Sex in Dallas

Un trio parisien exilé un temps à Berlin et Sex in Dallas voit le jour. Groupe d'électro-pop autour duquel le buzz a bien fonctionné, très remarqué par la critique internationale, auteur d'un premier album intitulé Around the war, le groupe n'a malheureusement pas résisté à ce premier essai. Revue de détail d'une aventure éphémère.

Une aventure éphémère

Un trio parisien exilé un temps à Berlin et Sex in Dallas voit le jour. Groupe d'électro-pop autour duquel le buzz a bien fonctionné, très remarqué par la critique internationale, auteur d'un premier album intitulé Around the war, le groupe n'a malheureusement pas résisté à ce premier essai. Revue de détail d'une aventure éphémère.

La nouvelle peut paraître incongrue mais Sex in Dallas n'existe plus. Le décollage d'un groupe d'électro français n'aura jamais été aussi rapproché de son atterrissage. Deux maxis, Everybody deserves to be fucked et Berlin rocks, un album, Around the war (ci-contre) paru il y a quelques mois sur le label berlinois Kitty-Yo et le trio parisien installé un temps à Berlin décide d'en rester là, dommage. Enfin, l'aventure n'est pas complètement terminée, puisque si Adrien, le chanteur, semble avoir fait sécession à cause d'une pression médiatique grandissante - en fait elle n'était que toute relative - Mohini, la chanteuse et Jean-Marc, le compositeur des bases musicales du premier album sont déjà en pleine période de composition sur un tout nouveau projet de pop électronique.

L'aventure de Sex in Dallas n'aura donc duré guère plus d'un an. Attention donc aux contrefaçons qui se produisent dans des boîtes de nuit de l'ancien Berlin-Est. Sex in Dallas est apparu sur scène, au Café Moscau, sans Mohini ni Jean-Marc mais avec Adrien, un autre artiste parisien nommé David et Mia, la chanteuse du duo berlinois Electrocute. Au départ, Sex in Dallas ne devait être qu'une plaisanterie, "cette histoire est partie d'un délire lors d'une soirée un peu arrosée dans un bar du boulevard Sébastopol à Paris" explique Jean-Marc. "Je cherchais à séduire Mohini, je lui ai proposé de monter un groupe. On s'est donc retrouvé naturellement à bricoler quelques bases musicales ensemble." Plus tard, Adrien, tchatcheur hors-pair prend en charge le service après-vente d'un répertoire qui n'a pas encore pris forme. Il parle de Sex in Dallas au chroniqueur noctambule de Libération, Eric Dahan, qui demande à écouter la démo. "Là, on n'a pas eu trop le temps de réfléchir. On s'est donc enfermé dans la chambre d'Adrien et en une dizaine de jours, la maquette était faite" rappelle Jean-Marc. La suite, on la connaît. Un phénomène de curiosité, certains diront de hype, naît de cette fameuse maquette, facilitée par les sorties régulières dans les clubs de la capitale de Sex in Dallas, "en fait, on passait notre temps à jouer de la musique, et le soir on enchaînait avec des sorties en boîte."

Second acte. Adrien entraîne Mohini et Jean-Marc dans un tour d'Europe, des vacances "studieuses" pour vivre des nuits différentes. Si les sorties londoniennes s'avèrent chères et peu réjouissantes, en revanche les clubs de Berlin enthousiasment les trois musiciens, au point qu'ils y passent un été entier chez une amie. "Les Berlinois sont plus drôles que les Parisiens, la vie y est beaucoup moins chère. On a beaucoup aimé la ville" raconte Mohini. Les rencontres sur place vont jouer un rôle important. Une amie du groupe fait passer la démo de Sex in Dallas à Rec, le patron de Kitty-Yo. Il décide sans trop hésiter de les signer. "Seuls, Berlin rocks et Everybody deserves to be fucked ont changé dans la version finale de l'album, sinon les morceaux de la démo ont tous été transposés sur le disque" commente Jean-Marc. A la sortie de l'album, la critique est dithyrambique. Des émissions du DJ star John Peel sur BBC Radio 1 aux pages des magazines spécialisés dans l'électronique, tous s'extasient sur Everybody deserves to be fucked.

Les amateurs saluent l'efficace électro-pop du groupe, les textes amusants, sortes d'instantanés nocturnes, de dialogues de sourds entre filles et garçons au coin d'un bar. Le mélange de guitares rocks avec les machines sur le single Everybody deserves to be fucked rappelle que Sex in Dallas apprécie autant l'électro que la pop, le rock, le punk et… la disco italienne. "J'aime beaucoup écouter la radio, je m'attache essentiellement aux mélodies. Quand j'aime un disque, je peux l'écouter en boucle sans arrêt" avoue Mohini. "J'aime des groupes comme Kraftwerk, je peux bloquer littéralement sur un de leurs disques au point d' en faire une véritable boulimie" continue la chanteuse, qui dorénavant travaille non seulement à l'écriture des textes mais aussi à la composition des mélodies. "Je souhaite vraiment qu'à présent Mohini soit sur le devant de la scène. Je pense qu'elle a vraiment toutes les qualités pour ça..." argumente Jean-Marc. Un tantinet gênée par l'hommage qui lui est fait, Mohini s'excuse presque de ne pas savoir réellement chanter. "Nos deux ou trois prestations parisiennes n'étaient pas réussies. Ma voix ne portant pas spécialement loin, on ne m'entendait pas bien chanter au Rex et au Pulp. Mais comme nous étions soutenus par nos amis, j'y ai pris du plaisir" précise-t-elle. Plaisir pas partagé par tout le public, tant il semble indiscutable que les Sex in Dallas avaient techniquement plus de points communs avec les Sex Pistols qu'avec les Chemical Brothers ces soirs où il était approximativement question de live. Dorénavant, il n'y aura plus de concerts des Sex in Dallas. Ni à Paris ou à Berlin. Pas plus de disques pour Kitty-Yo. Le label est prévenu. Around the war n'en reste pas moins un album indispensable avant de partir clubber la nuit à Paris ou Berlin. Un disque important dans l'histoire de l'électro française et un trait d'union (trop court) entre la scène électro-rock française et berlinoise.

Sex in Dallas Around the war (Kitty-Yo) 2004