VU D’AILLEURS Novembre 2004

Les artistes étiquetés "musiques du monde" se retrouvent rarement dans les rubriques people. Octobre aura échappé à la règle, des coups de gueule de Manu Chao en passant par le Prix Unesco de Youssou N’Dour et le procès Wemba.

De la world dans le people

Les artistes étiquetés "musiques du monde" se retrouvent rarement dans les rubriques people. Octobre aura échappé à la règle, des coups de gueule de Manu Chao en passant par le Prix Unesco de Youssou N’Dour et le procès Wemba.

Manu Chao n’a pas la langue dans sa poche. Sans doute touché par le piratage sur le web au même titre que d’autres grosses pointures du moment, il prend l’industrie à contre-pied dans une interview au vitriol accordée à l’AFP, et reprise dans un article du supplément Internet du quotidien belge Le Soir (29/10). "Les grosses maisons de disques sont en train de mourir, il n’y a plus de place pour elles. C’est comme la fin des dinosaures: il y a un changement de climat". Pour l’ancien leader de la Mano Negra, le téléchargement gratuit est"inévitable"."C‘est le capitalisme qui a inventé ça: on choisit le moins cher! Les multinationales sont en train de mourir de leur propre loi". Particulièrement tranchée, cette prise de position n’est pas une surprise: l’an dernier, Chao disait ciao à Virgin, décidant de ne pas renouveler le contrat qui le liait à la maison de disques depuis 1989, et créait sa propre structure de production et d’édition. Comme un nouveau pied de nez à l’industrie, son dernier CD, Sibérie m’était conté, sorti le 1er novembre, n’est pas en vente chez les disquaires mais chez les marchands de journaux. Projet original, Sibérie m’était conté est "un livre-disque conçu et exécuté à quatre mains par (le dessinateur polonais - ndlr) Jacek Wozniak et Manu Chao: 132 pages illustrées et 23 nouvelles chansons", explique La Voz de Galicia (25/10). "La collaboration s’est forgée pendant un dîner à Vilalba dans lequel se sont connus les deux artistes". Sans label mais pas sans activités, Manu Chao va à présent travailler avec Amadou et Mariam, "le couple de chanteurs aveugles de Bamako, adulé au Mali et qui a séduit le public français". Pour Dimanche à Bamako, leur prochain CD, ils "ont reçu le concours d’un artiste de choix, le Franco-espagnol Manu Chao", annonce Le Soleil (Sénégal, 29/10)."Le musicien globe-trotter a pris une part prépondérante à la confection du disque. Il en est le producteur, y chante, joue de la guitare et assure les programmations sonores sur la plupart des chansons".

Youssou N’Dour était récemment en Angleterre et n’a pas vraiment eu de temps pour le tourisme. Salué par le très sérieux Times (22/10), son concert à Londres "a offert une facette de l’art de N’Dour qui était moins familière, (...) tissant des mélodies traditionnelles autour des instruments à cordes arabes et des tambours du Fathy Salama Orchestra". Le spectacle illustrait Egypte, le plus récent album de Youssou N’Dour, dans lequel il plonge au plus profond de sa foi musulmane. Les autres rendez-vous du Sénégalais étaient purement honorifiques. L’artiste "a reçu le Prix de la Musique Unesco" (Frankfurter Rundschau, Allemagne, 28/10). "L’organisation culturelle des Nations Unies a apprécié son engagement social à travers une fondation encourageant des projets sociaux".Doté de 25000 euros, le prix Unesco de la musique est l'une des plus hautes distinctions dans le domaine musical. Au panthéon des lauréats figurent le compositeur Leonard Bernstein, le chef d'orchestre et violoniste Yehudi Menuhin, ainsi que le musicien de jazz Oscar Peterson. Quelques jours plus tard, Youssou N’Dour retrouvait Peter Gabriel, honoré à son tour d’un Music Industry Trust’ Award par l’industrie du disque britannique. "Cette distinction honorifique est donnée chaque année à un artiste ayant apporté une contribution exceptionnelle à l’industrie musicale britannique" (Hindustan Times, Inde, 2/11). "Les stars ayant rendu hommage à Gabriel comprenaient Bono de U2, Michael Stipe de R.E.M. et le réalisateur Martin Scorsese. Le chanteur sénégalais Youssou N’Dour, l’un des plus anciens collaborateurs de Gabriel, a joué au cours de la cérémonie".

En octobre, les grands noms de la world ont ainsi occupé les pages people, parfois à leurs dépends. C’est le cas de Papa Wemba, dont le procès, avec huit autres prévenus, s’est ouvert à Bobigny, près de Paris, et intéresse tant la presse européenne qu’africaine. "Le roi de la Rumba rock" est poursuivi pour aide au séjour irrégulier d’étrangers sous couvert de ses activités musicales. "Wemba, 55 ans, a démenti les charges de trafic d’êtres humains mais a reconnu avoir aidé, pour "raisons humanitaires", sept personnes à entrer en France en les faisant passer pour des musiciens ou des techniciens", relate Cape Times (Afrique du Sud, 26/10). "La star congolaise fait face à des accusations similaires en Belgique, où il vit actuellement. S’il est reconnu coupable en France, il risque jusqu’à dix ans de prison et 750000 euros d’amende". Par bonheur, l’actualité est parfois plus heureuse, et l’on se remet à parler musique.

Le magazine anglais Female First (24/10) croit savoir qu’un duo étonnant est en gestation: "Madonna prépare un duo avec Cesaria Evora"! "Les fans de la star cap-verdienne âgée de 63 ans, ont été surpris de voir la material girl dans le public du concert qu’Evora a récemment donné à Londres". Selon une personne de l’entourage de Madonna, la chanteuse rangée des provocations, qui ne jure plus que par la Kabbale, "est une grande admiratrice de Cesaria. Autant que je sache, rien n’a été signé pour l’instant, mais je pense qu’elles pourraient bientôt chanter ensemble". Le porte-parole de Cesaria Evora chez BMG ne dit pas le contraire. Affaire à suivre…