Planète ONJ

La Fête de l’eau est la deuxième livraison de l’Orchestre National de Jazz dirigé par Claude Barthélemy. Aux sons des musiques du monde, le guitariste a réuni la crème des jeunes musiciens français pour un album-reflet du cosmopolitisme musical de sa capitale. Rencontre.

La Fête de l'eau

La Fête de l’eau est la deuxième livraison de l’Orchestre National de Jazz dirigé par Claude Barthélemy. Aux sons des musiques du monde, le guitariste a réuni la crème des jeunes musiciens français pour un album-reflet du cosmopolitisme musical de sa capitale. Rencontre.

C’est la deuxième fois depuis sa création en 1986 que le guitariste Claude Barthélemy prend la tête de l’Orchestre National de Jazz. Grâce à une formation dont la moyenne d’âge n’excède pas trente ans, ce qui est jeune dans le milieu du jazz, l’ancien guitariste électrique aux débuts remarqués (Transmusicales de Rennes 1978) se réjouit de l’excellent niveau de ces jeunes jazzmen, frais émoulus des conservatoires et autres écoles dont la France peut se vanter depuis les années 80. C’est pourquoi l’Orchestre ressemble plus à un groupe de solistes qu’à un big band traditionnel, composé d'un batteur, d’un percussionniste, de deux bassistes, deux guitaristes, trois trombones, deux trompettes (cornet et bugle) et deux saxophones. Sans oublier que le vibraphoniste joue aussi des éléments de gamelan javanais, et que toutes sortes d'instruments apportent leur couleur. Les marimbas mexicaines, l'accordéon et puis le oud, que l’on entend parfaitement, technologie oblige.

Fan absolu de Jimmy Hendrix, le facétieux quinqua est lui-même joueur de oud et de bouzouki. Avec son projet ONJ planète, Claude Barthélemy entend proposer une musique à l’image de sa ville, Paris, haute en couleur. Aujourd'hui, avec la sortie de La Fête de l'eau, le dernier opus de l'ONJ, en référence à cette fête incontournable en Asie du Sud-Est qui dure trois jours, où l'eau est l'élément essentiel qui génère effets et colorations mélangées dans une généreuse aspersion talquée, le guitariste propose une invitation au voyage.

RFI Musique : l'ONJ crée la surprise avec le morceau Oud-Oud ou encore Hati-Hati, quel projet musical défendez-vous au sein de cette formation ?
Claude Barthélemy :
La première chose, c’est que j'habite Paris. Ici, les ex-pays de la colonisation ont leurs brillants représentants. Cela me rappelle les premiers jazzmen qui se sont retrouvés dans des grandes villes comme Chicago ou New York. Des immigrés hongrois principalement, des gens qui arrivaient d’Europe de l’Est. Ils se mélangeaient avec des noirs qui venaient d’Afrique ou simplement du Sud des Etats-Unis. Ensemble, ils ont inventé une forme de musique qui était tout simplement impure et hybride. Mais les instruments sur lesquels ils jouaient étaient d’origine complètement européenne. Le saxophone, c’est européen, le piano c’est européen, la contrebasse c’est européen.

Et la percussion ?
La percussion est chinoise ... mais justement, le génie des premiers jazzmen noirs, c’est d’avoir disposer la batterie de cette façon très particulière qui se retrouve aujourd’hui dans tous les styles. Que ce soit en jazz ou dans le rock.

C’est d’abord l’idée du cosmopolitisme qui vous inspire ?
Finalement avec l'ONJ, j’essaie simplement de faire à Paris, ce qui s’est passé à New York au début du siècle, c’est-à-dire un véritable melting-pot, parce que Paris, c’est vraiment une ville très cosmopolite maintenant.

Dans l’ONJ, cosmopolitisme ne rime pas avec mixité, il n’y a que des garçons !
Attendez que je vienne re-diriger l’Orchestre National de Jazz dans quinze ans et je pourrai vous montrer un orchestre de filles, parce que dans la génération des trente ans, il faut dire que toutes les femmes qui jouent le jazz sont brillantissimes. Le milieu est tellement macho de toute façon ! Les quelques femmes qui travaillent dans cette musique-là en général sont vraiment des grandes musiciennes. Maintenant, elles sont peu nombreuses donc on les voit.
Mais quand vous allez dans les conservatoires, dans les classes de jazz actuellement et que vous regardez la génération des jeunes gens qui ont entre 16 et 25 ans, il y a autant de filles que de garçons. Bientôt, ça ressemblera à une société normale et plus à une équipe de foot, parce que j’en ai un peu marre de ça ! (rires)

ONJ Claude Barthélemy La Fête de l’eau (Harmundia Mundi) 2004

Concerts:
19 Novembre: Festival jazz au fil de l’oise/Jouy-le-Moutier
25 Novembre: Reims Jazz Festival/Reims
29 Novembre: Festival Jazz XL/Paris