à la respiration. Le spectateur présent ce mercredi soir aura pu apprécier le jeu de scène particulier du chanteur. Quelque part entre celui de l'acteur comique Pierre Richard, en pleine rédemption, à qui une force suprême aurait modifié l'oreille interne et celui de l'acteur romantique Melvil Poupeau, pour la façon de séduire la gent féminine sans en faire des caisses.
Séduisant aussi ces rappeurs liégeois du collectif Starflam (en photo) qui ont fait mousser d'entrée de jeu leurs flows au rythme du mix incontrôlable du DJ. Cinq capitaines de cérémonie qui rappent à tour de bras, le micro bien en main et le verbe haut. La bande, déjà auteur de trois albums, n'est pas sans nous rappeler un groupe qui marche très bien à Berlin et dans toute l'Allemagne, les Saïan Supa Crew. Les rappeurs s'invectivent sans se faire mal, interpellent les politiques belges et allemands présents dans la salle, s'appuient sur un public qui au trois quarts semble être originaire de Liège et de Bruxelles. "Cela fait sept ans que l'on tourne dans tous les coins de Belgique, bizarrement, nous sommes assez populaires du côté flamand alors que nos textes sont en français" explique SEG, l'un des cinq rappeurs. "Ce n´est pas souvent que l'on peut jouer au-delà de notre pays, il faut rendre hommage a Luc Meessen, un Liégeois chargé par les institutions culturelles wallonnes d'organiser ce déplacement belge à Berlin," rappelle le groupe Starflam.
Jeudi soir, le choc de l'annulation de Joey Starr est compensée par le show des tonitruants Berlinois Moabeat. Le trio de rappeurs mélange vrais instruments rythmiques et versions instrumentales de choix – Queens of the Stone Age entre autres. Juste avant de quitter la scène sous les vivas d'un public complètement acquis à leur cause, à quelques mètres de là, dans les salons du Club 23, les parisiens DJ Oof et VJ Lootin revisitent plus de 30 ans de cinéma français en musique. Leur concept baptisé "Cinemix" fascine pendant deux heures un public allemand familier des Louis De Funès, Alain Delon, Jean Gabin et autre Lino Ventura sur des thèmes des années 60 et 70. Plus contemporain, le mix de DJ Cam a lieu vers 3 heures du matin dans une boîte de nuit joliment baptisée "Maria". Mention spéciale aux autres représentants du label Nocturne aux platines : le duo live Oscar et sa séduisante chanteuse, et l'érudit DJ Alix, très certainement un des top DJs francais des années futures.
Changement de décor et retour de la musique 100% française le vendredi, avec Helena et Coralie Clément, dont les albums sont parmi les toutes premières ventes de disques français en Allemagne. La recordwoman étant Carla Bruni avec son album Quelqu'un m'a dit. Samedi, soirée world -avec Nomad Sound System et Rachid Taha - et électro - avec DJ Thomas Bohnet, Avril et Think Twice -. Dimanche, fin de festival en douceur avec un tour des musiques régionales : I Muvrini, Leila Negrau, Davy Sicard et Tatiana Ehrlich.