THE MARRIED MONK EN CONCERT

Actif depuis onze ans sur la scène indépendante française, le groupe qui se cache derrière le nom ironique de The Married Monk (le moine marié) s'est produit sur la scène du festival parisien Sous la plage, ce 19 septembre. Son quatrième album, The Belgian Kick en poche, le groupe proche de l'esprit de Yann Tiersen ou de Phoenix, et maintes fois loué pour ses talent d’écriture, a réchauffé l’été indien grâce à son énergie. Interview.

Les intellos de la pop ont de l’énergie à revendre

Actif depuis onze ans sur la scène indépendante française, le groupe qui se cache derrière le nom ironique de The Married Monk (le moine marié) s'est produit sur la scène du festival parisien Sous la plage, ce 19 septembre. Son quatrième album, The Belgian Kick en poche, le groupe proche de l'esprit de Yann Tiersen ou de Phoenix, et maintes fois loué pour ses talent d’écriture, a réchauffé l’été indien grâce à son énergie. Interview.

"Un passage en revue, avait prévenu Philippe Lebruman avant de monter sur scène, comme un Greatest hits, des extraits de trois de nos albums: c’est notre set du moment".The Married Monk a clôturé dimanche 19 septembre la dernière soirée du festival parisien Sous la plage. Une belle surprise pour le public, qui en a redemandé à la fin du tour de chant par des rappels soutenus, mais… non suivis d’effets. Christian Quermalet, chanteur et guitariste, Philippe Lebruman, bassiste, et Jean-Michel Pires s’étaient adjoint les talents d’Etienne Jaumet, qui a alterné pendant tout le concert entre son saxophone, le synthétiseur et le Theremin. Les sons électro-acoustiques de cet instrument étrange finement exécutés servaient de rappel à la couleur trip hop de certaines chansons du groupe, qui a laissé la sophistication et les textures de ses albums pour un son live franc et un jeu instrumental maîtrisé.

Très en forme, The Married Monk a su captiver le public. Tout d’abord en ouvrant le bal avec deux des titres les plus marquants du dernier album, Tell Me Gary et Love Commander, interprétés avec une séduisante détermination et une concentration que les quatre artistes ne quitteront pas jusqu’à la fin. Le groupe, qui a autrefois presque volé la vedette à Yann Tiersen lors d’une mythique Black session retransmise sur France Inter, a interprété onze morceaux avec une énergie de plus en plus palpable, qui a parfois laissé place à la mélancolie sur les titres les plus lents, flirtant avec la poésie électronique de Air. Très présent au milieu de la petite scène, Christian Quermalet a donné vie à ses textes, entre chant et déclamation, avec la morgue d’un Lou Reed, devenant l’adolescent rebelle qui s’exprime dans les chansons Night Prince et Greyhound. Le tout sonnait à la fin comme si les Rolling Stones avaient mangé du Gorillaz… Oui, mais en France, le pays de la gastronomie !

interview : "A Paris, le public nous suit depuis longtemps"

Alors que la nuit s’apprêtait à tomber sur le concert timidement applaudi du rappeur new-yorkais Mike Ladd, deux des trois Married Monk, Philippe Lebruman et Christian Quermalet, ont répondu à nos questions. Avant d’aller boire une bière.

Six mois après la sortie de l’album The Belgian Kick, comment est-il perçu ?
Philippe Lebruman :
On n’a pas fait les festivals ni de concerts d’été. On fait encore de la promo pour The Belgian Kick, et les critiques continuent de sortir. On essaie de donner un second souffle à cet album. Il y a encore des gens qui le découvrent et on a de bons retours.
Christian Quermalet : A Paris, le public nous suit depuis longtemps.

Comment situez-vous le groupe sur la scène musicale française ?
PL :
On vient d’une certaine scène de l’ouest de la France, avec notre premier album sorti sur Rosebud en 1993. Sur certains aspects, on est d’une école entre Nantes et Rennes, mais l’univers dans lequel le groupe évolue touche aussi bien la pure chanson française que l’électro. Nous sommes proches de certains autres artistes, plutôt sur des affinités humaines. On se sent proche de Dominique A, Katerine, Cosmo Vitelli. Ce sont des façons de voir qui nous rapprochent.
CQ : Un esprit commun nous lie avec des artistes comme Phoenix, Yann Tiersen, The Little Rabbits…

Est-ce un choix de ne pas chanter en français ?
CQ :
Cela ne s’explique pas vraiment. J’ai habité en Angleterre et je suis resté très lié à ce milieu, musicalement et par la langue. C’est une question de feeling, une sensation et surtout un plaisir. On l’assume complètement, sinon on ne l’aurait jamais fait.

Il y a une esthétique très forte sur vos pochettes d’album. Quelle importance accordez-vous à l’image ?
CQ : C’est important pour tous les groupes. On a été sensibilisé aux images, ça vient de nos études d’art, il y longtemps!
PL : Dans notre travail, c’est aussi important que les arrangements ou les textes. On aime bien s’occuper de tout, on essaie de ne pas déléguer cet aspect.

Quels sont vos projets ?
PL : Continuer à faire la promo de l’album là où est bien reçu. Et faire des concerts. On n’a pas la force de frappe d’une major derrière nous, surtout à l’étranger. Alors on va dans les pays qui accueillent bien le disque: en Allemagne, en Espagne, aux Etats-Unis.

Cela vous manque-t-il de ne pas être soutenu par une major ?
PL : Sur certains aspects, c’est plus dur.
CQ : Pour la promo à l’international, par exemple, cela demande plus d’implication de notre part, même si on n’est pas mal exposé sur un label indépendant comme Ici d’Ailleurs. Pour l’export, on fait appel à d’autres structures, qui fonctionnent bien.
PL : Et souvent, elles soutiennent les artistes de façon plus passionnelle que les grosses majors !

The Married Monk The Belgian Kick (Ici d’Ailleurs) 2004

Propos recueillis par Hubert Kerjean